Dans le cadre des Missions forêt de l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts, Noé vous propose de découvrir le monde des gastéropodes terrestres : les escargots et les limaces. Mais comment vivent ces animaux d’origine aquatique sur terre ? Quel est leur rôle dans la dynamique des espèces ? Et comment les observer ? Les réponses à ces questions et plus encore se trouvent dans cet article qui vous présente ces petits porteurs de tentacules.
Particularités de l’anatomie des gastéropodes
Les escargots et limaces sont des mollusques, d’origine aquatique, qui vivent sur terre. Il est indispensable pour eux de rester humides pour ne pas sécher. Lutter contre la déshydratation est la priorité absolue : pour y parvenir, différentes stratégies sont apparues au cours de la conquête de la terre sèche.
La coquille de l’escargot lui permet de rester humide en permanence. Elle est formée de trois couches : une couche de nacre où vit le mollusque, une couche de calcaire semblable à son squelette, et une couche externe pigmentée. Cette maison est volumineuse et lourde mais offre un véritable refuge à son habitant, lui permettant de se cacher à tout moment. La coquille croît lentement depuis le centre de sa spirale vers l’extérieur, pour la grande majorité des espèces dans le sens des aiguilles d’un montre. La croissance s’interrompt en hiver et en été pendant les périodes de sommeil. Ces arrêts laissent voir des strates sur la surface de la coquille. Quand la croissance est terminée, l’escargot est un adulte !
Une coquille qui tourne dans le sens des aiguilles d’une montre est dextre, sinon on dit qu’elle est sénestre. Les coquilles sénestres sont extrêmement rares et sont très convoitées par les collectionneurs.
Le corps de ces mollusques est recouvert de mucus, cette « bave » est un véritable trésor pour les gastéropodes. Il s’agit d’une barrière remarquable contre les infections et les bactéries, qui maintient l’hydratation de la peau et limite les pertes d’eau. Elle agit en tant que barrière mécanique, permettant aux escargots et limaces de ramper sur les surfaces les plus dangereuses, comme une lame de rasoir. C’est également une colle, qui permet aux individus de se percher à l’envers, malgré le poids de leur coquille. Au besoin, le mucus peut permettre de « fermer » la coquille en formant une couche imperméable, limitant les pertes d’eau mais laissant l’air passer.
Les limaces sont des escargots sans coquille, elles n’en gardent qu’un vestige plus ou moins développé selon les espèces. Elles sont beaucoup plus vulnérables à la déshydratation mais sont beaucoup plus rapides, n’étant pas ralenties par leur coquille. Elles sont donc capables de se réfugier rapidement sous terre et dans les recoins humides. Le nom de « semilimace » est attribué aux limaces possédant une coquille mais qui ne peuvent pas s’y réfugier. Par exemple, la Semilimace des plaines a une coquille fine, fragile et transparente au travers de laquelle on aperçoit ses organes.
Pour être conscient de son environnement, le gastéropode possède deux paires de tentacules. Les tentacules supérieurs possèdent un œil chacun à leur extrémité, ou à leur base selon les espèces. Ces yeux offrent une vision de très près, ne dépassant pas 1 cm. Pour se diriger, ils se fient à leurs autres sens : l’odorat et le toucher. Les tentacules inférieurs sont dirigés vers le sol, et surveillent son mouvement. Ils permettent aussi de détecter le mucus d’autres individus, resté sur le sol après leur passage.
Comportement et modes de vie
Dans la forêt, les gastéropodes vivent dans les strates herbacée et muscinale : le sol et les plantes et fleurs. Leurs sources de nourriture diffèrent selon les espèces, souvent des plantes, mais également des débris, des carcasses, d’autres animaux ou des membres de leur espèce. Ils rongent leurs aliment grâce à la radula, leur langue dentelée.
Pour rester humides, ils fuient le soleil ; on peut donc les retrouver à l’abri dans les talus, sur les murets, au bord des fossés, des chemins, des champs et dans les bois. Pour éviter le gel, ils hibernent dès que la température descend en dessous de 12 °C.
Lorsque les températures remontent et que les premières pluies arrivent, ces animaux d’origine aquatique ressortent pour profiter de l’abondance de l’eau et reprennent leur croissance si besoin. Vient alors avec le printemps l’heure de perpétuer l’espèce. La plupart des gastéropodes sont hermaphrodites, chaque individu possède les organes reproducteurs des deux sexes : lors de l’accouplement, les deux individus échangent leurs spermatozoïdes et sont tous les deux fécondés. La ponte a lieu dans l’humus, dans une cavité creusée par l’escargot à une dizaine de centimètres sous terre. C’est un processus très lent : jusqu’à une centaine d’œufs sont pondus et chaque ponte peut prendre jusqu’à une demi-heure par œuf ! Les premiers à éclore sont translucides et fragiles, et auront besoin d’un maximum d’énergie pour commencer leur croissance. Ils commencent par manger les autres œufs, processus naturel chez les gastéropodes, avant de s’aventurer en dehors du mini terrier.
La construction de la coquille demande beaucoup de calcium, trouvé dans l’alimentation. Pour compenser une quantité trop faible, les gastéropodes peuvent parfois être observés en train de « râper » de la roche.
Quelques conseils pour les observer
Ces petits animaux rampants ont horreur du soleil, mieux vaut sortir par temps pluvieux ou très humide, et chercher dans les recoins à l’ombre, sous les feuilles et sur les tiges. Ils sont capables de grimper à toute hauteur et sur toutes les surfaces. Ils sont très fragiles : il faut éviter de les toucher et bien faire attention à ne pas les écraser.
Afin de pourvoir identifier les escargots, il est conseillé de prendre trois photographies : une dorsale, une ventrale, et un plan clair de l’ouverture de la coquille. La hauteur de la coquille et son diamètre sont également de bons indicateurs de l’espèce, il est donc utile de garder une règle sur soi, où d’avoir un objet en tant qu’échelle. Identifier la forme de la coquille permet de guider les recherches : elle peut être conique, globuleuse, discoïde ou cylindrique.
Pour les limaces une vue du profil droit et du ventre est recommandée, en faisant bien attention de ne pas malmener l’animal.
Pour en savoir plus, découvrez l’Opération Escargots !
Lancée en 2009 par Noé et le Muséum national d’Histoire naturelle, l’Opération Escargots propose à tous les citoyens de suivre les escargots et limaces de leur jardin. Après un arrêt de quelques années qui a permis de repenser la manière d’y participer, l’Opération Escargots revient sur QUBS, la nouvelle plateforme participative de suivi de la qualité biologique des sols. Si la nouvelle interface facilite la saisie des données, la principale nouveauté est l’utilisation de la photographie dans le protocole : chaque spécimen sera photographié et la photographie mise en ligne, permettant ainsi de développer un réseau d’aide à l’identification, d’échanges et de validation par la communauté d’observateurs et les scientifiques. Des outils pédagogiques revus et réactualisés viennent compléter la nouvelle formule de l’Opération Escargots. N’hésitez pas à nous rejoindre !
Sources :
- Vigie-Nature, Mais où sont-ils passés, https://www.vigienature.fr/fr/actualites/sont-ils-passes-3304
- Gastéropodes, coquille des gastéropodes, escargot. Wikipedia France, consultés le 25/10/2022
- Ramassage des escargots, Ooreka, consulté le 25/10/2022
- Un Alien au jardin, dossier de Julien Perrot, Revue Salamandre, n° 221, pages 20 à 43