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L’importance des vieux arbres et du bois mort en forêt

La biodiversité forestière est composée d’une kyrielle d’écosystèmes différents, bien que l’Homme ait, depuis la nuit des temps, aménagé les forêts selon ses besoins. Le couvert forestier ne cesse d’augmenter ces dernières années, mais qu’en est-il de la naturalité de ces nouvelles forêts ? 

Nous le savons, les monocultures forestières ne cessent de fragiliser nos forêts, une diversité spécifique est nécessaire pour leur équilibre, de même que la conservation des vieux arbres et du bois mort. C’est sur ce dernier point que nous allons centrer notre article ainsi que celui qui suivra le mois prochain.

En effet, comme nous allons le voir, la présence des vieux arbres et du bois mort est fondamentale pour l’équilibre de nos forêts : entre 20 et 40% de la biodiversité forestière dépend à un moment de sa vie des vieux arbres et du bois mort. Ces derniers fournissent un support de vie, grâce à leurs cavités, pour de nombreux oiseaux, mammifères et insectes. La décomposition du bois est également une source de nourriture pour les champignons et autres insectes mangeurs de bois. Pourtant, en France, le bois mort est absent de près de 75% des forêts exploitées, il est 20 à 40 fois plus abondant dans les forêts naturelles.

Nous verrons également, dans le prochain article, les actions possibles pour créer un capital de bois mort en forêt et une trame de vieux bois avec l’implantation d’îlots de vieillissement, de sénescence et autres “arbres habitats”.

© Tronc de chêne en décomposition – Yoann Avril

Le vieux bois comme support de vie 

Depuis des décennies le vieux bois n’a plus sa place en forêt. Il fait désordre au sein des sylvicultures ordonnées et exploitées au maximum de leurs capacités. Les arbres sont généralement abattus autour de 100 ans, cependant les hêtres atteignent leur maturité biologique aux alentours de 250 ans et les chênes à plus de 400 ans. Les arbres n’arrivent donc pas à un stade de vieillissement, ils sont abattus dès qu’ils peuvent servir à la construction, ou encore au chauffage, alors qu’ils sont indispensables pour la santé des forêts. Sans eux, ces dernières sont appauvries et deviennent vulnérables aux aléas climatiques et perdent beaucoup en termes de biodiversité. De plus, la décomposition du bois enrichit le sol forestier en éléments minéraux.

En effet, les arbres sont de plus en plus hospitaliers en vieillissant, ils offrent le gîte et le couvert à de nombreuses espèces grâce aux aspérités qui se sont créées tout au long de la vie de l’arbre. Les espèces qui dépendent du bois mort ou des vieux arbres sont dites saproxyliques. En Europe, ces espèces représentent le quart de la biodiversité des forêts naturelles feuillues.

Il existe plusieurs catégories d’arbres qualifiés de “vieux” : les arbres à cavités dues à la décomposition du bois et aux forages des pics, les arbres vivants avec des parties mortes, et les arbres morts sur pied.

Ces “arbres habitats” sont appréciés des oiseaux cavicoles : 41% des 68 espèces d’oiseaux uniquement forestiers dépendent étroitement des cavités présentes sur les vieux arbres ou sur les arbres morts pour se reproduire.

© Pic noir (Dryocopus martius) – Alain Roux

Les espèces cavicoles primaires aménagent leurs cavités elles-mêmes dans l’arbre alors que les cavicoles secondaires ont besoin de cavités qui existent déjà. Les espèces dites primaires, essentiellement des pics, y nidifient et s’y nourrissent (en hiver 97% de leur nourriture est composée d’insectes du bois mort). Le pic noir creuse de larges loges dans des hêtres âgés de plus 100 ans qui serviront en grande partie aux cavicoles secondaires. Ces derniers peuvent être d’autres oiseaux (mésanges, gobe-mouches, rouges-queues à front blanc, chouettes…) mais également des mammifères : 33 espèces, sur les 91 qui peuplent les forêts, sont dépendantes des dendro-microhabitats des arbres (ce sont les différents petits habitats qui existent sur les arbres : les cavités, les excroissances, les blessures du bois…). Ces mammifères : lérot, écureuil, genette, martre, fouine ou encore chauve-souris, déclinent si le nombre d’abris présents n’est pas suffisant. Les chauves-souris sont les mammifères les plus inféodés aux arbres morts, et particulièrement de nombreuses espèces de noctules (de Leisler ou commune).

