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Explorez la forêt avec les quêtes printanières !

Le printemps arrive à grands pas ! Printemps rime avec renouvellement, et pour l’occasion la quête sur le Sonneur à ventre jaune est réouverte jusqu’à septembre et avec elle, une nouvelle quête florale concernant deux espèces, qui débutera en mars et se terminera en juin : l’Anémone sylvie et la Parisette à quatre feuilles ! Durant vos prochaines balades en forêt, ouvrez l’œil pour les photographier et envoyer vos données.

LE SONNEUR À VENTRE JAUNE (Bombina variegata)

Sonneur à ventre jaune © E. SANSAULT – ANEPE Caudalis

Cet amphibien de 4 à 5 cm de longueur tire son nom de son ventre de couleur jaune à orange tacheté de noir. Son dos est de couleur brune terreuse et sa peau est parcourue de verrues réhaussées de petites épines noires. Il possède des pupilles de forme triangulaire ou en forme de cœur et un iris doré.

Il apprécie tout particulièrement les habitats humides et on peut le retrouver dans les ornières, les fossés, les vases, les flaques et en bordure de chemins. 

Le Sonneur à ventre jaune se trouve sur une bonne partie du territoire métropolitain mais il est absent en Corse, dans le Sud-Ouest, en Bretagne, en Île-de-France et dans le Nord.

Pour plus d’informations, consultez sa fiche espèce.

Cette quête restera ouverte jusqu’à fin septembre.

L’ANÉMONE SYLVIE (Anemone nemorosa)

Anémone sylvie © Olivier Escuder

Cette plante à fleurs mesure de 1 à 30 cm de hauteur et porte une seule fleur, de couleur blanche le plus souvent, qui présente entre 5 à 9 pétales de forme ovale. Prenez garde, aussi belle soit-elle c’est une plante toxique. Sa période de floraison s’étend de fin février à fin mai. 

Cette plante pousse dans les bois humides et peut former des tapis de fleurs qui peuvent être denses en sous-bois. Cette espèce est indicatrice des anciennes forêts.

Elle est présente sur l’ensemble du territoire métropolitain à l’exception du Sud-Est et du pourtour méditerranéen. 

Pour plus d’informations, consultez sa fiche espèce.

Cette quête restera ouverte jusqu’à fin mai.

LA PARISETTE À QUATRE FEUILLES  (Paris quadrifolia)

Parisette à quatre feuilles © Olivier Escuder

La Parisette à quatre feuilles, comme son nom l’indique, possède quatre feuilles positionnées tout autour de la tige en forme de cercle. La tige peut mesurer entre 20 à 40 cm de hauteur. La fleur, de couleur verte, se trouve au sommet de la tige. En son centre, on retrouve une baie de couleur noir bleuâtre. 

Tout comme l’Anémone sylvie, la Parisette à quatre feuilles est une plante toxique. Elle possède une période de floraison qui s’étend de fin février à fin mai et on la retrouve également dans les bois humides. 

La Parisette à quatre feuilles est présente sur une grande partie du territoire métropolitain. 

Pour plus d’informations, consultez sa fiche espèce.

Cette quête restera ouverte jusqu’à fin mai.

Les autres quêtes encore ouvertes

La quête sur les champignons lignicoles est également toujours ouverte ! Vous pouvez donc gardez un œil ouvert pour dénicher l’Amadouvier (Fomes fomentarius), la Langue de bœuf (Fistulina hepatica), le Polypore du bouleau (Piptoporus betulinus), le Polypore marginé (Fomitopsis pinicola), et le Polypore soufré (Laetiporus sulphureus) jusqu’à fin septembre !

Pour rappel, les observations sont recensées grâce à l’application smartphone INPN espèces, téléchargeable gratuitement sur Android et iOS dont voici le guide d’utilisation.

Nous vous souhaitons à tous et à toutes de très belles observations !

Le changement climatique : ennemi des forêts

Les forêts participent à la protection de la biodiversité, à la protection contre l’érosion des sols, ainsi qu’à la stabilisation du climat en régulant le cycle du carbone et celui de l’eau. Mais les forêts reposent également elles-mêmes sur le climat, paramètre majeur de leur fonctionnement. Comme leurs noms l’indiquent si bien, les forêts tempérées ont besoin d’un climat tempéré, les forêts méditerranéennes ont besoin d’un climat méditerranéen, et les forêts tropicales ont besoin d’un climat tropical. Des changements dans ces divers climats ont ainsi un effet direct sur ces écosystèmes.

À travers les siècles, les forêts ont toujours été confrontées à des pressions, mais de par leurs capacités naturelles d’adaptation, elles ont toujours su faire face. Malheureusement aujourd’hui, l’augmentation de la fréquence et de l’intensité de ces pressions à cause du changement climatique représentent un problème de taille pour l’adaptation des forêts (seuils de tolérance atteints, vitesse de l’évolution trop lente). La hausse des températures, la perturbation des précipitations, l’augmentation des incendies et les espèces exotiques envahissantes (EEE) mettent en péril l’équilibre des écosystèmes forestiers. Certaines de ces pressions ont une durée limitée, comme les incendies, tandis que d’autres se produisent sur de très longues durées, comme les EEE. 

Face au changement climatique, les capacités d’adaptation des forêts restent mal comprises, dépendant d’une part de la diversité des espèces et des ressources génétiques, et, d’autre part, de l’intensité et des fréquences des pressions, sans compter la région géographique. Aujourd’hui, les conséquences du changement climatique sur les forêts sont déjà observables et la santé des forêts se dégrade chaque jour à travers le monde. Dans cet article, nous explorerons les différentes pressions qu’exerce le changement climatique sur les forêts. 

