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De nouveaux bilans de quêtes sont disponibles !

Trois missions ont été closes à la fin de 2022 : les quêtes du Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) et du Morio (Nymphalis antiopa), lancées au printemps, et la quête de la Langue de bœuf (Fistulina hepatica), lancée à l’automne.

À partir des données que vous avez récoltées, nous avons pu confirmer la présence de ces espèces dans de nombreuses communes où elles n’avaient pas été observées auparavant, ainsi que dans deux nouveaux départements pour la Langue de bœuf.

La mission de la Langue de bœuf a compté plus de participants que l’année précédente, merci à tous les observateurs !

Pour plus de détails, voici les bilans de ces « Missions forêt » : 

Nous vous donnons rendez-vous au printemps pour l’ouverture de nouvelles quêtes ! En attendant, n’hésitez pas à participer aux trois quêtes en cours : la Salamandre tachetée, le Polypore soufré et l’Élégante striée.

Les interactions biotiques ou comment vivre ensemble 

Comme sur un champ de bataille, chaque espèce de la forêt possède des alliés, des cibles et des ennemis. L’entraide est un très bon moyen de survivre dans un milieu où la recherche et l’obtention de nourriture est la première préoccupation. Cependant, dans le cas où l’association n’est pas équilibrée, la relation n’est pas profitable aux deux individus, et peut parfois être dangereux pour l’un d’entre eux.

Symbiose et mutualisme

Lorsque deux espèces s’allient de façon bénéfique pour les deux, on parle de mutualisme ou de symbiose. La symbiose est une dépendance entre deux espèces pour la survie. Le mutualisme n’est pas spécifique. Par exemple, le lien qui relie les insectes pollinisateurs et les plantes à fleur est mutualiste, ce ne sont pas deux espèces en particulier qui sont reliées. Certaines fourmis vivent avec un acacia, l’arbre leur donne refuge et nourriture, et les fourmis le défendent contre les prédateurs et les autres plantes. Les lichens sont une symbiose entre un champignon et une algue, qui peuvent coloniser des supports stériles. Le figuier sauvage dépend de la guêpe du figuier (Blastophaga psenes) pour sa pollinisation. La femelle pond ses œufs dans des fleurs qui donneront un fruit non comestible, où se développera la descendance de la guêpe. Elle visite également des fleurs semblables mais qu’elle ne parvient pas à parasiter, ce faisant, elle les féconde avec le pollen qu’elle porte. C’est une symbiose, les deux espèces dépendent l’une de l’autre pour leur reproduction.

Une association très intéressante pour la forêt est le mutualisme qui unit les arbres et les champignons, les mycorhizes. Les champignons se fixent sur les racines et développent des structures filamenteuses à travers le sol, autour des racines. Ils multiplient ainsi la surface d’absorption des racines de 10 000. En retour, les arbres leur confèrent des sucres dont ils ont besoin pour croître. Cette relation est indispensable à la mise en place et à la pérennité de la forêt. Elle permet d’instaurer un véritable réseau de communication entre les végétaux, qui peuvent se développer en puisant moins de ressources dans le sol, le champignon permettant l’utilisation d’éléments alternatifs. Certains champignons que nous ramassons sont la partie reproductrice de ces filaments, étendus jusqu’à la surface. C’est le cas des bolets et des truffes par exemple, des champignons que l’on retrouve spécifiquement au pied de certains arbres.

Mais attention, la mycorhize n’est pas toujours mutualiste : un déséquilibre dans la relation et les échanges d’éléments peuvent la faire passer dans le parasitisme.

Parasitisme

 Il s’agit d’une association qui est bénéfique à l’un et néfaste pour l’autre. Ceci se traduit souvent par un prélèvement de nourriture du parasite à l’hôte. C’est ce que font de nombreux champignons et notamment certains arthropodes comme les puces et les tiques. Le coucou est un parasite de couvée des oiseaux : il pond dans le nid des passereaux, leur volant un œuf. Le bébé coucou va éclore avant les passereaux, il pousse les œufs hors du nid pour être le seul petit, et les parents passereaux le nourriront à la place de leurs petits. Les coucous ne nichent pas et parasitent les nids des autres espèces, tuant leur vraie descendance. Autre exemple, l’amadouvier est un parasite des feuillus. Il profite des blessures des arbres pour d’y fixer et se nourrit des molécules circulant dans le tronc. Au bout de quelques années d’implantation, l’amadouvier épuise et tue son hôte.