Ces vieux arbres sont aussi des refuges pour des insectes comme les fourmis, abeilles, frelons, ou guêpes.

© Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus) – Jean-Philippe Delobelle 

La décomposition du bois, tout un écosystème ! 

Les champignons sont parmi les premiers à s’attaquer au bois mort. Ce sont des organismes xylophages : ils ont la faculté d’assimiler et de digérer la cellulose et la lignine dont est composé le bois. Les spores de champignons xylophages s’installent dans les fentes du bois et germent en créant un réseau de mycélium (appareil végétatif des champignons) qui fragmente les cellules de lignine et de cellulose ; le bois devient alors spongieux et mou ou se retrouve en fine sciure.

Il existe trois sortes de champignons décomposeurs de bois mort : la pourriture cubique, celle fibreuse et celle alvéolaire.

La pourriture cubique dite rouge décompose uniquement la cellulose, ne laissant que la lignine donnant un couleur brun-rouge aux champignons à l’instar du polypore soufré.

Celle fibreuse ou blanche, la plus répandue, mais aussi la plus aboutie, dégrade la lignine et la cellulose, donnant des tâches et une teinte très pâle au bois. Il s’agit de l’amadouvier, ou encore des pleurotes par exemple.

La pourriture alvéolaire ou tabulaire a besoin d’un microclimat humide pour décomposer la cellulose et la lignine du bois, elle est donc étroitement liée aux mousses, fougères et lichens qui peuplent les vieux arbres et le bois mort pour obtenir l’humidité nécessaire à son action de décomposition (polypore du pin par exemple).

Certains insectes ne se nourrissent pas de bois mais de ces champignons xylophages ou bien s’attaquent à d’autres insectes ou à des parasites, contribuant ainsi à la bonne santé des forêts.

© Polypores soufrés (Laetiporus sulphureus) – Bernard Dubreil

Vient le tour maintenant des insectes mangeurs de bois qui sont également des organismes xylophages. Pour commencer, plus de 2000 espèces de coléoptères sont dépendantes du bois mort. Plus il y en a, plus l’écosystème forestier est en bonne santé. Ce sont eux, à 95%, qui poursuivent la désintégration du bois ; les autres 5% sont composés de fourmis, de collemboles ou de cloportes.

Ces coléoptères dévorent le liber, ce tissu végétal, bien plus nourrissant que le bois, situé entre l’écorce et le bois, qui contient la sève de l’arbre. Ils s’en servent comme alimentation au stade larvaire. Citons par exemple les longicornes comme les rhagies qui pondent dans l’arbre, mangent le liber et s’enroulent dans des morceaux de lignine pour nymphoser.

Les larves de longicornes sont fondamentales dans la décomposition du bois car elles digèrent la cellulose (en la transformant en amidon et en sucres) ; ainsi leurs excréments sont composés uniquement de sciure de bois. 

© Rhagie inquisitrice (Rhagium inquisitor) nouvellement éclose sur tronc de pin – Steem Lund

Les charançons comme les scolytes creusent leurs galeries sous l’écorce. Ce sont ces fameux scolytes qui détruisent des pans entiers de forêts du nord-est de la France depuis 2018 : le réchauffement climatique augmentant le stress hydrique des arbres, cela permet à ces coléoptères de pulluler. Cependant, ils sont inoffensifs pour des arbres sains.