Sécheresses et stress hydriques

Les arbres, habitués aux climats de leur forêt, se retrouvent aujourd’hui à perdre leur équilibre face à la hausse des températures. Les périodes de sécheresse s’intensifient et s’allongent, représentant un stress important pour les arbres et l’état sanitaire des forêts. 

En effet, le taux d’humidité dans l’atmosphère a un impact fort sur les forêts : lorsqu’il baisse, la transpiration des arbres s’élève, entraînant une demande en eau plus forte. Si le réservoir en eau du sol n’est plus rempli qu’à 40 % ou moins, les arbres souffrent d’un manque d’eau, pouvant provoquer un stress hydrique. Le stress hydrique se manifeste lorsqu’il y a un déséquilibre entre les ressources en eau disponibles et la quantité d’eau demandée, créant ainsi une situation critique. Des bulles d’air peuvent également se former dans les vaisseaux de l’arbre et empêcher la conduction de l’eau, générant une embolie, appelée cavitation. Certaines espèces y sont très sensibles, comme les saules, et souffrent donc fortement des stress hydriques. De plus, les stress hydriques empêchent les arbres de réaliser leur photosynthèse correctement, ayant pour conséquence une sous-production de carbone.

Le Calavon à sec, Luberon, Vaucluse, France © David Tatin / Biosphoto

Incendies

Les sécheresses et les stress hydriques causés par le changement climatique mettent également en péril les arbres et leurs forêts face aux incendies. Effectivement, leur vulnérabilité aux incendies augmente considérablement lors des périodes de sécheresse. La superficie des forêts susceptibles d’être incendiées grandit, prolongeant ainsi la durée des incendies et augmentant leur intensité. Malheureusement, quand les forêts brulent, de nombreuses émissions de CO2 sont relâchées dans l’atmosphère, contribuant à l’effet de serre et ainsi favorisant le réchauffement climatique. Ce phénomène, appelé la « boucle de rétroaction climatique », amplifie donc le changement climatique. 

Afin de contrer les feux de forêts, une technique qui a été originellement développée dans le sud de l’Europe consiste à pratiquer ce qui s’appelle le « brûlage dirigé ». Le décret du 29 avril 2002 (article R. 321-33 du code forestier), définit le brûlage dirigé par la « destruction par le feu des herbes, broussailles, litières, rémanents de coupe, branchage, bois morts, sujets d’essence forestière ou autres, lorsqu’ils présentent de façon durable un caractère dominé et dépérissant, dont le maintien est de nature à favoriser la propagation des incendies ». Il est important de noter que cette technique doit être conduite de façon « planifiée et contrôlée, par un chef de chantier qualifié, sur un périmètre prédéfini, avec obligation de mise en sécurité vis-à-vis des personnes et des biens, des peuplements forestiers et des terrains limitrophes et dans le souci de préserver la qualité de l’environnement, conformément aux dispositions d’un cahier des charges spécifique. » Cette approche réfléchie et contrôlée a montré son efficacité dans la réduction des risques d’incendie tout en préservant la biodiversité forestière, ce qui en fait un outil essentiel dans la lutte contre les feux de forêt. Cette technique est donc actuellement en train de se développer à travers toute l’Europe. 

Incendie de forêt Lozère, France, été 2003 © Michel Gunther / Biosphoto

Espèces exotiques envahissantes et changement climatique

Des animaux et des plantes venus du monde entier ont progressivement gagné du terrain à travers la France, majoritairement à cause du commerce international, au point de perturber la biodiversité locale. Ces animaux et plantes sont appelés « espèces exotiques envahissantes » (EEE). Le terme exotique est utilisé afin de souligner la caractéristique non-autochtone de ces espèces et envahissante pour leur capacité à proliférer en raison de l’absence de leurs prédateurs naturels. De par leur exotisme et leur capacité envahissante, les EEE représentent une menace pour la biodiversité car elles rentrent en compétition ou en prédation avec les espèces indigènes présentes sur le territoire. 

Malheureusement, les conséquences environnementales du changement climatique et des EEE sont liées et cumulatives, accentuant leurs effets sur la biodiversité. En effet, le changement climatique favorise la progression des EEE et leur permet de trouver de nouveaux territoires propices à leur installation. La modification des conditions biotiques et abiotiques causée par le changement climatique permet aux EEE de franchir des barrières qu’elles ne pouvaient pas avant. Plus les conditions du nouvel environnement où les EEE vont se rapprochent de celles de leur milieu d’origine, plus les EEE ont la capacité de survivre et de s’installer dans ce nouvel environnement. 

Actuellement, les EEE sont reconnues comme la troisième cause de l’érosion de la biodiversité mondiale. Selon les dernières estimations de la Liste rouge de l’UICN, elles représentent un danger pour environ 30% des espèces terrestres menacées et sont impliquées dans 50% des extinctions d’espèces que l’on connait. Les EEE représentent la première menace des forêts européennes, impactant jusqu’à 42% des essences d’arbres présentes en Europe.

Les invasions sont nombreuses en France métropolitaine : Ragondin, Ecrevisse de Louisiane, Grenouille taureau, Ambroisie, jussies, etc. Les départements et régions d’outre-mer et collectivités d’outre-mer sont particulièrement concernés, en raison de leurs taux d’endémisme élevés. À Tahiti par exemple, environ 45 espèces de plantes endémiques sont menacées d’extinction à cause d’une EEE : l’arbre Miconia. À la Réunion ou dans les îles du Pacifique, c’est le Rat noir qui représente une véritable menace pour plusieurs oiseaux endémiques. 

Capture d’un rat noir dans le reliquat de forêt sèche du Ouentoro, Nouméa © Thibaut Vergoz / Biosphoto

Les pressions, telles que la sécheresse ou le stress hydrique, qui s’exercent sur la biodiversité à cause du changement climatique peuvent également affaiblir la résilience des communautés endémiques et la résistance des écosystèmes, les rendant plus vulnérables aux invasions biologiques. L’écosystème forestier français connaît par exemple de nombreuses victimes : marronniers, ormes et sorbiers sont attaqués par des EEE. 