Un parasite qui tue son hôte est un « mauvais » parasite, il ne peut pas survivre sans son hôte. Par exemple, la graphiose de l’orme est une infestation de l’orme par le champignon Ophiostoma ulmi. Il sécrète des substances toxiques dans la sève, bouchant les vaisseaux de l’arbre et entraînant un dessèchement de la cime. Un arbre condamné ne peut pas être sauvé. Les ormes ont presque disparu d’Europe à cause de ce champignon. S’il cause leur extinction, il s’éteindra lui aussi.

Il existe des parasites qui tuent « intentionnellement » leurs hôtes. Ce sont les parasitoïdes. Un exemple connu est le parasitisme d’insectes par des guêpes. Les guêpes vont pondre les œufs sur un insecte ou dans un insecte. Dès l’éclosion, les larves vont commencer à se nourrir de l’hôte et vont le consommer intégralement lors de leur développement. Les chrysalides des papillons sont notamment la cible de ces guêpes (plus d’informations dans cet article). Les papillons peuvent également être des parasites en s’infiltrant dans des fourmilières, on parle de chenilles myrmécophiles.

Commensalisme

Littéralement, le commensalisme désigne le partage de la nourriture entre hôte et compagnon, le commensal. La définition est étendue à une association bénéfique pour le commensal, et neutre pour l’hôte. Ce bénéfice peut être de la protection, du transport ou de l’obtention de nourriture. Par exemple, certains mulots cohabitent avec des blaireaux, certaines chouettes nichent dans les cavités creusées et laissées par les pics noirs.

Consommation

La consommation a lieu sans échange : un animal consomme un être vivant. On parle de prédation, la proie est un végétal vivant ou un animal vivant. Cette forme de nutrition requiert la mort de la proie. Dans les deux cas, il n’y a pas de coopération entre les espèces, l’une chasse l’autre. Cette relation est une pression qui a favorisé au cours de l’évolution l’apparition de certains caractères et comportements chez les proies et les chasseurs. Les proies animales et végétales ont développé des stratégies de défense (odeur des putois), de camouflage (fourrure blanche en hiver), de fuite (course rapide, enfouissement), d’avertissement de toxicité (couleur des amphibiens) ou encore de mimétisme (écailles des papillons).

Toutes ces interactions se sont mises en place au cours de l’évolution et sont la preuve de l’ingéniosité des espèces : l’évolution simultanée des organismes leur permet d’adopter les caractères facilitant leur mode de vie (appareil buccal accrocheur des puces, pattes rebondissantes des lièvres) tout en délaissant les caractères superflus (ailes des puces), tout cela en fonction de leur environnement, de leur habitat et des espèces avec lesquelles ils cohabitent.


Crédit de la photo principale : Pic noir (Dryocopus martius) et Ecureuils roux (Sciurus vulgaris), Parc naturel régional des Vosges du Nord classé Réserve mondiale de Biosphère par l’UNESCO © Michel Rauch / Biosphoto

Sources :

Les quêtes automnales sont de retour !

Les saisons changent et les missions aussi ! Cette année, nous rouvrons les deux quêtes automnales de l’année dernière : la Langue de boeuf et la Salamandre tachetée.

La Langue de boeuf (Fistulina hepatica)

Le chapeau de la Langue de boeuf est épais et peut mesurer jusqu’à 25 cm de diamètre. Il est d’une couleur rouge sombre. La Langue de boeuf peut être trouvée sur les vieux chênes et châtaigniers. Elle a une texture molle, le dessus brillant pouvant parfois sécréter un liquide rouge. Sa surface inférieure est formée de petits tubes collés les uns contre les autres formant des pores. Ces tubes sont indépendants les uns des autres et peuvent être écartés. Les plus jeunes sont comestibles.