D’autres insectes profitent de l’espace maintenant libéré par le liber entre l’écorce et le bois et viennent y chercher refuge : les limaces, fourmis ou punaises.

Grâce aux galeries creusées par les larves de la multitude de coléoptères dévorant le bois mort, l’eau s’infiltre mieux dans le bois et permet le développement de nouveaux champignons. 

La microfaune du sol (mille-pattes, cloportes, vers…) et les bactéries ne vont laisser de l’arbre que du terreau. Ce terreau est rempli de minéraux nécessaires à l’équilibre des sols forestiers. Ainsi, l’arbre retourne, sous forme d’humus, nourrir les futures générations de ses congénères.

Après avoir vu l’importance des vieux arbres et du bois mort pour la biodiversité forestière, nous aborderons le mois prochain les actions mises en place pour favoriser la naturalité des milieux boisés en laissant de nouveau le bois à la forêt. 

Sources :

Livre : La vie de la forêt – Bernard Fischesser

Biodiversité et bâti : arbres morts et cavités

CPIE 60 : plaquette bois mort

CRPF Pays de la Loire : fiches le bois mort  

Le renouveau des arbres au printemps

Dès le mois d’avril, la forêt reprend ses allures verdoyantes caractéristiques de la belle saison. Les arbres feuillus sortent de leur dormance et déploient leurs feuilles : c’est l’éveil de la forêt. Au cours de vos balades, vous avez sûrement déjà remarqué comme les arbres, qui avaient l’air de s’être endormis depuis l’automne précédent, s’éveillent et s’épanouissent dès l’arrivée de la douceur printanière.

De nombreux phénomènes se produisent pour les arbres, dès le début des beaux jours : les bourgeons pointent le bout de leur nez, la germination des graines tombées des arbres l’année précédente se met en route, et les fleurs se préparent à s’ouvrir au monde. Dès la fin de l’hiver, les arbres sortent de leur état de “dormance” (voir notre article sur l’activité des arbres en hiver) grâce à des températures plus clémentes et une luminosité plus intense. L’arbre a néanmoins besoin du froid durant sa période de dormance pour que ses bourgeons puissent éclore au printemps, le débourrement ne se produira pas si l’hiver a été trop doux.

© Forêt riveraine au printemps – Breuer Wildlife

La montée de sève

Le débourrement des bourgeons est un phénomène de ramification de l’arbre. Ce dernier produit de nouvelles pousses qui prolongent les branches de l’arbre et activent la naissance des nouvelles feuilles. Ce processus est provoqué par l’afflux de sève brute. Cette sève provenant des racines est composée en grande partie d’eau et de sels minéraux. Pour faire remonter cette sève jusqu’à leurs bourgeons, les végétaux utilisent le xylème. Ce tissu, correspondant aux vaisseaux du bois, transporte verticalement la sève brute des racines jusqu’aux branches de l’arbre. Grâce à une forte différence de pression entre le sol extérieur et ce tissu xylémique, le phénomène de pression racinaire “propulse” la sève dans l’arbre par capillarité.

© Débourrement d’un bourgeon de chêne – Philippe Giraud

Pour débourrer les dernières feuilles, l’arbre utilise l’évapotranspiration. Il s’agit d’une sorte de système de pompe hydraulique qui aspire la sève vers le haut de l’arbre grâce à la dépression causée par l’évaporation de l’eau au niveau des feuilles de l’arbre. Grâce à ce phénomène, les grands arbres peuvent acheminer l’eau à plus d’une centaine de mètres.

Si vous souhaitez en savoir plus sur le débourrement des bourgeons au printemps, nous vous invitons à consulter notre article sur ce sujet.