De nombreuses mesures sont mises en place afin de prévenir leur introduction sur le territoire, les contrôler et gérer celles qui sont déjà présentes ainsi que minimiser leurs impacts. Malheureusement, de nouvelles EEE peuvent apparaître et les populations existantes peuvent évoluer. Ainsi, une gestion à long terme est essentielle pour protéger nos écosystèmes.

Comment les forêts pourraient évoluer dans 30 ans ? 

Si le changement climatique continue sur cette voie, les forêts françaises pourraient fortement changer :

  • Le chêne vert, aujourd’hui présent majoritairement dans le bassin méditerranéen pourrait s’étendre en Aquitaine et dans l’Ouest, là où les climats seront plus doux
  • Le sapin et l’épicéa monteraient en altitude afin de trouver un climat qui leur conviendra
  • Le hêtre disparaîtrait de 2/3 de la surface forestière où il est présent aujourd’hui pour se replier dans les massifs et le Nord-Est de la France
  • Les forêts subalpines reculeraient fortement en Polynésie Française, et les forêts sèches ou semi-sèches augmenteraient
  • Les forêts humides à Mayotte pourraient disparaître
  • Les forêts de montagne aux Antilles pourraient disparaître tandis que les forêts sèches augmenteraient
  • Des forêts semi-arides (comme des savanes) pourraient apparaître en Amazonie à cause du stress hydrique

Pour conclure

Ces pressions engendrées par le changement climatique interagissent entre elles, augmentant l’impact sur les écosystèmes, dont les forêts. La biodiversité est en danger et les services écosystémiques sont compromis. Il est crucial de comprendre ce phénomène dans toute sa complexité pour élaborer des stratégies de conservation efficaces. La préservation des forêts ne se limite pas uniquement à la lutte contre les incendies ou la gestion des EEE, mais elle exige également une action coordonnée, à l’échelle mondiale, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique.

Il est impératif de promouvoir une gestion forestière durable et de favoriser l’adaptation des écosystèmes forestiers aux conditions changeantes, tout en réduisant nos émissions. En outre, il est essentiel d’éduquer et de sensibiliser le public sur les enjeux liés au changement climatique et à la préservation des forêts.

En fin de compte, la lutte contre le changement climatique et la protection des forêts sont étroitement liées, et leur réussite dépend de notre engagement collectif pour une planète plus durable. À travers l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts, un programme national de sciences participatives ouvert à tous et en partenariat avec l’Inventaire National du Patrimoine Naturel, vous pouvez participer à recenser la présence de diverses espèces dans les forêts de France métropolitaine ! Ainsi vous aiderez à mieux connaître et protéger nos forêts. Pour en savoir plus, découvrez comment participer à l’observatoire.

Sources : 

Arte Regards (2022) Sécheresse, la lente agonie de la forêt. Consulté le 16 mai 2023, sur : http://youtube.com/

Arte Regards (2023) Protéger la forêt, sauver le climat. Consulté le 16 mai 2023, sur : http://youtube.com/

France Nature Environnement – Les forêts françaises : atouts, défis et bonnes pratiques. Consulté le 11 octobre 2023, sur : fne.asso.fr/dossiers/

IUCN – Forests and climate change. Consulté le 12 octobre 2023, sur : www.iucn.org/resources/issues

Légifrance – Article R*321-33. Code forestier. Consulté le 24 octobre 2023, sur : http://www.legifrance.gouv.fr/codes/article

MNHN (2020) Espèce envahissante et changement climatique. Consulté le 19 octobre 2023, sur : www.mnhn.fr/fr/alerte-presse

Rivers, M.C., Beech, E., Bazos, I., Bogunić, F., Buira, A., Caković, D., Carapeto, A., Carta, A., Cornier, B., Fenu, G., Fernandes, F., Fraga, P., Garcia Murillo, P.J., Lepší, M., Matevski, V., Medina, F.M., Menezes de Sequeira, M., Meyer, N., Mikoláš, V., Montagnani, C., Monteiro-Henriques, T., Naranjo Suárez, J., Orsenigo, S., Petrova, A., Reyes-Betancort, J.A., Rich, T., Salvesen, P.H., Santana López, I., Scholz, S., Sennikov, A., Shuka, L., Silva, L.F., Thomas, P., Troia, A., Villar, J.L. and Allen, D.J. (2019) European Red List of Trees. Cambridge, UK and Brussels, Belgium: IUCN. viii + 60pp.Consulté le 26 octobre 2023, sur : https://portals.iucn.org/library/sites/library/files/documents/RL-4-026-En.pdf

UICN (2016) Espèces exotiques envahissantes. Consulté le 19 octobre 2023, sur : https://uicn.fr/especes-exotiques-envahissantes/

UICN Comité français et OFB (2022). Espèces exotiques envahissantes et changements climatiques : quels impacts et conséquences pour la gestion ? Eclairage scientifique. Centre de ressources espèces exotiques envahissantes et Réseau espèces exotiques envahissantes outre-mer. France. Consulté le 19 octobre 2023, sur : http://especes-exotiques-envahissantes.fr/

United States Environmental Protection Agency – Climate change impacts on Forests. Consulté le 12 octobre 2023, sur : www.epa.gov/climateimpacts/

La déforestation : une menace grandissante

Les forêts, ces écosystèmes riches et complexes, abritent une incroyable diversité de plantes, d’animaux, de champignons et de micro-organismes. Cependant, les forêts sont confrontées à de nombreuses menaces qui compromettent leur biodiversité et leur fonctionnement. Parmi ces menaces, la déforestation se positionne au premier plan, ayant des conséquences désastreuses sur l’environnement et les espèces qui en dépendent. 