(En savoir plus)

Langue-de-boeuf sur un tronc de Chaîtaignier © Marcos Veiga / biosphoto

La quête sera ouverte jusqu’au 31 novembre 2022.


La Salamandre tachetée (Salamandra salamandra)

La salamandre tachetée est un amphibien discret pouvant mesurer jusqu’à 20 cm de long. Son corps est noir, recouvert de taches jaunes irrégulières. Sa peau est lisse et brillante. Elle a le museau rond et des yeux très noirs. Elle aime sortir en temps humide, et sera donc observable pendant ou suivant un épisode pluvieux.

(En savoir plus)

Salamandre tachetée sur de la mousse, Auvergne France ; Lieu : Vernet-la-Varenne

Cette quête restera ouverte pendant un an, pour mesurer l’évolution des populations au cours de l’année.

La quête du Grand Mars changeant reste ouverte jusqu’à fin septembre, celle du Sonneur à ventre jaune jusqu’à fin octobre, et celle du Morio jusqu’à fin novembre. Celles du Polypore soufré et de l’Élégante striée restent disponible jusqu’à la fin de l’hiver.

Pour rappel, les observations sont recensées grâce à l’application INPN espèces, dont voici le guide d’utilisation.

Nous vous souhaitons à toutes et à tous de très belles observations !


Crédit de la photographie d’en-tête : Cerf élaphe (Cervus elaphus) debout derrière un arbre © Frédéric Desmette / Biosphoto

Un champignon sans pied qui sent le poulet : c’est le Polypore soufré !

Un champignon sans pied

Le Polypore soufré (Laetiporus sulphureus) est un champignon assez particulier : il pousse directement sur les arbres, vivants ou morts. En effet, il n’a pas de pied, seulement une base épaisse nommée « chapeau », située dans le prolongement du sporophore, la partie aérienne des champignons, et sur lequel vient s’imbriquer plusieurs individus. Ce chapeau est d’abord en forme de tubercule puis devient un peu plus irrégulier et bosselé avec une marge plutôt arrondie et ondulée. Il est de couleur jaune à orange, parfois blanchâtre au-dessus et jaune citron ou jaune soufré en dessous. Il est constitué de plusieurs couches successives et d’une multitude de petits tubes. 

Le Polypore soufré mesure de 10 à 60cm de large, de 10 à 30cm de profondeur et de 1 à 5cm d’épaisseur environ. 

Le bois mort comme met préféré

Présent du printemps à l’automne, le Polypore soufré pousse en plaine et aime les zones humides aux températures assez basses. Il n’est également pas rare de le voir après d’importants épisodes pluvieux qui amènent une certaine humidité qu’il apprécie tout particulièrement. 

C’est un champignon très abondant qui se rencontre notamment dans les forêts de feuillus comme les chênes, les châtaigniers, les peupliers, les robiniers voire parfois les pruniers et les platanes, et plus rarement les conifères. On peut le rencontrer sur des arbres vivants où il peut recouvrir un tronc entier, mais ils apprécient particulièrement les arbres morts en décompositions. C’est un champignon saprophyte : il se nourrit de substances mortes en détournant les substances nécessaires à son développement au détriment de l’arbre. En se nourrissant de cette matière organique en décomposition, il sécrète un liquide jaunâtre à brun qui va se répandre sur d’autres arbres, vivants ou morts. 

De ce fait, il est parfois considéré comme un champignon parasite : il s’incruste dans les plaies de l’écorce de ses hôtes qu’il achève sur plusieurs années. Essentiel sur des troncs abattus, des souches et branches diverses, il a donc un rôle écologique assez important dans la décomposition des végétaux notamment des arbres. 

Le poulet des bois 

Comestible, il se consomme uniquement quand il est jeune car en vieillissant, il s’effrite et devient trop coriace. Sa chair est assez molle et a une forte odeur de poulet et de champignon de Paris à son stade juvénile. Nos amis anglo-saxons l’ont même surnommé « chicken of the wood », le poulet des bois. En effet, d’aspect, de texture et même de goût, sa chair ressemble à celle du poulet. Attention car mangé cru, il peut provoquer des effets secondaires chez certaines personnes (maux de ventre, vertiges…).