La reproduction des arbres

La reproduction des arbres se distingue en deux catégories : celle des arbres produisant des graines (et donc des fleurs) et celle des arbres dont l’ovule est à nu, porté par des cônes (principalement des conifères). Concernant les arbres à fleurs, le pistil se transforme en fruit qui contient les graines. Pour que le fruit puisse se former, le pistil doit être fécondé par des grains de pollen. Ces derniers peuvent être transportés d’une fleur à l’autre par le vent ou par des pollinisateurs notamment. Ces modalités de pollinisation sont variables selon les espèces. C’est généralement vers la fin de l’été que les graines sont libérées et dispersées. Elles passent la saison hivernale sous cette forme et résistent au froid et à l’humidité grâce à leur forte déshydratation qui leur permettent de vivre au ralenti.

Voilà un exemple de reproduction pour deux espèces communes de nos forêts françaises : les hêtres et les chênes. Ce sont les chatons (fleurs des mâles) qui renferment le pollen. Les fleurs femelles ressemblent à de très petits glands pour les chênes et se trouvent dans des sortes de bogues pour les hêtres. Une fois libéré, le pollen acheminé par le vent rejoint les fleurs femelles qui deviendront des glands ou des faines.

© Chaton de chêne pubescent – Philippe Giraud

Dès que les chatons ont accompli leur rôle et libéré leur pollen, ils tombent et alimentent l’humus au pied de l’arbre. Une fois que les glands et faînes sont mûrs, ils tombent également au sol et servent de garde-manger pour la petite faune. Le peu de survivants donneront de nouveaux spécimens.

La germination des graines

Les graines sont déjà disséminées en automne mais nécessitent une période de froid pour entamer leur germination au printemps. La proportion des graines qui arrivent à germer est basse : 60 à 80% des glands d’un chêne n’atteindront pas le stade de la germination. Des conditions doivent être réunies pour que cette germination soit optimale et finisse par donner un nouvel arbre. La graine doit avoir suffisamment d’oxygène, de chaleur et d’humidité pour se développer. Avec l’arrivée du printemps et des températures de plus en plus favorables, la graine gonfle, une racine minuscule se développe et se fige dans le sol, une tigelle pousse vers le ciel et les premières feuilles apparaissent.

© Germination faine de hêtre – Denis Bringard

Le soleil conditionne le développement de la jeune pousse : elle vivait jusque-là sur ses réserves mais doit dorénavant se faire sa place pour capter les rayons du soleil nécessaires à son développement. Les arbres nécessiteront de nombreuses années de croissance avant de pouvoir à leur tour se reproduire. Il faudra 40 ans pour que le hêtre donne ses premières fleurs et cela ne se produira que tous les 5 à 10 ans.

Retrouvez les portraits du hêtre, du saule, du chêne et bien d’autres encore dans les missions d’apprentissage de l’Observatoire de la Biodiversité de la Forêt !

Sources

Futura-Sciences – Bourgeons au printemps

Ecotree Green – Les arbres au printemps

Au jardin – Comment la sève monte dans les plantes

Fondation Lamap – Biologie végétale : fonctions de reproduction

Office National des Forêts – Influence du printemps sur l’arbre

La Grande Vadrouille des amphibiens

On répartit généralement les amphibiens en deux groupes : les Urodèles, dont font partie les tritons et les salamandres, et les Anoures, comme les crapauds ou les grenouilles. Ils sont tous protégés sur l’ensemble du territoire français.

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Comme leur nom l’indique, les amphibiens mènent leur vie dans deux environnements, aquatique et terrestre. De la fin de l’automne à l’arrivée du printemps, l’animal reste enfoui dans le sol et réduit l’activité de son métabolisme au minimum. Il retourne dans le milieu aquatique pendant la partie plus active de sa vie, le restant de l’année, pendant laquelle il grandit ou se reproduit.
Les grenouilles, salamandres ou autres tritons qui ont vécu tout l’hiver en forêt, entament une migration à la fin de la saison. C’est le début d’un grand voyage vers les mares, plans d’eau ou bordures de rivières, où ils sont nés, pour se reproduire à leur tour. Ces lieux sont alors pris d’assaut par des centaines, voire des milliers d’individus. Cette période ne correspond qu’à une courte phase de leur cycle de vie, celle de leur période d’accouplement et de la ponte des oeufs : c’est la migration prénuptiale des amphibiens. Ces phénomènes sont décrits comme des migrations « explosives », à savoir qu’elles sont très limitées dans le temps, et massives.