À travers le monde, la déforestation a lieu à un rythme alarmant, ce qui contribue malheureusement à une perte effrayante de la biodiversité. Depuis 1990, près de 420 millions d’hectares de forêt ont disparu, transformés pour d’autres utilisations. Même si le taux de déforestation a connu un certain ralentissement au cours des trois dernières décennies, c’est un chiffre qui a de trop nombreuses répercussions. 

Cet article a pour but de mettre en lumière le phénomène de la déforestation. Ce phénomène complexe et destructeur a des conséquences profondes sur les écosystèmes, la biodiversité, le climat, et les communautés humaines qui dépendent des forêts pour leur subsistance. À travers cet article, nous examinerons les causes et les conséquences de la déforestation.

Les racines de la déforestation

La déforestation est principalement causée par des activités humaines, notamment l’exploitation forestière commerciale, l’expansion de l’agriculture, l’urbanisation croissante et le changement climatique. L’appât du gain économique combiné à la pression démographique et à la demande croissante en terres et ressources naturelles contribuent à une déforestation massive à travers le monde. 

Illustration : Violette Courtois – Noé

Expansion agricole et plantation de cultures commerciales

L’expansion de l’agriculture est une cause majeure de déforestation, en particulier dans les régions tropicales, représentant 50% de la déforestation mondiale d’après la FAO. Les forêts sont souvent défrichées pour faire place à des plantations de cultures commerciales à grande échelle, telles que le soja, l’huile de palme, le caoutchouc ou encore le cacao. Ces cultures sont généralement destinées à l’exportation et répondent à la demande croissante de produits alimentaires, de biocarburants et d’autres produits de consommation. En Europe, la déforestation pour l’expansion agricole représente 15% des terres cultivées et 20% du pâturage pour le bétail. 

Exploitation forestière commerciale non durable

L’exploitation non réglementée et illégale des ressources forestières est l’une des principales causes de déforestation dans de nombreuses régions du monde. Les arbres sont abattus pour leur bois précieux, tels que l’acajou, l’ébène ou le teck, qui sont utilisés dans l’industrie du meuble et de la construction. L’illégalité dans le secteur de l’exploitation forestière a lieu lorsque des produits forestiers sont récoltés, transportés, achetés ou vendus sans respecter les lois nationales ou internationales. Cette activité est ainsi généralement menée sans plan de gestion durable, ce qui a de nombreuses conséquences, telles que la perte de biodiversité, la destruction d’habitats, des conflits avec les communautés locales, la violation des droits de l’homme, la corruption, des distorsions du marché, l’instabilité politique ainsi que l’aggravation de la pauvreté. Toutes ces conséquences conduisent à une destruction à long terme des forêts.

Développement urbain et infrastructures

Même s’il ne s’agit pas d’une déforestation systématique comme dans certains pays comme au Brésil ou en République Démocratique du Congo, l’expansion des zones urbaines et la construction d’infrastructures telles que les routes, les barrages et les mines entraînent la fragmentation des zones boisées en France. Les besoins croissants en logements, en industries et en énergie conduisent à la conversion des forêts en zones résidentielles et industrielles. Le développement urbain est la principale cause de déforestation en Europe. 

Changement climatique

Le rapport du GIEC décrit les conséquences de plus en plus graves du changement climatique sur les écosystèmes forestiers. Les événements climatiques extrêmes tels que les vagues de chaleur et les sécheresses, plus fréquentes, plus intenses et de plus longue durée, mais également la prolifération d’espèces exotiques envahissantes (EEE) ont un impact sur la santé et le fonctionnement des arbres ainsi que sur les écosystèmes forestiers dans leur ensemble. L’allongement de la saison des feux et les sécheresses croissantes, combinés à une vulnérabilité accrue aux EEE, contribuent à la fragilisation des forêts, augmentant ainsi les risques d’incendie. 

Il est important de noter que ces causes citées interagissent souvent et se renforcent mutuellement, aggravant ainsi l’ampleur de la déforestation. La lutte contre la déforestation nécessite donc des approches prenant en compte les aspects économiques, sociaux et environnementaux afin de promouvoir des solutions durables.

Quelles répercussions sur nos forêts ?

Illustration : Violette Courtois – Noé

La déforestation a des impacts directs et indirects sur l’écosystème des forêts. Tout d’abord, la déforestation touche directement de nombreuses espèces animales et végétales qui perdent leur habitat naturel. Des animaux emblématiques tels que les tigres et les orangs-outans voient leurs populations décimées à mesure que leurs habitats forestiers sont détruits, mais également les papillons et autres insectes vitaux pour l’environnement. La destruction de leur habitat peut entraîner leur déclin, voire leur extinction locale ou totale. On estime que 137 espèces d’animaux et de plantes perdent leur habitat chaque jour à travers le monde. Sachant que les forêts abritent une multitude d’espèces endémiques qui ne peuvent survivre ailleurs, leur disparition entraîne ainsi une perte irréparable de la biodiversité. 

Par ailleurs, la déforestation amène à la fragmentation des forêts en petites parcelles isolées. Cela affecte la connectivité écologique entre les habitats, rendant plus difficile le déplacement des espèces, leur dispersion et leur reproduction. Certaines espèces ont besoin de vastes territoires pour survivre et la fragmentation des forêts limite leur capacité à trouver de la nourriture, des partenaires de reproduction et des abris adéquats.

Sans oublier que les forêts fournissent une multitude de services écosystémiques essentiels, tels que la régulation du climat, le cycle de l’eau et la protection contre l’érosion des sols.

Lorsqu’elles sont défrichées, les émissions de carbone augmentent car la capacité d’absorption des forêts diminue, contribuant ainsi au réchauffement climatique et à ses conséquences néfastes. De plus, quand les arbres sont abattus, le carbone stocké est libéré dans l’atmosphère sous forme de gaz à effet de serre, exacerbant également le changement climatique. 