 

Son cousin géant

Âgé ou desséché, on peut facilement le confondre avec son cousin le Polypore géant (Meripilus giganteus). Mais chez ce dernier, également comestible, le chapeau est ocre et de forme plus arrondie mais surtout il noircit avec l’âge. 

Si vous rencontrez un Polypore soufré lors de vos balades en forêt, n’hésitez pas à partager vos observations grâce aux Missions forêt de Noé ! Voici un lien pour vous rappeler comment participer à ces quêtes et un tutoriel vidéo pour savoir comment ajouter vos observations via l’application INPN Espèces. Alors bonnes recherches et bonnes observations à tous ! 

Une nouvelle saison et de nouvelles quêtes !

Après le succès des précédentes quêtes d’automne, Noé renouvèle l’expérience ce printemps en vous proposant quatre nouvelles espèces à rechercher lors de vos balades en forêt. Rendez-vous sur l’application INPN Espèces mais avant, voici une petite présentation de ces quatre espèces forestières !  

Fin octobre 2021, nous vous avions proposé de partir à la recherche de trois espèces : la Salamandre tachetée (Salamandra salamandra), la Soucoupe commune (Helicigona lapicida) et la Langue de bœuf (Fistulina hepatica). Les résultats avaient été très concluants avec de nombreuses observations dont quatre de Langue de bœuf qui sont venu confirmer la présence dans 4 départements qui n’avaient jusque-là pas d’informations. Si vous souhaitez avoir le bilan complet de ces quêtes d’automne, le voici ici ! Les données récoltées permettent d’alimenter la base de données de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) et d’améliorer les connaissances sur les espèces et leur répartition. Si vous souhaitez participer à des missions de découverte des espèces forestières tout en contribuant à améliorer les connaissances sur la biodiversité de ce milieu, vous êtes au bon endroit !

Soucoupe commune (Helicigona lapicida), N.A Callow

Et ce printemps, ce ne sont pas trois mais quatre espèces qui vous sont proposées : le Morio (Nymphalis antiopa), l’Elégante striée (Pomatias elegans), le Polypore soufré (Laetiporus sulphureus) et le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata). Ces quatre espèces vous permettront de découvrir la diversité forestière à une saison particulièrement propice aux observations naturalistes. Voici donc une petite présentation afin de mieux les connaitre et les reconnaitre

Le Morio (Nymphalis antiopa) :

Le Morio ou « Mantea royal » (Nymphalis antiopa), M. Rauch

Mesurant jusqu’à 75mm, c’est une des plus grandes espèces de papillon français de la famille de Nymphalidae. Ce papillon assez sombre et facile à reconnaitre est diurne et hiverne à l’état adulte, ce qui accroit particulièrement sa longévité : il peut facilement atteindre les 10 mois de vie. Les chenilles, de couleur rouge orangé et parcourues de piquants, sont visibles à partir de fin avril/début mai sur diverses espèces d’arbres comme le bouleau, le peuplier ou le saule. Car le Morio privilégie les arbres pour pondre et trouver sa nourriture. Il préfère en effet la sève des arbres, les fruits mûrs voire fermentés ou les sécrétions mielleuses des pucerons que le nectar des fleurs. Auparavant très abondant, le Morio est aujourd’hui une espèce plus discrète voire rare dans certains départements à cause notamment de la disparition de son habitat. Un portrait complet de cette espèce est disponible à ce lien. Vous pouvez participer à la quête Morio jusqu’au 30 novembre 2022.