Une fois les conditions réunies (un temps relativement doux, entre 5 et 10°C, de l’humidité et peu de vent), les amphibiens se mettent en route et parcourent des distances extrêmement variables entre les espèces et les points de reproduction. En moyenne, ils parcourent quelques centaines de mètres, parfois jusqu’à un kilomètre !

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On estime que c’est dans cette période là que les populations d’amphibiens disparaissent le plus : jusqu’à 20% pour les crapauds communs et 40% pour les grenouilles rousses, chaque année. C’est notamment le réseau routier qui s’avère le plus meurtrier pour ces animaux. Soyez donc vigilants ce mois-ci, et levez le pied à proximité des « routes à amphibiens ».
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Sur certains secteurs, des systèmes pérennes de protection ont été installés, comme les crapauducs ou les batrachoducs, petits tunnels sous la route.

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Par ailleurs, une protection temporaire peut être mise en place de manière ponctuelle, qui permet en plus d’effectuer un suivi des populations. On installe des filets accompagnés de seaux, des crapaudromes, qui préservent les animaux récoltés au matin pour leur faire traverser la voie.

Ces démarches sont généralement mises en place de manière locale, grâce aux acteurs de la collectivité ou des bénévoles.

La Société Herpétologique de France a mené un inventaire de ces pratiques, et a ainsi dénombré plus de 298 sites d’après des sources très diverses. Plus de 84% des installations sont temporaires : la majorité de ces actions sont la pose de filets et seaux à proximité des routes. D’autres actions quelquefois complémentaires ont été identifiées : fermeture temporaire de routes, ramassage nocturne d’amphibiens avec ou sans pose de filet, limitation de vitesse…

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Si ces programmes vous intéressent, vous pouvez participer aux appels en Ile-de-France. Pensez d’abord à bien vous couvrir et à avoir un bon matériel en cas de pluie et pour affronter le froid. Munissez-vous d’une lampe de poche,  d’un seau, de gants (que vous humidifierez) et d’un gilet jaune pour être vu.

Par ailleurs, depuis quelques années, l’Agence régionale pour la biodiversité en Île-de-France procède au recensement des sites d’écrasements grâce à sa plateforme participative de saisie en ligne.

Dans cette perspective, vous pouvez également mettre en place des moyens de protection au quotidien :

– Laisser un espace non tondu aux abords des mares, en préférant un fauchage manuel, moins destructeur.

– Ne pas utiliser de produits de traitement ni d’engrais, en particulier à proximité de la mare.

– Ne pas utiliser de produits pour traiter l’eau.

– Ne pas introduire de poissons dans la mare, ils dévorent les têtards.

– Mettre à disposition des cachettes à proximité de la mare où les amphibiens peuvent se réfugier: un tas de bois,  de pierres,  une grosse souche, des tas de feuilles.

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Toutes ces démarches de protection peuvent aider à faire la différence pour protéger ces amphibiens, par ailleurs menacés sur beaucoup d’autres fronts, quand ils sont essentiels à la bonne santé de nos écosystèmes. Ils jouent en effet un rôle très important dans l’équilibre de notre environnement : ils sont des prédateurs pour les petits invertébrés comme les limaces ou les cloportes, et sont eux-mêmes la proie de certains oiseaux ou poissons. Or, non seulement ces animaux s’exposent à des risques de mortalité élevée ponctuellement lors des migrations, mais s’ajoutent également tout au long de leur vie d’autres facteurs, à savoir la destruction des zones humides, l’introduction d’espèces exotiques (et avec elles, des maladies, comme la chrytridiomycose, qui a décimé 90 espèces d’amphibiens), la pollution, ou les systèmes d’exploitation intensifs à proximité.

