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Les Lépidoptères

L’Observatoire de la Biodiversité des Forêts vous envoie à la recherche de plusieurs espèces appartenant à différents groupes. Nous vous proposons dans cet article de découvrir les lépidoptères. Les papillons, ces magnifiques insectes volants sont indispensables à la biodiversité : ils font partie de l’écosystème de la forêt et participent à la pollinisation des fleurs des plantes et des arbres. Noé vous propose de découvrir leur monde : comment s’intègrent-ils dans cet habitat particulier ? Quel est leur rôle ? Comment les approcher et les prendre en photo ? Les réponses à ces questions et plus encore se trouvent dans cet article qui vous présente ces insectes vifs et splendides.

Particularités de l’anatomie des lépidoptères

Les papillons sont des insectes aux ailes recouvertes d’écailles, dont ils tirent leur nom : « lepis » signifie « écaille » en grec et « pteron » signifie « aile ». Ils possèdent deux paires d’ailes, larges et colorées, dont le dessus et le dessous sont ornés de motifs et de couleurs variés. Les ailes des papillons adultes leur apportent de nombreux avantages, ce qui explique l’importance primordiale qu’elles ont acquise au cours de l’évolution. Elles leur permettent de réguler leur température, de se camoufler et de faire peur à leurs prédateurs. Les différentes espèces ont des caractères précis qui permettent aux experts et amateurs de les identifier. Pour découvrir plus en profondeur l’anatomie des ailes, nous vous invitons à consulter cet article.

Afin de se nourrir, ils sont munis d’une trompe, qui leur permet d’extraire le nectar du plus profond des fleurs, ou d’autres liquides nutritifs comme la sève suintant de blessures d’arbres chez certaines espèces. Ils peuvent la déplacer sans bouger leur tête, et la replier en spirale au repos. Leurs yeux composés leurs permettent de détecter les mouvements dans un champ de vision très large. Ils voient très bien les couleurs, notamment dans les ultraviolets, ce qui leur permet de reconnaître leurs pairs et les fleurs nectarifères. 

Ils sont très légers, ce qui leur permet de se déplacer en profitant des courants d’air. Ils sont donc très sensibles aux vents forts.

Au cours de leur cycle de vie, les lépidoptères passent par une phase de métamorphose. La chenille, avec son appareil buccal broyeur et ses pattes courtes, devient un papillon avec un appareil suceur, des ailes et de longues pattes. Le papillon obtient également son appareil génital, qui lui permettra de se reproduire. Le passage par la chrysalide est énergivore et chronophage, mais permet au papillon d’obtenir un corps parfaitement adapté à son environnement.

Les chenilles quant à elles se déplacent en rampant, à l’aire de leurs trois paires de pattes mobiles et de leurs fausses pattes, situées à l’arrière de leur corps. Elles peuvent produire de la soie, qu’elles utilisent parfois pour se faire des cocons, se déplacer, s’accrocher aux tiges ou replier des feuilles. Elles se nourrissent des feuilles et tiges de leur plante-hôte grâce à leur appareil buccal broyeur.

Chenille de Pacha à deux queues © Jordi Bas Casas / Biosphoto

Comportement et modes de vie

Les papillons aiment les climats ensoleillés, avec peu de vent et de précipitations. La forêt est donc un milieu accueillant, coupant les vents forts et interceptant les pluies. Les papillons forestiers vivent principalement dans la strate herbacée, où ils peuvent trouver de la nourriture. Quelques espèces préfèrent la cime des arbres comme le Grand Mars changeant et des espèces de Sylvains. Les forêts trop denses ne laissant pas passer suffisamment de lumière ne permettent pas aux papillons de s’installer. C’est pourquoi on les retrouve en lisière de bois, en bordure de cours d’eau, ou dans les clairières fleuries.

Ce sont des consommateurs primaires, les chenilles se nourrissant de plantes et de jeunes tiges, les adultes du nectar des fleurs ou d’autres liquides nutritifs (sève des arbres, fruits mûrs, excréments d’animaux…). On trouve les chenilles et les chrysalides sur les plantes herbacées, dans le sol ou dans les arbres. Les adultes se reposent sur l’écorce et les feuilles, ou volent de fleur en fleur. On peut souvent en observer se reposant au soleil.