En ce qui concerne le cycle de l’eau, les forêts régulent les précipitations en retenant l’humidité dans le sol et en régulant les débits des cours d’eau. Lorsque les forêts sont défrichées, l’évapotranspiration diminue, entraînant une réduction des précipitations et des modifications des régimes hydrologiques, ce qui peut avoir des effets néfastes sur les écosystèmes aquatiques, l’agriculture et les populations humaines dépendantes de l’eau. 

Enfin, les arbres et la végétation forestière jouent un rôle essentiel dans la prévention de l’érosion des sols. Leurs racines maintiennent les sols en place, réduisant ainsi le risque d’érosion due aux précipitations et aux vents. Lorsque les forêts sont rasées, la couverture végétale protectrice est supprimée, rendant les sols vulnérables à l’érosion, ce qui peut entraîner la perte de fertilité des terres agricoles et la sédimentation des cours d’eau.

Pour conclure

Les forêts jouent un rôle crucial dans la purification de l’air, la régulation du cycle de l’eau, la captation du dioxyde de carbone, la préservation de la biodiversité et la prévention de l’érosion des sols.  La déforestation est une menace critique pour la biodiversité des forêts mais également pour l’équilibre des écosystèmes à l’échelle mondiale à cause de ses conséquences dévastatrices sur les services écosystémiques qu’elles fournissent. 

Il est crucial de comprendre que la biodiversité des forêts est directement liée à leur santé et à leur bon fonctionnement. À travers l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts, un programme national de sciences participatives ouvert à tous et en partenariat avec l’Inventaire National du Patrimoine Naturel, vous pouvez participer à recenser la présence de diverses espèces dans les forêts de France métropolitaine !

Ainsi vous aiderez à mieux connaître et protéger nos forêts. Pour en savoir plus, découvrez comment participer à l’observatoire.

Sources :

ARTE Reportage (2022) Madagascar : terre de feu. Consulté le 11 mai 2023, sur : https://www.youtube.com/watch?v=W0pClTmSxm0

FAO et PNUE (2020) La situation des forêts du monde 2020. Forêts, biodiversité et activité humaine. Rome. Consulté le 11 mai 2023, sur : https://www.fao.org/3/ca8642fr/CA8642FR.pdf

Mathot, L. (2017) Connaître, Comprendre et Protéger la Forêt – Initiation à l’Écologie Forestière. Centre National de la Propriété Forestière – Institut pour le Développement Forestier. 

Seymour, F. et Gibbs, D. (2019) Forests in the IPCC Special Report on Land Use: 7 things to Know. World Resources Institute. Consulté le 24 mai 2023, sur www.wri.org/blog/2019/0  

World Animal Foundation (2023) The Deadly Effects of Animal Deforestation and Why it’s a Major Cause of Concern.Consulté le 24 mai 2023, sur worldanimalfoundation.org

Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture – Combattre l’illégalité́ dans le secteur forestier dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du pacifique – Succès, défis et perspectives futures. Consulté le 19 septembre 2023, sur www.fao.org/forestry/

Les Gastéropodes

Dans le cadre des Missions forêt de l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts, Noé vous propose de découvrir le monde des gastéropodes terrestres : les escargots et les limaces. Mais comment vivent ces animaux d’origine aquatique sur terre ? Quel est leur rôle dans la dynamique des espèces ? Et comment les observer ? Les réponses à ces questions et plus encore se trouvent dans cet article qui vous présente ces petits porteurs de tentacules.

Particularités de l’anatomie des gastéropodes

Les escargots et limaces sont des mollusques, d’origine aquatique, qui vivent sur terre. Il est indispensable pour eux de rester humides pour ne pas sécher. Lutter contre la déshydratation est la priorité absolue : pour y parvenir, différentes stratégies sont apparues au cours de la conquête de la terre sèche. 

La coquille de l’escargot lui permet de rester humide en permanence. Elle est formée de trois couches : une couche de nacre où vit le mollusque, une couche de calcaire semblable à son squelette, et une couche externe pigmentée. Cette maison est volumineuse et lourde mais offre un véritable refuge à son habitant, lui permettant de se cacher à tout moment. La coquille croît lentement depuis le centre de sa spirale vers l’extérieur, pour la grande majorité des espèces dans le sens des aiguilles d’un montre. La croissance s’interrompt en hiver et en été pendant les périodes de sommeil. Ces arrêts laissent voir des strates sur la surface de la coquille. Quand la croissance est terminée, l’escargot est un adulte !

Escargot petit-gris portant un jeune sur sa coquille France © Frédérique Bidault / Biosphoto

Une coquille qui tourne dans le sens des aiguilles d’une montre est dextre, sinon on dit qu’elle est sénestre. Les coquilles sénestres sont extrêmement rares et sont très convoitées par les collectionneurs.

Le corps de ces mollusques est recouvert de mucus, cette « bave » est un véritable trésor pour les gastéropodes. Il s’agit d’une barrière remarquable contre les infections et les bactéries, qui maintient l’hydratation de la peau et limite les pertes d’eau. Elle agit en tant que barrière mécanique, permettant aux escargots et limaces de ramper sur les surfaces les plus dangereuses, comme une lame de rasoir. C’est également une colle, qui permet aux individus de se percher à l’envers, malgré le poids de leur coquille. Au besoin, le mucus peut permettre de « fermer » la coquille en formant une couche imperméable, limitant les pertes d’eau mais laissant l’air passer.

