L’Observatoire de la Biodiversité des Forêts vous envoie à la recherche de plusieurs espèces appartenant à différents groupes. Nous vous proposons dans cet article de découvrir les lépidoptères. Les papillons, ces magnifiques insectes volants sont indispensables à la biodiversité : ils font partie de l’écosystème de la forêt et participent à la pollinisation des fleurs des plantes et des arbres. Noé vous propose de découvrir leur monde : comment s’intègrent-ils dans cet habitat particulier ? Quel est leur rôle ? Comment les approcher et les prendre en photo ? Les réponses à ces questions et plus encore se trouvent dans cet article qui vous présente ces insectes vifs et splendides.
Particularités de l’anatomie des lépidoptères
Les papillons sont des insectes aux ailes recouvertes d’écailles, dont ils tirent leur nom : « lepis » signifie « écaille » en grec et « pteron » signifie « aile ». Ils possèdent deux paires d’ailes, larges et colorées, dont le dessus et le dessous sont ornés de motifs et de couleurs variés. Les ailes des papillons adultes leur apportent de nombreux avantages, ce qui explique l’importance primordiale qu’elles ont acquise au cours de l’évolution. Elles leur permettent de réguler leur température, de se camoufler et de faire peur à leurs prédateurs. Les différentes espèces ont des caractères précis qui permettent aux experts et amateurs de les identifier. Pour découvrir plus en profondeur l’anatomie des ailes, nous vous invitons à consulter cet article.
Afin de se nourrir, ils sont munis d’une trompe, qui leur permet d’extraire le nectar du plus profond des fleurs, ou d’autres liquides nutritifs comme la sève suintant de blessures d’arbres chez certaines espèces. Ils peuvent la déplacer sans bouger leur tête, et la replier en spirale au repos. Leurs yeux composés leurs permettent de détecter les mouvements dans un champ de vision très large. Ils voient très bien les couleurs, notamment dans les ultraviolets, ce qui leur permet de reconnaître leurs pairs et les fleurs nectarifères.
Ils sont très légers, ce qui leur permet de se déplacer en profitant des courants d’air. Ils sont donc très sensibles aux vents forts.
Au cours de leur cycle de vie, les lépidoptères passent par une phase de métamorphose. La chenille, avec son appareil buccal broyeur et ses pattes courtes, devient un papillon avec un appareil suceur, des ailes et de longues pattes. Le papillon obtient également son appareil génital, qui lui permettra de se reproduire. Le passage par la chrysalide est énergivore et chronophage, mais permet au papillon d’obtenir un corps parfaitement adapté à son environnement.
Les chenilles quant à elles se déplacent en rampant, à l’aire de leurs trois paires de pattes mobiles et de leurs fausses pattes, situées à l’arrière de leur corps. Elles peuvent produire de la soie, qu’elles utilisent parfois pour se faire des cocons, se déplacer, s’accrocher aux tiges ou replier des feuilles. Elles se nourrissent des feuilles et tiges de leur plante-hôte grâce à leur appareil buccal broyeur.
Comportement et modes de vie
Les papillons aiment les climats ensoleillés, avec peu de vent et de précipitations. La forêt est donc un milieu accueillant, coupant les vents forts et interceptant les pluies. Les papillons forestiers vivent principalement dans la strate herbacée, où ils peuvent trouver de la nourriture. Quelques espèces préfèrent la cime des arbres comme le Grand Mars changeant et des espèces de Sylvains. Les forêts trop denses ne laissant pas passer suffisamment de lumière ne permettent pas aux papillons de s’installer. C’est pourquoi on les retrouve en lisière de bois, en bordure de cours d’eau, ou dans les clairières fleuries.
Ce sont des consommateurs primaires, les chenilles se nourrissant de plantes et de jeunes tiges, les adultes du nectar des fleurs ou d’autres liquides nutritifs (sève des arbres, fruits mûrs, excréments d’animaux…). On trouve les chenilles et les chrysalides sur les plantes herbacées, dans le sol ou dans les arbres. Les adultes se reposent sur l’écorce et les feuilles, ou volent de fleur en fleur. On peut souvent en observer se reposant au soleil.