La période de reproduction commence au printemps. Après avoir trouvé un partenaire et s’être accouplée, la femelle va trouver l’endroit idéal pour pondre ses œufs : souvent au revers d’une feuille de sa plante-hôte. De nombreux œuf sont pondus à la fois car ils ne pourront pas tous atteindre l’âge adulte.

Carte géographique © Friedhelm Adam / Biosphoto

Les lépidoptères peuvent être visés par les insectivores assez rapides pour les attraper, comme les oiseaux et les musaraignes qui mangent papillons ou chenilles. Les œufs sont les proies des araignées, des punaises. Ils peuvent également être chassés par des guêpes, des mantes religieuses, ou infestés par des parasitoïdes, au stade d’œuf, de chenille ou de chrysalide.

Pour se défendre, ils optent principalement pour des stratégies de camouflage, ainsi, les chenilles se fondent dans la masse verte de la végétation, les chrysalides et les adultes disparaissent sur l’écorce, les tiges ou dans la terre. Mais certains arborent des couleurs vives au stade de chenille ou de papillon, souvent indicateurs de la présence de toxines pour leurs prédateurs !

Quelques conseils pour les observer

La saison d’observation des lépidoptères diurnes commence en mars et s’étend tout au long du printemps et de l’été, jusqu’au début de l’automne. On aperçoit le plus de papillons par temps ensoleillé, avec peu de vent et des températures relativement élevées. On les trouve dans les prairies, en lisière de bois, au bord des cours d’eau, là où on va retrouver leurs plantes-hôtes et des plantes nectarifères.

La pluie persistante et l’humidité est dangereuse pour les adultes qui peuvent être attaqués par des moisissures lorsqu’ils restent abrités et immobiles. Ils sont aussi plus sujets aux attaques de prédateurs, ayant moins de marge de fuite.

Si vous partez à la recherche d’une espèce en particulier comme le propose l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts, vous pouvez donc prévoir votre sortie en fonction de la météo. S’il faut sortir par temps couvert ou clair, en début, en milieu ou en fin de journée, tout dépend de l’espèce recherchée et de son habitat.

Après avoir repéré un papillon, patienter et bien observer permet souvent de repérer les caractères nécessaires à son identification. Pour le prendre en photo, il faut éviter de projeter son ombre sur le papillon, il pourrait prendre peur et fuir. Il est conseillé d’essayer de ne pas l’attraper avec un filet ou de le toucher pour éviter de l’abîmer ou de le perturber.

L’INPN vous conseille de prendre en photo le dessous et le dessus des ailes, ainsi qu’une photo de l’individu en entier.

Ce faisant, pour assurer la protection des espèces et de leur habitat, il ne faut pas faire trop de dégâts en essayant de les approcher et de les trouver. Il faut par exemple éviter d’écraser ou de briser les plantes-hôtes, qui pourraient porter des œufs ou des chrysalides, ou les plantes à fleurs.

Pour en savoir plus, découvrez l’Opération Papillons !

            Lancée en 2006 par Noé et le Muséum National d’Histoire Naturelle, l’Opération Papillons propose à tous les citoyens de suivre les papillons et chenilles de leur jardin. En participant vous aidez les scientifiques à améliorer les connaissances sur les papillons et à comprendre l’impact de l’urbanisation, du climat ou encore des pratiques au jardin sur ces espèces. 

Pour participer, c’est très simple, nul besoin d’être un spécialiste ! Le comptage des papillons peut s’effectuer dans un jardin privé, public ou sur un balcon. Une fois que vous avez localisé et décrit votre jardin sur le site des Sciences Participatives au Jardin, vous pouvez commencer à observer !

Sources :

Lafranchis, T. et al. (2015) La vie des papillons. Éditions Diatheo. 751p.

Lafranchis, T. (2000) Les Papillons de jour de France,Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 448p.

Les quêtes estivales sont de retour !

L’été est là ! Pour cette saison, nous ouvrons deux nouvelles quêtes : le Tristan et le Tabac d’Espagne ! Alors, durant vos prochaines promenades forestières, ouvrez l’œil : vous pourriez avoir la chance d’apercevoir ces deux beaux papillons.

Le Tristan (Aphantopus hyperantus)

De taille moyenne comprise entre 30 et 40 mm d’envergure, ce papillon de la famille des Nymphalidés est reconnaissable par le dessus de ses ailes de couleur brun-noirâtre avec des ocelles noirs. Quand ses ailes sont relevées, vous pouvez voir que le dessous est brun-roussâtre, comportant 7 à 9 ocelles noirs pupillés de blanc et cerclés de jaune. Le papillon a un léger dimorphisme sexuel : les ocelles noirs sur le dessus des ailes des mâles sont moins marqués que chez les femelles. 

