La déforestation : une menace grandissante

Les forêts, ces écosystèmes riches et complexes, abritent une incroyable diversité de plantes, d’animaux, de champignons et de micro-organismes. Cependant, les forêts sont confrontées à de nombreuses menaces qui compromettent leur biodiversité et leur fonctionnement. Parmi ces menaces, la déforestation se positionne au premier plan, ayant des conséquences désastreuses sur l’environnement et les espèces qui en dépendent. 

À travers le monde, la déforestation a lieu à un rythme alarmant, ce qui contribue malheureusement à une perte effrayante de la biodiversité. Depuis 1990, près de 420 millions d’hectares de forêt ont disparu, transformés pour d’autres utilisations. Même si le taux de déforestation a connu un certain ralentissement au cours des trois dernières décennies, c’est un chiffre qui a de trop nombreuses répercussions. 

Les racines de la déforestation

La déforestation est principalement causée par des activités humaines, notamment l’exploitation forestière commerciale, l’expansion de l’agriculture, l’urbanisation croissante et le changement climatique. L’appât du gain économique combiné à la pression démographique et à la demande croissante en terres et ressources naturelles contribuent à une déforestation massive à travers le monde. 

Illustration : Violette Courtois – Noé

Expansion agricole et plantation de cultures commerciales

L’expansion de l’agriculture est une cause majeure de déforestation, en particulier dans les régions tropicales, représentant 50% de la déforestation mondiale d’après la FAO. Les forêts sont souvent défrichées pour faire place à des plantations de cultures commerciales à grande échelle, telles que le soja, l’huile de palme, le caoutchouc ou encore le cacao. Ces cultures sont généralement destinées à l’exportation et répondent à la demande croissante de produits alimentaires, de biocarburants et d’autres produits de consommation. En Europe, la déforestation pour l’expansion agricole représente 15% des terres cultivées et 20% du pâturage pour le bétail. 

Exploitation forestière commerciale non durable

L’exploitation non réglementée et illégale des ressources forestières est l’une des principales causes de déforestation dans de nombreuses régions du monde. Les arbres sont abattus pour leur bois précieux, tels que l’acajou, l’ébène ou le teck, qui sont utilisés dans l’industrie du meuble et de la construction. L’illégalité dans le secteur de l’exploitation forestière a lieu lorsque des produits forestiers sont récoltés, transportés, achetés ou vendus sans respecter les lois nationales ou internationales.

Cette activité est ainsi généralement menée sans plan de gestion durable, ce qui a de nombreuses conséquences, telles que la perte de biodiversité, la destruction d’habitats, des conflits avec les communautés locales, la violation des droits de l’homme, la corruption, des distorsions du marché, l’instabilité politique ainsi que l’aggravation de la pauvreté. Toutes ces conséquences conduisent à une destruction à long terme des forêts.

Développement urbain et infrastructures

Même s’il ne s’agit pas d’une déforestation systématique comme dans certains pays comme au Brésil ou en République Démocratique du Congo, l’expansion des zones urbaines et la construction d’infrastructures telles que les routes, les barrages et les mines entraînent la fragmentation des zones boisées en France. Les besoins croissants en logements, en industries et en énergie conduisent à la conversion des forêts en zones résidentielles et industrielles. Le développement urbain est la principale cause de déforestation en Europe. 

Changement climatique

Le rapport du GIEC décrit les conséquences de plus en plus graves du changement climatique sur les écosystèmes forestiers. Les événements climatiques extrêmes tels que les vagues de chaleur et les sécheresses, plus fréquentes, plus intenses et de plus longue durée, mais également la prolifération d’espèces exotiques envahissantes (EEE) ont un impact sur la santé et le fonctionnement des arbres ainsi que sur les écosystèmes forestiers dans leur ensemble. L’allongement de la saison des feux et les sécheresses croissantes, combinés à une vulnérabilité accrue aux EEE, contribuent à la fragilisation des forêts, augmentant ainsi les risques d’incendie. 

Il est important de noter que ces causes citées interagissent souvent et se renforcent mutuellement, aggravant ainsi l’ampleur de la déforestation. La lutte contre la déforestation nécessite donc des approches prenant en compte les aspects économiques, sociaux et environnementaux afin de promouvoir des solutions durables.

Quelles répercussions sur nos forêts ?