Les limaces sont des escargots sans coquille, elles n’en gardent qu’un vestige plus ou moins développé selon les espèces. Elles sont beaucoup plus vulnérables à la déshydratation mais sont beaucoup plus rapides, n’étant pas ralenties par leur coquille. Elles sont donc capables de se réfugier rapidement sous terre et dans les recoins humides. Le nom de « semilimace » est attribué aux limaces possédant une coquille mais qui ne peuvent pas s’y réfugier. Par exemple, la Semilimace des plaines a une coquille fine, fragile et transparente au travers de laquelle on aperçoit ses organes.

Semilimace des plaines sur de la mousse © Stéphane Vitzthum / Biosphoto

Pour être conscient de son environnement, le gastéropode possède deux paires de tentacules. Les tentacules supérieurs possèdent un œil chacun à leur extrémité, ou à leur base selon les espèces. Ces yeux offrent une vision de très près, ne dépassant pas 1 cm. Pour se diriger, ils se fient à leurs autres sens : l’odorat et le toucher. Les tentacules inférieurs sont dirigés vers le sol, et surveillent son mouvement. Ils permettent aussi de détecter le mucus d’autres individus, resté sur le sol après leur passage.

Comportement et modes de vie

Dans la forêt, les gastéropodes vivent dans les strates herbacée et muscinale : le sol et les plantes et fleurs. Leurs sources de nourriture diffèrent selon les espèces, souvent des plantes, mais également des débris, des carcasses, d’autres animaux ou des membres de leur espèce. Ils rongent leurs aliment grâce à la radula, leur langue dentelée.

Pour rester humides, ils fuient le soleil ; on peut donc les retrouver à l’abri dans les talus, sur les murets, au bord des fossés, des chemins, des champs et dans les bois. Pour éviter le gel, ils hibernent dès que la température descend en dessous de 12 °C.

Lorsque les températures remontent et que les premières pluies arrivent, ces animaux d’origine aquatique ressortent pour profiter de l’abondance de l’eau et reprennent leur croissance si besoin. Vient alors avec le printemps l’heure de perpétuer l’espèce. La plupart des gastéropodes sont hermaphrodites, chaque individu possède les organes reproducteurs des deux sexes : lors de l’accouplement, les deux individus échangent leurs spermatozoïdes et sont tous les deux fécondés. La ponte a lieu dans l’humus, dans une cavité creusée par l’escargot à une dizaine de centimètres sous terre. C’est un processus très lent : jusqu’à une centaine d’œufs sont pondus et chaque ponte peut prendre jusqu’à une demi-heure par œuf ! Les premiers à éclore sont translucides et fragiles, et auront besoin d’un maximum d’énergie pour commencer leur croissance. Ils commencent par manger les autres œufs, processus naturel chez les gastéropodes, avant de s’aventurer en dehors du mini terrier.

Portée de Petit gris à la sortie de l’œuf © Denis Bringard / Biosphoto
 
Ponte d’Escargot de Bourgogne dans l’humus © Ingo Arndt / Biosphoto

La construction de la coquille demande beaucoup de calcium, trouvé dans l’alimentation. Pour compenser une quantité trop faible, les gastéropodes peuvent parfois être observés en train de « râper » de la roche.

Quelques conseils pour les observer

Ces petits animaux rampants ont horreur du soleil, mieux vaut sortir par temps pluvieux ou très humide, et chercher dans les recoins à l’ombre, sous les feuilles et sur les tiges. Ils sont capables de grimper à toute hauteur et sur toutes les surfaces. Ils sont très fragiles : il faut éviter de les toucher et bien faire attention à ne pas les écraser.

Afin de pourvoir identifier les escargots, il est conseillé de prendre trois photographies : une dorsale, une ventrale, et un plan clair de l’ouverture de la coquille. La hauteur de la coquille et son diamètre sont également de bons indicateurs de l’espèce, il est donc utile de garder une règle sur soi, où d’avoir un objet en tant qu’échelle. Identifier la forme de la coquille permet de guider les recherches : elle peut être conique, globuleuse, discoïde ou cylindrique.

Pour les limaces une vue du profil droit et du ventre est recommandée, en faisant bien attention de ne pas malmener l’animal.

Pour en savoir plus, découvrez l’Opération Escargots !

Lancée en 2009 par Noé et le Muséum national d’Histoire naturelle, l’Opération Escargots propose à tous les citoyens de suivre les escargots et limaces de leur jardin. Après un arrêt de quelques années qui a permis de repenser la manière d’y participer, l’Opération Escargots revient sur QUBS, la nouvelle plateforme participative de suivi de la qualité biologique des sols. Si la nouvelle interface facilite la saisie des données, la principale nouveauté est l’utilisation de la photographie dans le protocole : chaque spécimen sera photographié et la photographie mise en ligne, permettant ainsi de développer un réseau d’aide à l’identification, d’échanges et de validation par la communauté d’observateurs et les scientifiques. Des outils pédagogiques revus et réactualisés viennent compléter la nouvelle formule de l’Opération Escargots. N’hésitez pas à nous rejoindre !

Sources :

  • Vigie-Nature, Mais où sont-ils passés, https://www.vigienature.fr/fr/actualites/sont-ils-passes-3304
  • Gastéropodes, coquille des gastéropodes, escargot. Wikipedia France, consultés le 25/10/2022
  • Ramassage des escargots, Ooreka, consulté le 25/10/2022
  • Un Alien au jardin, dossier de Julien Perrot, Revue Salamandre, n° 221, pages 20 à 43

La vie secrète des bryophytes

Les bryophytes, communément appelées mousses, sont des organismes vivants dont on oublie souvent l’existence. Pourtant, ces plantes fascinantes ont une vie bien remplie. Les bryophytes sont des alliées précieuses pour appréhender les conditions d’un milieu. Elles sont appelées « plantes indicatrices » par les forestiers car leur présence, ou absence, aide les gestionnaires à examiner l’environnement d’une forêt et poser un diagnostic sur son état.