Le Tristan papillonne presque partout en France métropolitaine, sauf sur le pourtour de la méditerranée et en Corse. Pour le trouver, promenez-vous dans des milieux forestiers humides, tels que les lisières de forêts et les landes. N’hésitez pas à regarder dans les haies et les ronciers, ils aiment s’y cacher !

Tristan (Aphantopus hyperantus) © Benoît Personnaz / Biosphoto

Ne le confondez pas avec le Grand Nègre des bois (Minois dryas) et le Moiré franconien (Erebia medusa). Pour plus d’informations, consultez sa fiche espèce

Cette quête restera ouverte jusqu’à fin septembre.

Le Tabac d’Espagne (Argynnis paphia)

Plus grand que le Tristan, le Tabac d’Espagne mesure entre 55 et 70 mm d’envergure et fait également partie de la famille des Nymphalidés. Vous pouvez le reconnaitre par le dessus de ses ailes de couleur orange ornées de plusieurs points noirs, et le dessous des ailes postérieures marbrées de lignes verdâtres et nacrées. Le Tabac d’Espagne a également un dimorphisme sexuel, le dessus des ailes des mâles est orange vif, comparé à celui des femelles qui est plus terne. 

Ce papillon peut être observer sur tout le territoire de la France métropolitaine, et cela jusqu’à même 2000 mètres d’altitude, dans les clairières et les allées forestières. N’hésitez pas à lever la tête pour le trouver, il aime voler haut au niveau de la cime des arbres. 

Papillon Tabac d’Espagne mâle © Roger Dauriac / Biosphoto

Attention de ne pas le confondre avec les papillons Nacrés ou le Cardinal (Agynnis pandora). Pour plus d’informations, consultez sa fiche espèce.

Cette quête restera ouverte jusqu’à fin septembre.

Les quêtes du printemps sont également toujours ouvertes ! Alors gardez un œil ouvert pour trouver la Grande Tortue (Nymphalis polychloros) jusqu’au 31 août, l’Orvet Fragile (Anguis fragilis) jusqu’au 31 octobre, ainsi que la Salamandre Tachetée (Salamandra salamandra) jusqu’à l’automne !

Pour rappel, les observations sont recensées grâce à l’application INPN espèces, dont voici le guide d’utilisation.

Nous vous souhaitons à toutes et à tous de très belles observations !

Les Missions forêt du printemps sont en ligne !

Le printemps approche, la nature sort de sa torpeur : il est temps de partir en forêt à la recherche de nouvelles espèces ! Pour cette saison, nous vous proposons de découvrir un papillon et un reptile.

La Grande Tortue (Nymphalis polychloros)

Lors de vos promenades printanières, peut-être croiserez-vous un grand papillon de couleur rousse, avec des taches noires, une bordure sombre et des lunules bleues le long des ailes postérieures. Il s’agit de la Grande Tortue, qui sort de sa léthargie hivernale dès le retour des beaux jours. Vous pourrez l’observer en train de butiner des chatons de saules, de se nourrir d’écoulements de sève, de fruits très mûrs ou encore d’excréments.

Grande Tortue en vol © Joël Héras / Biosphoto

Attention à ne pas la confondre avec la Petite Tortue !

La quête sera ouverte jusqu’au 31 août.

Pour en savoir plus, découvrez la fiche espèce de la Grande Tortue.

L’Orvet fragile (Anguis fragilis)

La deuxième espèce que nous vous proposons de découvrir est beaucoup plus discrète : il s’agit de l’Orvet fragile, un lézard apode (qui n’a pas de pattes) mesurant entre 30 et 50cm de long, possédant une petite tête avec un museau conique et arrondi, et dont la peau a un aspect lisse et brillant. Il est actif principalement le matin et en fin de journée, lorsque la météo est humide et peu ensoleillée.

Orvet fragile © Gilles Martin / Biosphoto

La quête sera ouverte jusqu’au 31 octobre.

Pour en savoir plus, découvrez la fiche espèce de l’Orvet fragile.

Vous pouvez également toujours participer à la quête sur la Salamandre tachetée, qui reste ouverte jusqu’à l’automne !