Illustration : Violette Courtois – Noé

La déforestation a des impacts directs et indirects sur l’écosystème des forêts. Tout d’abord, la déforestation touche directement de nombreuses espèces animales et végétales qui perdent leur habitat naturel. Des animaux emblématiques tels que les tigres et les orangs-outans voient leurs populations décimées à mesure que leurs habitats forestiers sont détruits, mais également les papillons et autres insectes vitaux pour l’environnement. La destruction de leur habitat peut entraîner leur déclin, voire leur extinction locale ou totale. On estime que 137 espèces d’animaux et de plantes perdent leur habitat chaque jour à travers le monde. Sachant que les forêts abritent une multitude d’espèces endémiques qui ne peuvent survivre ailleurs, leur disparition entraîne ainsi une perte irréparable de la biodiversité. 

Par ailleurs, la déforestation amène à la fragmentation des forêts en petites parcelles isolées. Cela affecte la connectivité écologique entre les habitats, rendant plus difficile le déplacement des espèces, leur dispersion et leur reproduction. Certaines espèces ont besoin de vastes territoires pour survivre et la fragmentation des forêts limite leur capacité à trouver de la nourriture, des partenaires de reproduction et des abris adéquats.

Sans oublier que les forêts fournissent une multitude de services écosystémiques essentiels, tels que la régulation du climat, le cycle de l’eau et la protection contre l’érosion des sols.

Lorsqu’elles sont défrichées, les émissions de carbone augmentent car la capacité d’absorption des forêts diminue, contribuant ainsi au réchauffement climatique et à ses conséquences néfastes. De plus, quand les arbres sont abattus, le carbone stocké est libéré dans l’atmosphère sous forme de gaz à effet de serre, exacerbant également le changement climatique. 

En ce qui concerne le cycle de l’eau, les forêts régulent les précipitations en retenant l’humidité dans le sol et en régulant les débits des cours d’eau. Lorsque les forêts sont défrichées, l’évapotranspiration diminue, entraînant une réduction des précipitations et des modifications des régimes hydrologiques, ce qui peut avoir des effets néfastes sur les écosystèmes aquatiques, l’agriculture et les populations humaines dépendantes de l’eau. 

Enfin, les arbres et la végétation forestière jouent un rôle essentiel dans la prévention de l’érosion des sols. Leurs racines maintiennent les sols en place, réduisant ainsi le risque d’érosion due aux précipitations et aux vents. Lorsque les forêts sont rasées, la couverture végétale protectrice est supprimée, rendant les sols vulnérables à l’érosion, ce qui peut entraîner la perte de fertilité des terres agricoles et la sédimentation des cours d’eau.

L’impact de la déforestation

Les forêts jouent un rôle crucial dans la purification de l’air, la régulation du cycle de l’eau, la captation du dioxyde de carbone, la préservation de la biodiversité et la prévention de l’érosion des sols.  La déforestation est une menace critique pour la biodiversité des forêts mais également pour l’équilibre des écosystèmes à l’échelle mondiale à cause de ses conséquences dévastatrices sur les services écosystémiques qu’elles fournissent. 

Il est crucial de comprendre que la biodiversité des forêts est directement liée à leur santé et à leur bon fonctionnement. À travers l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts, un programme national de sciences participatives ouvert à tous et en partenariat avec l’Inventaire National du Patrimoine Naturel, vous pouvez participer à recenser la présence de diverses espèces dans les forêts de France métropolitaine !

Ainsi vous aiderez à mieux connaître et protéger nos forêts. Pour en savoir plus, découvrez comment participer à l’observatoire.

Sources :

ARTE Reportage (2022) Madagascar : terre de feu. Consulté le 11 mai 2023, sur : https://www.youtube.com/watch?v=W0pClTmSxm0

FAO et PNUE (2020) La situation des forêts du monde 2020. Forêts, biodiversité et activité humaine. Rome. Consulté le 11 mai 2023, sur : https://www.fao.org/3/ca8642fr/CA8642FR.pdf

Mathot, L. (2017) Connaître, Comprendre et Protéger la Forêt – Initiation à l’Écologie Forestière. Centre National de la Propriété Forestière – Institut pour le Développement Forestier. 

Seymour, F. et Gibbs, D. (2019) Forests in the IPCC Special Report on Land Use: 7 things to Know. World Resources Institute. Consulté le 24 mai 2023, sur www.wri.org/blog/2019/0  

World Animal Foundation (2023) The Deadly Effects of Animal Deforestation and Why it’s a Major Cause of Concern.Consulté le 24 mai 2023, sur worldanimalfoundation.org

Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture – Combattre l’illégalité́ dans le secteur forestier dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du pacifique – Succès, défis et perspectives futures. Consulté le 19 septembre 2023, sur www.fao.org/forestry/