 

En conclusion sur une note plus joyeuse, pour le plaisir des curieux, petit focus sur quelques espèces emblématiques :

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La Grenouille rousse, ou Rana temporaria, fait partie des Anoures (c’est-à-dire qu’elle n’a pas de queue), au sein des Ranidés comme la grenouille verte ou la grenouille agile. Leur capacité à bondir est emblématique, de vraies championnes olympiques !

Elle rejoint les zones humides à partir de la mi-février. Lors de l’accouplement (les plus pressés n’attendent pas d’avoir rejoint le point d’eau), le mâle s’agrippe au dos de la femelle en la saisissant par les aisselles. Les femelles, plus massives, contiennent des milliers d’oeufs dans leur ventre. Seulement 1% à 6% parviennent à devenir des grenouilles. Ils éclosent au bout d’un mois en têtards, puis se métamorphosent en trois à cinq mois. Elles atteignent leur âge adulte et peuvent se reproduire à trois ans.

Après avoir déposé les oeufs en amas, les parents entament le voyage retour à partir du mois de mars.

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L’Alyte ou Crapaud accoucheur appartient lui aussi aux Anoures. Il est reconnaissable à son petit chant aigu et régulier, très semblable à celui du Hibou petit-duc. Cette espèce discrète au demeurant se reproduit de mars à octobre, et les femelles peuvent mener jusqu’à trois pontes. Son nom vient du fait que le mâle aide la femelle à mettre bas, et enroule les œufs autour des chevilles, sur ses membres postérieurs, qu’il porte ensuite jusqu’à l’éclosion.

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La Salamandre tachetée, ou Salamandre salamandra, est un amphibien Urodèle, long d’une vingtaine de centimètres. On la reconnaît très bien grâce à ses taches jaune vif (si vous la repérez près de chez vous, n’hésitez pas à participer à l’inventaire de l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts !). L’accouplement se fait hors de l’eau, dès le printemps, mais c’est l’année suivante que la femelle dépose quelques dizaines de larves en eaux calmes. Comme pour les tritons, les petites salamandres ont des branchies lors de leur phase aquatique. Elles deviennent adultes entre trois et six mois selon les conditions climatiques, ou la température de l’eau.

 

Sources :

http://environnement.wallonie.be/publi/dnf/batraciens_routes.pdf

https://mesrayonsdesoleil.com/la-migration-printaniere-des-batraciens/

http://www.univers-nature.com/actualite/nature/la-migration-des-batraciens-reste-dangereuse-pour-ces-populations-54509.html

La migration des batraciens reste dangereuse pour ces populations

http://www.karch.ch/karch/migration_amphibiens

https://www.lpo.fr/actualites/la-migration-des-amphibiens-en-2019

http://www.refletsdeaudouce.fr/focus-migration-amphibiens/

http://lashf.org/amphibiens-et-routes/

 

À la découverte du Maillot cendré !

Lorsque vous tapez « Maillot cendré » sur votre moteur de recherche Lilo, ne vous attendez pas à tomber immédiatement sur pléthore d’articles scientifiques concernant ce petit gastéropode… En revanche, si vous souhaitez profiter des soldes de janvier pour vous acheter un maillot de bain, c’est possible ! Rassurez-vous, cet article ne concerne pas nos conseils mode pour la saison printemps / été 2020, mais bien notre petit escargot.

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Ce petit pulmoné fait partie de la famille Chondrinidae. Le Maillot cendré ou Solatopupa similis (Bruguière, 1792) possède une coquille de taille petite à moyenne, fusiforme, dextre, au sommet pointu. Il mesure 3,5 à 14 millimètres. Cette coquille cylindrique en forme de fuseau présente des spires finement striées obliquement, de couleur gris cendré, couleur typique des espèces de milieu calcaire. La coquille comporte 8 à 10 tours, parfois 12.
Remarquez les lamelles de l’ouverture de la coquille, visibles à l’extérieur de la coquille. Par ces caractéristiques, elle rappelle une larve d’insecte (ou pupe).