Pour participer, rendez-vous sur l’application INPN Espèces. Un tutoriel est disponible ici pour vous aider à saisir vos observations.

Nous vous souhaitons de belles observations !

De nouveaux bilans de quêtes sont disponibles !

Trois missions ont été closes à la fin de 2022 : les quêtes du Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) et du Morio (Nymphalis antiopa), lancées au printemps, et la quête de la Langue de bœuf (Fistulina hepatica), lancée à l’automne.

À partir des données que vous avez récoltées, nous avons pu confirmer la présence de ces espèces dans de nombreuses communes où elles n’avaient pas été observées auparavant, ainsi que dans deux nouveaux départements pour la Langue de bœuf.

La mission de la Langue de bœuf a compté plus de participants que l’année précédente, merci à tous les observateurs !

Pour plus de détails, voici les bilans de ces « Missions forêt » : 

Nous vous donnons rendez-vous au printemps pour l’ouverture de nouvelles quêtes ! En attendant, n’hésitez pas à participer aux trois quêtes en cours : la Salamandre tachetée, le Polypore soufré et l’Élégante striée.

A la recherche du Grand Mars changeant

Photo d’en-tête : Grand Mars changeant © Marc Solari / forum Papillons et jardin

Cet été, nous vous faisons partir dans le cadre de nos quêtes estivales à la chasse à l’empereur pourpre, comme nos amis anglophones l’appellent, ce papillon impressionnant de par sa taille et ses reflets bleu profond.

Une allure d’un bleu royal

L’imago du Grand Mars changeant (Apatura iris) est caractérisé par ses grandes ailes noires aux reflets bleu-violet irisés. Cette couleur est obtenue chez les mâles grâce à la forme de leurs écailles, qui diffractent la lumière du Soleil pour donner cet aspect métallique.

Aile du Grand Mars changeant © George Bernard / biosphoto

Sur le dessus des ailes postérieures, il est caractérisé par une grande bande blanche post-discale et un unique ocelle submarginal cerclé d’orange. Ses ailes antérieures présentent de petites taches blanches.

Il se différencie du Petit Mars changeant grâce au dessous de ses ailes, très peu marqué chez ce-dernier. Les ailes antérieures arborent plusieurs couleurs de base : le brun, l’ocre, le noir et l’argent. De petites taches blanches discales et post-discales les recouvrent accompagnées d’un grand ocelle noir avec un halo fauve pupillé de blanc. L’aile postérieure quant à elle est argentée, une bande blanche indentée avec un halo brun la traverse. Le petit ocelle du dessus de l’aile est aussi visible en dessous.

Au sommet des arbres

Le Grand Mars changeant vole de juin à août en une seule génération. Il aime les grands arbres situés autour des routes forestières, des clairières, en bord de lacs ou de rivières. Il affectionne tout particulièrement les saules dont fait partie sa plante-hôte, le saule marsault (Salix caprea). On peut également le trouver sur des peupliers et sur le saule à oreillettes (Salix aurita). Plutôt que de se nourrir de fleurs, le Grand Mars changeant préfère la sève d’arbres, les excréments d’animaux, les charognes, la sueur ou encore les fruits fermentés. Il semble attiré par les fortes odeurs, un comportement qui contraste avec son allure majestueuse.

Les mâles sont territoriaux et sont attentifs à la présence de femelles depuis le haut de leurs arbres. Ils réalisent parfois des patrouilles pour les trouver. Une femelle déjà fécondée sait très bien les éviter.

Les œufs sont pondus sur le dessus des feuilles de saule et donnent naissance à de petites chenilles vertes. Après leurs premières mues, on pourra observer des cornes sur leur tête. Lorsque l’automne arrive, la chenille conserve sa feuille en l’attachant avec des soies, pour qu’elle ne tombe pas et qu’elle puisse continuer à s’en nourrir. C’est un moyen de repérer les plantes-hôtes. Le Grand Mars changeant ne migre pas, ses chenilles hibernent au stade 2 ou 3. A ce moment-là, elles se positionnent sur une branche de saule et attendent la fin de l’hiver sans protection. Elles ont alors une couleur semblable à celle de l’écorce pour se camoufler.

A l’arrivée du printemps, les chenilles se réveillent et reprennent des forces en se nourrissant des nouveaux bourgeons. Elles commencent leur nymphose sous une feuille de saule. La chrysalide est verte, similaire à la feuille, permettant un très bon camouflage. 