Après l’article publié la semaine dernière (disponible ici) vous décrivant les différents types de bryophytes, voici un nouvel article visant à fournir les connaissances actuelles sur leurs habitats, leurs méthodes de reproduction, ainsi que leur rôle dans l’écosystème. 

LEURS HABITATS

Les bryophytes, avec 26 000 espèces répertoriées dans le monde, sont présentes dans toutes les régions du globe, allant de l’équateur aux pôles, à l’exception du milieu marin car elles évitent l’eau salée. Elles sont aussi présentes au bord des ruisseaux, des lacs, des marais, ou tourbières. Vous trouverez la plupart des bryophytes dans des milieux frais et humides, comme en forêt dans lesquelles elles se développent sur le sol, les rochers, les écorces des arbres, ainsi que les souches et troncs d’arbres en décomposition. Toutefois, d’autres sont observables dans des milieux secs et à découvert, comme sur des roches ensoleillées, des pelouses sèches, des murets, des trottoirs ou encore des routes. Des espèces menacées peuvent même s’y trouver !

En fonction du groupe, les bryophytes ont tout de même des préférences concernant leur habitat. Les mousses et hépatiques peuvent être trouvées sur de nombreux substrats différents, tels que la terre pour les espèces terricoles, les écorces d’arbres pour les espèces corticoles, et les rochers pour les espèces saxicoles. Mais ce n’est pas tout ! Elles peuvent pousser également sur des pavées ou des murs. Les anthocérotes poussent également sur la terre, mais affectionnent particulièrement les sols cultivés ou anciens talus de gravières

Souche d’arbre recouverte de mousses © Philippe Henry / Biosphoto
Fontinale commune (Fontinalis antipyretica), source du Doubs, France © Frédéric Tournay / Biosphoto

• LA REPRODUCTION

Les bryophytes peuvent se reproduire de deux manières différentes : par voie sexuée (avec fécondation) ou par voie asexuée (sans fécondation). 

REPRODUCTION AVEC FÉCONDATION

Le gamétophyte produit les organes sexuels mâles et femelles. Quand vient la pluie, les spermatozoïdes nagent jusqu’à trouver une cellule sexuelle femelle à féconder. Une fois ces cellules fécondées, elles se développent en sporophyte avec au bout une capsule dans laquelle se développent des spores. Cette capsule s’ouvre quand le développement des spores est terminé, et elles sont ainsi disséminées par le vent. Une fois au sol, les spores germent pour donner naissance à ce qu’on appelle des protonémas. Ceux-ci se développent alors en bourgeons et enfin en gamétophytes. Le cycle recommence alors.

Source : Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012) « Les mousses » : Liste Rouge, inventaire et initiation aux bryophytes du canton de Genève. Hors-Série n° 14. Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève
Tortule des murailles (Tortula muralis) © Marie Aymerez / Biosphoto

REPRODUCTION SANS FÉCONDATION

Les bryophytes peuvent également se reproduire de manière asexuée, par propagules ou fragmentation ! Ces modes de reproduction ont l’avantage de permettre aux bryophytes de se reproduire rapidement

Les propagules, qui sont des petits morceaux de bryophytes constitués de cellules, se décrochent du gamétophyte lorsqu’il pleut. Elles peuvent être contenues dans une sorte de corbeille, sur une feuille ou sur les rhizoïdes. Quand elles se décrochent des bryophytes, elles génèrent de nouvelles plantes. Les propagules permettent ainsi de créer de nouveaux individus complets, qui seront des clones du précédent

La reproduction asexuée par fragmentation est également courante chez les bryophytes. Les feuilles peuvent se briser au contact de la pluie ou du vent, et à partir de ces fragments une plante entière peut se redévelopper

À noter que ces modes de reproduction ne permettent pas d’assurer la variabilité génétique des bryophytes, contrairement à la reproduction sexuée. La variabilité génétique est très importante car elle permet une meilleure résistance aux maladies et aux conditions environnementales changeantes. 

Nous pouvons tout de même noter que certaines bryophytes sont théoriquement immortelles !

Propagules dans une corbeille de Marchantia polymorpha (Hépatique des fontaines) 
© Krzysztof Ziarnek, Kenraiz, 2021

LEURS RÔLES

Les bryophytes sont essentielles au bon fonctionnement de nombreux cycles, tels que celui de l’eau en retenant l’excès d’humidité présent dans le sol ou en ralentissant son évaporation, ou celui de l’azote en forêts boréales. Elles sont aussi d’importants puits de carbone

Elles participent également à la formation de l’humus, mélange complexe de matière organique en décomposition, qui permet à d’autres végétaux de s’installer à leur tour. Les bryophytes permettent ainsi la création de nombreux sites favorables à la germination de nouvelles plantes

Les bryophytes forment aussi l’habitat de milliers de petits animaux, tels que les acariens, les collemboles, les rotifères, les tardigrades, les coléoptères et d’autres invertébrés. Il existe une véritable chaîne trophique au sein des bryophytes. Même les oiseaux les utilisent afin de former leurs nids !

Elles permettent également la biosurveillance des écosystèmes : leur présence ou absence donne une indication de la qualité de l’air ou de l’eau. Plus il y en a, plus l’écosystème dans lequel elles se trouvent est sain. En forêt, les bryophytes sont des alliées précieuses pour comprendre les conditions du milieu. Les gestionnaires forestiers les utilisent souvent afin de valider le diagnostic d’une forêt et pour prendre les décisions d’entretien !  

CONCLUSION

En somme, les bryophytes sont beaucoup plus complexes qu’elles n’en paraissent, et ne sont pas des parasites comme on pourrait le penser. Leur présence est même un indice précieux de la santé de l’écosystème dans lequel elles se trouvent. De quoi vous donner envie maintenant de vous accroupir et de les observer lors de votre prochaine sortie !