La période de reproduction commence au printemps. Après avoir trouvé un partenaire et s’être accouplée, la femelle va trouver l’endroit idéal pour pondre ses œufs : souvent au revers d’une feuille de sa plante-hôte. De nombreux œuf sont pondus à la fois car ils ne pourront pas tous atteindre l’âge adulte.
Les lépidoptères peuvent être visés par les insectivores assez rapides pour les attraper, comme les oiseaux et les musaraignes qui mangent papillons ou chenilles. Les œufs sont les proies des araignées, des punaises. Ils peuvent également être chassés par des guêpes, des mantes religieuses, ou infestés par des parasitoïdes, au stade d’œuf, de chenille ou de chrysalide.
Pour se défendre, ils optent principalement pour des stratégies de camouflage, ainsi, les chenilles se fondent dans la masse verte de la végétation, les chrysalides et les adultes disparaissent sur l’écorce, les tiges ou dans la terre. Mais certains arborent des couleurs vives au stade de chenille ou de papillon, souvent indicateurs de la présence de toxines pour leurs prédateurs !
Quelques conseils pour les observer
La saison d’observation des lépidoptères diurnes commence en mars et s’étend tout au long du printemps et de l’été, jusqu’au début de l’automne. On aperçoit le plus de papillons par temps ensoleillé, avec peu de vent et des températures relativement élevées. On les trouve dans les prairies, en lisière de bois, au bord des cours d’eau, là où on va retrouver leurs plantes-hôtes et des plantes nectarifères.
La pluie persistante et l’humidité est dangereuse pour les adultes qui peuvent être attaqués par des moisissures lorsqu’ils restent abrités et immobiles. Ils sont aussi plus sujets aux attaques de prédateurs, ayant moins de marge de fuite.
Si vous partez à la recherche d’une espèce en particulier comme le propose l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts, vous pouvez donc prévoir votre sortie en fonction de la météo. S’il faut sortir par temps couvert ou clair, en début, en milieu ou en fin de journée, tout dépend de l’espèce recherchée et de son habitat.
Après avoir repéré un papillon, patienter et bien observer permet souvent de repérer les caractères nécessaires à son identification. Pour le prendre en photo, il faut éviter de projeter son ombre sur le papillon, il pourrait prendre peur et fuir. Il est conseillé d’essayer de ne pas l’attraper avec un filet ou de le toucher pour éviter de l’abîmer ou de le perturber.
L’INPN vous conseille de prendre en photo le dessous et le dessus des ailes, ainsi qu’une photo de l’individu en entier.
Ce faisant, pour assurer la protection des espèces et de leur habitat, il ne faut pas faire trop de dégâts en essayant de les approcher et de les trouver. Il faut par exemple éviter d’écraser ou de briser les plantes-hôtes, qui pourraient porter des œufs ou des chrysalides, ou les plantes à fleurs.
Pour en savoir plus, découvrez l’Opération Papillons !
Lancée en 2006 par Noé et le Muséum National d’Histoire Naturelle, l’Opération Papillons propose à tous les citoyens de suivre les papillons et chenilles de leur jardin. En participant vous aidez les scientifiques à améliorer les connaissances sur les papillons et à comprendre l’impact de l’urbanisation, du climat ou encore des pratiques au jardin sur ces espèces.
Pour participer, c’est très simple, nul besoin d’être un spécialiste ! Le comptage des papillons peut s’effectuer dans un jardin privé, public ou sur un balcon. Une fois que vous avez localisé et décrit votre jardin sur le site des Sciences Participatives au Jardin, vous pouvez commencer à observer !
Sources :
Lafranchis, T. et al. (2015) La vie des papillons. Éditions Diatheo. 751p.
Lafranchis, T. (2000) Les Papillons de jour de France,Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 448p.