Chenille de Grand Mars changeant sur son saule © J. Fieber / biosphoto

Les prédateurs du Grand Mars changeant sont les mésanges, qui ciblent les chenilles, et Psilomastax pyramidalis, une guêpe parasitoïde qui infeste les chenilles et les tue lors de la nymphose. 

Un papillon plus commun qu’on pourrait le croire

L’espèce est assez étendue, présente de l’Europe à l’Asie, jusqu’au Japon, en évitant la Méditerranée. Elle est en revanche menacée par la fragmentation de son habitat et la culture industrielle de peupliers, moins robustes. La coupe de ces arbres empêche à cette espèce territoriale de prospérer.

Ce papillon est répertorié en liste rouge dans quelques régions de France sous préoccupation mineure, il est notamment presque menacé en Picardie, dans le Poitou-Charentes et en Occitanie.

Répartition actuelle en France métropolitaine / Fiche de Apatura iris / INPN 

Vivant au sommet de grands arbres, les populations sont souvent très sous-estimées, il est difficile à observer et donc à surveiller. Vos observations seraient d’une grande aide pour leur protection.

Sources :
  • MNHN & OFB [Ed]. 2003-2022. Fiche de Apatura iris (Linnaeus, 1758). Inventaire national du patrimoine naturel (INPN). Site web : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/53786 – Le 20 juillet 2022
  • Grand Mars changeant. Wikipedia France, Le 15 juillet 2022
  • Dozières, A. et al., 2017. Papillons des jardins, des prairies et des champs. Guide de terrain pour les Observatoires de sciences participatives. 141p.
  • Lafranchis, T. et al., 2015. La vie des papillons. Éditions Diatheo. 751p.
  • Lafranchis, T., 2000. Les Papillons de jour de France,Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 448p.

La Bacchante, papillon d’été

Cet été, lors de vos promenades forestières, ouvrez l’œil : peut-être aurez-vous la chance d’apercevoir une Bacchante ! Ce joli papillon marron, en fort déclin depuis le XXe siècle est à rechercher dans le cadre d’une des deux quêtes estivales de notre Observatoire de la Biodiversité des Forêts, disponibles sur l’application smartphone INPN Espèces. N’hésitez donc pas à le prendre en photo et à nous transmettre vos observations !

Des ocelles caractéristiques

D’une envergure moyenne de 5 à 6cm, la Bacchante est un papillon de couleur gris-brun sombre, possédant des motifs caractéristiques sur les deux faces de ses ailes. Le dessus a une série de grands ocelles submarginaux gris sombre cerclés de jaune, tandis que le dessous présente des ocelles noirs pupillés de blanc et cerclés de jaune et de noir. Ils sont inclus dans une large bande blanche, elle-même bordée à l’extérieur par deux étroites bandes jaune ocre.

Dessus et dessous de la Bacchante © Ingeborg van Leeuwen / Flickr, Michel Rauch / Biosphoto

Prenez garde toutefois, une observation rapide peut amener à le confondre avec d’autres espèces !

En vol, il pourra être confondu avec le Myrtil (Maniola jurtina) ou avec le Tristan (Aphantopus hyperantus). Le Myrtil a lui aussi un aspect brun, bien que les femelles soient plus orangées, mais ne présente pas de séries d’ocelles sur le dessous ni sur le dessus.

Myrtil © André Simon / Biosphoto

Le Tristan, comme le Myrtil, ne possède pas de bande claire sur le revers des ailes postérieures, et les ocelles du dessus de ses ailes sont plus petits que ceux de la Bacchante.

Dessous et dessus du Tristan  © Frédéric Desmette, Matt Cole / FLPA – Frank Lane Picture Agency / Biosphoto

La Bacchante peut aussi être confondue avec les espèces du genre Coenonympha (genre auquel appartiennent les Fadets), dont certaines présentent une série d’ocelles et une bande claire sur le revers des ailes. Pour les distinguer, prêtez attention à la couleur du papillon : les Coenonympha ont la plupart du temps des teintes orangées tandis que la Bacchante est brune. De plus, le revers de l’aile antérieure des Coenonympha présente souvent un seul ocelle ou pas d’ocelle, tandis que la Bacchante a une série d’ocelles en bordure de cette aile.