Sources : 

Bertin, S. (2021) Un autre regarde sur la forêt. MUSEO éditions. 

Leblond, S. et Boucher, A. (2011) Initiation à la bryologie – Voyage au cœur de la vie secrète des mousses.http://bryophytes-de-france.org/

Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012) « Les mousses » : Liste Rouge, inventaire et initiation aux bryophytes du canton de Genève. Hors-Série n° 14. Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève. Consulté le 26 septembre 2023, sur : http://www.naturalistes-romands.ch/documents/lr_bryo_reduit.pdf

Les Bryophytes

Les bryophytes, ces organismes majoritairement méconnus du grand public, sont des plantes absolument spectaculaires. Sans racines ni système vasculaire, elles peuvent se fixer sur tout type de support : terre, bois, pierre… 

Avec environ 26 000 espèces répertoriées dans le monde, les bryophytes sont apparues il y a 400 millions d’années. Elles se divisent en trois groupes : les mousses, les hépatiques et les anthocérotes. Mesurant seulement quelques centimètres de long, les bryophytes sont des petites plantes chlorophylliennes. Une plante chlorophyllienne réalise la photosynthèse, signifiant qu’elle produit elle-même les nutriments dont elle a besoin à partir de l’eau, de sels minéraux, de dioxyde de carbone et de l’énergie fournie par la lumière. 

L’identification de bryophytes se fait essentiellement au microscope afin de pouvoir observer leurs cellules et confirmer leur détermination. Il est tout de même possible d’essayer de les différencier et d’en identifier certaines grâce à différents éléments anatomiques visibles à l’œil nu, comme la présence de feuilles, de tiges, de thalles, ou de rhizoïdes. 

Schéma : Les différentes bryophytes. Source : Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012)
Photo d’une mousse : Polytric commun (Polytrichum commune) © Jean-Philippe Delobelle / Biosphoto
Photo d’une anthocérote : Anthoceros agrestis © Hugues Tinguy / INPN
Photo d’une hépatique : Sphaerocarpos texanus © Stuart Wilson / Biosphoto

• LES MOUSSES

Les mousses sont composées d’une tige, qu’elle soit dressée, couchée ou rampante, ainsi que de feuilles, dont la taille et la forme peuvent varier. Elles s’accrochent à leur support grâce à des rhizoïdes. Attention, les rhizoïdes sont à distinguer des racines. En effet, les racines sont des structures présentes sur les plantes vasculaires (plantes avec des vaisseaux conducteurs telles que les arbres) et ont une structure interne complexe composée de différents types de tissus. Les rhizoïdes sont eux présents sur des plantes non-vasculaires et sont en forme de filaments. Contrairement aux racines, les rhizoïdes ont un rôle moins spécialisé dans l’absorption de nutriments et aident surtout à l’ancrage de la plante sur son support. L’ensemble des feuilles, tiges et rhizoïdes forme ce qui s’appelle le gamétophyte, structure qui porte les cellules sexuelles de la mousse. 

Quand vient le cycle de la reproduction, une structure appelée sporophyte se développe au-dessus du gamétophyte. Le sporophyte contient une soie avec au bout une capsule ronde contenant des spores. Les spores sont les cellules fécondées d’une bryophyte. 

Ainsi, le gamétophyte d’une mousse est visible toute l’année, mais le sporophyte est visible seulement quelques semaines/mois par an. 

Schéma : Morphologie d’une mousse. Source : Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012)

• LES HÉPATIQUES

Les hépatiques sont divisées en deux sous-groupes : celles qui sont composées de feuilles, semblables aux mousses, et celles qui ont une lame verte aplatie à la place de la tige et des feuilles, appelée thalle. Leur sporophyte est structuré de la même manière chez les deux sous-groupes : il comprend une capsule au sommet d’une soie transparente. Cette capsule peut s’ouvrir par des valves ou par déchirement afin de relâcher les spores. 

Attention, les hépatiques à feuilles peuvent être confondues avec les mousses, même si elles sont souvent plus aplaties contre le substrat. 

Schéma : Les différentes hépatiques. Source : Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012)

• LES ANTHOCÉROTES

Les anthocérotes possèdent un thalle, comme les hépatiques à thalle. La capsule du sporophyte est en constante croissance, lui donnant une forme allongée. L’ouverture de la capsule se fait à l’aide de deux valves, libérant ainsi les spores contenues à l’intérieur.  

Schéma : Morphologie d’une anthocérote. Source : Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012)

Et voilà ! Vous en savez plus sur les bryophytes, de quoi maintenant vous donner envie d’y prêter attention et de les regarder de plus près. Contrairement à ce que nous pouvons penser, elles n’étouffent pas le gazon de votre jardin et ne sont pas des parasites. Leur présence est même un indice précieux de la santé de l’environnement. Alors, durant votre prochaine balade en forêt ou dans votre quartier, n’ayez pas peur de vous accroupir et de les observer ! 

Nous vous proposons également de lire cet article visant à fournir les connaissances actuelles sur leurs habitats, leurs méthodes de reproduction, ainsi que leur rôle dans l’écosystème :

Tous les schémas présents dans l’article sont issus de la publication : Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012) « Les mousses » : Liste Rouge, inventaire et initiation aux bryophytes du canton de Genève. Hors-Série n° 14. Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève. 

Sources :

Bertin, S. (2021) Un autre regarde sur la forêt. MUSEO éditions. 

Leblond, S. et Boucher, A. (2011) Initiation à la bryologie – Voyage au cœur de la vie secrète des mousses.http://bryophytes-de-france.org/

Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012) « Les mousses » : Liste Rouge, inventaire et initiation aux bryophytes du canton de Genève. Hors-Série n° 14. Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève. Consulté le 26 septembre 2023, sur : http://www.naturalistes-romands.ch/documents/lr_bryo_reduit.pdf