Les maillots doivent leur nom à l’aspect de la coquille, qui rappelle les langes d’un enfant emmailloté.

Chez la plupart des espèces, l’ouverture est garnie d’un ensemble complexe de dents et de plis. En effet, le maillot cendré dispose de quatre dents principales opposées deux à deux au niveau de l’orifice d’entrée de la coquille lui permettant de se protéger des scolopendres.

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Cette espèce abonde en région méditerranéenne. Certaines espèces camouflent leur coquille avec des dépôts de terre et sont alors difficiles à distinguer de leur support. Le Maillot cendré est réputé pour sa timidité et montre rarement ses tentacules. Il entre en activité par temps de pluie pour effectuer de brèves excursions, pour se nourrir d’algues et de lichens.

Il vit principalement sur les falaises ou les terrains présentant des affleurements rocheux. Hors milieu forestier, il n’est pas rare de le trouver sur les vieux murs de pierre exposés au soleil. Le Maillot cendré se rencontre sur les rochers calcaires et les pierres exposées au soleil dans les petites clairières. Souvent présents en grand nombre, ils se protègent du froid ou de la chaleur à l’abri de leur coquille ou en se réfugiant dans des anfractuosités d’arbres ou de souches. On le trouve parfois aussi sur des massifs de plantes (thym, sarriette).

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On le retrouve dans les régions suivantes : Rhône-Alpes, PACA et Languedoc-Roussillon. On peut l’observer d’août à novembre et son statut de conservation UICN (Europe) est celui de préoccupation mineure (LC).

Sources :

Escargots et limaces – espèces méconnues de Rhône-Alpes par Musée des Confluences, sous la direction de Michel Côté, 2012

Le Maillot cendré

Granier Jacky. Faune malacologique apportée par les crues du Rhône sur l’île de la Barthelasse, Avignon (Mars 1960). In: Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, 30ᵉ année, n°5, mai 1961. pp. 114-125.

Guide des escargots et limaces d’Europe, M.P Kerney, R.A.D Cameron, adaptation française A. Bertrand

Limaces et escargots, reconnaître facilement 27 mollusques terrestres de nos régions, Salamandre Miniguides

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Une nouvelle étude pointe la disparition des insectes

Voici une étude de plus mettant en évidence la disparition des insectes, qui serait même plus importante que ce que les scientifiques pensaient jusqu’à présent… Une équipe internationale de chercheur a effectué des relevés d’insectes à grande échelle en Allemagne et a étudié pour la première fois l’évolution des populations de 2700 espèces d’insectes. Et le résultat a de quoi alarmer : en 10 ans, un tiers des espèces d’insectes a disparu, la biomasse d’insectes a chuté de 40% dans les forêts et de plus de 60% dans les prairies !

L’étude pointe la nécessité de coordonner les actions de conservation à échelle régionale voire nationale pour tenter d’enrayer ce déclin.

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Le Carabe splendide, une des espèces à rechercher pour l’Observatoire des Forêts

L’acquisition de connaissances sur la répartition des espèces reste importante ; vous pouvez apporter votre pierre à l’édifice en participant à l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts par exemple ! En ce mois de novembre, il n’y a pas d’insectes à rechercher mais vous pouvez guetter l’Escargot de Bourgogne ou encore partir à la recherche de champignons ! Un article à ce sujet arrive d’ailleurs sous peu, alors restez connectés …

Retrouvez toutes les missions de novembre ici !

Escargot de Bourgogne sur de la mousse Corrèze France -  -  -
L’Escargot de Bougogne, une des espèces à chercher en novembre