Fadet des garrigues (Coenonympha dorus) © Michel Rauch / Biosphoto

Une période de vol estivale

La Bacchante vole de juin (parfois mi-mai) à fin juillet en une seule génération. Le papillon vit environ deux semaines. Il vole peu et se pose souvent dans le feuillage bas. Il apprécie la sève qui s’écoule des blessures des arbres mais aussi les excréments d’animaux et vient boire autour des flaques d’eau. À l’occasion, il butine également des fleurs de ronce ou de cerfeuil sauvage. Après l’accouplement, la femelle lâche une quarantaine d’œuf un à un, au rythme d’une dizaine par jour. Les œufs, de couleur verte ou blanchâtre, incubent en dix à douze jours. La chenille se nourrit de diverses Poacées (principalement des Brachypodes et des Molinies) et de Laîches. Elle grandit lentement de juillet à octobre, puis hiverne dans la litière jusqu’au printemps, où elle reprend une croissance plus rapide pour se nymphoser en mai. La chrysalide est suspendue dans la végétation basse et le papillon adulte en émergera deux à trois semaines plus tard.

Chenille de Bacchante © Wolfgang Wagner, http://www.pyrgus.de

Une espèce menacée

La Bacchante est présente du nord de l’Espagne au Japon, en passant par l’Europe centrale, la Russie et la Sibérie.

En France, il s’agit de l’un des papillons qui s’est le plus raréfié au cours du XXe siècle ; elle est d’ailleurs classée quasi menacée dans la Liste rouge des papillons de jour de France métropolitaine.

Ainsi, elle est très localisée mais parfois abondante dans l’Est (Bourgogne, Jura, Préalpes du nord). Elle a disparu de la région Ile de France, où elle était encore commune au XIXe siècle, ainsi que de Normandie, d’Auvergne et de pratiquement tout l’Ouest et le Centre. Elle vit le plus souvent en petites populations isolées, très dispersées dans la moitié sud. À noter également, la Bacchante est protégée sur l’ensemble du territoire métropolitain !

Répartition actuelle de la Bacchante en France métropolitaine © Pascal Dupont, 2018 / INPN

Son déclin est fortement lié à la disparition de son habitat. En effet, elle fréquente les lisières, clairières et bois clairs à strates herbacée et arbustive développées et diversifiées, jusqu’à 1100m d’altitude. La Bacchante a besoin de lumière, de chaleur, d’une bonne richesse en herbacées mais aussi d’un couvert arborescent lâche.

Ainsi, l’abandon des pratiques comme le pâturage extensif des bois clairs ou le traitement en taillis sous futaie lui est fortement préjudiciable car les buissons envahissent les clairières, entraînant la disparition des plantes et animaux forestiers dépendants de la lumière et de la chaleur. La Bacchante est également impactée par le goudronnage des chemins forestiers, la fauche inadaptée des lisières, la destruction des linéaires de haies…

Il est à noter que ce papillon se déplace peu, rarement plus de 100m, et les échanges entre populations sont limités si elles sont éloignées de plus de 700m. Ainsi, il est particulièrement impacté par la fragmentation des habitats, qui rompt les échanges entre les populations. Les grandes cultures, par exemple, sont pour lui un obstacle difficilement franchissable.

Ainsi, pour aider à la conservation de la Bacchante, il est nécessaire d’entretenir les sous-bois en maintenant une ouverture suffisante. Les stations identifiées doivent être maintenues, mais il faut également porter une attention particulière aux corridors permettant les échanges d’individus entre populations. Pour en apprendre plus sur les corridors écologiques, leurs intérêts et connaître des gestes simples à mettre en place chez soi pour y contribuer, nous vous invitons à découvrir cet article.

Sources :

Jacquot P., 2012. Les papillons menacés en Franche-Comté. Bacchante Lopinga achine (Scopoli, 1763). Union européenne, Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Franche-Comté, Conseil régional de Franche-Comté. 2 p.

Lafranchis, T., 2000. Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 448p.

Lafranchis, T. et al., 2015. La vie des papillons. Écologie, Biologie et Comportement des Rhopalocères de France. Éditions Diatheo. 751 pages. Ryelandt J., 2016. Fiche technique d’aide à la gestion et à l’entretien des biotopes de la bacchante Lopinga achine (Scolopi, 1763). CBNFC-ORI. 8 p.

Ryelandt J., 2016. Fiche technique d’aide à la gestion et à l’entretien des biotopes de la bacchante Lopinga achine (Scolopi, 1763). CBNFC-ORI. 8 p.