L’Elégante striée (Pomatias elegans) :

Elégante striée (Pomatias elegans), B. Dubreuil

Cette espèce d’escargot à coquille en forme de cône mesure entre 13 et 18mm de haut et est de couleur brune à violacée en passant par le blanc orangé avec des striures plus sombres à rougeâtres. L’Elégante striée dispose d’un opercule qu’elle peut fermer pour se protéger des prédateurs. Elle fréquente les forêts à sol calcaire, trouvant refuge dans des bosquet ou de petits buissons mais on peut également l’observer dans des zones plus ouvertes comme des prairies, des zones littorales ou montagneuses. Elle n’est pas hermaphrodite, les sexes sont séparés et la femelle est plus grande que le mâle. Après l’accouplement, elle pond une cinquantaine d’œuf un par un. Après 20 jours, les œufs éclosent. Les adultes se nourrissent essentiellement de végétaux en décomposition comme le bois ou les feuilles. La quête Elégante est disponible jusqu’au 28 février 2023.

ATTENTION : Elle est très semblable à l’Elégante des calanques (Tudorella sulcata), présente sur le pourtour méditerranéen. La coquille est plus brune rougeâtre mais possède surtout des striures plus épaisses et moins nombreuses.

Le Polypore soufré (Laetiporus sulphureus) :

Polypore soufré (Laetiporus sulphureus), D. Delfino

Le Polypore soufré est une espèce assez particulière de champignon car il ne possède pas de pied : il est directement appliqué au support. Mesurant environ 50cm de longueur, il est reconnaissable à sa surface assez rugueuse, sa chair épaisse, sa couleur jaune rosé et est constitué de plusieurs imbrications bosselées. Il a également une forte odeur faisant penser à de la chair de poulet. Il s’agit d’un champignon parasite saprophyte, qui se nourrit de bois vivant. Avec son action, il attire une biodiversité riche et notamment des insectes xylophages. On le retrouve ainsi sur diverses essences de feuillus, de chênes aux châtaigniers en passant par les peupliers et plus rarement sur les conifères. Champignon comestible uniquement au stade juvénile, il se développe du printemps à l’automne et peut aisément atteindre les 10kg. Cette quête est accessible pour une durée d’un an, soit jusqu’au 28 février 2023.

ATTENTION :  Le Polypore soufré est très proche d’un autre Polypore : le Polypore géant (Meripilus giganteus). Ce dernier peut se différencier par la couleur de son chapeau brun-ocre et sa taille pouvant atteindre 80cm. Contrairement au Polypore soufré, il ne se développe qu’à la base du tronc souvent de hêtres et de chênes, et il a tendance à noircir avec l’âge.

Le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) :

Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), M. Rauch

Ce petit crapaud n’excède en effet pas les 5cm de long pour un poids d’environ 15g. La couleur très atypique sur son ventre, jaune taché de noir, permet de dissuader de potentiels prédateurs. Si besoin, il peut se servir de sa peau pour libérer un liquide visqueux et irritant à l’odeur nauséabonde. Outre son ventre, le reste de son corps est brun gris terne parcouru de verrues cutanées, parfois couplées de petites épines noires et il possède des pupilles en forme de cœur. Il affectionne tout particulièrement les habitats humides, les bocages, les prairies ou les lisières de forêts dans des dessous de pierres, de souches, dans la vase, la mousse ou dans les fissures des sols et les galeries. Actif de jour comme de nuit, il ne s’éloigne toutefois jamais très loin d’un point d’eau, à la recherche de petits coléoptères. A l’approche du printemps, on peut entendre de petits jappements, signe que la saison de reproduction est ouverte. Les femelles pondent en amas et de façon fractionnée entre une dizaine et une cinquantaine d’œuf qui éclosent au bout de 5 jours pour ensuite se changer en têtard. La quête du Sonneur est disponible jusqu’au 31 octobre 2022.

Voici pour la présentation des quatre espèces à recherche en forêt. Pour y participer, c’est très simple. Il faut d’abord télécharger l’application INPN Espèces, disponible gratuitement sur Google Play et l’App Store puis rendez-vous dans l’onglet des quêtes. Cherchez ensuite celles s’intitulant « Mission forêt » et portant le logo de Noé. Vous pouvez ensuite rentrer votre observation en y ajoutant une ou des photo(s) puis le nom de l’espèce, en n’oubliant pas de l’enregistrer. Pour vous aider, voici un tutoriel vidéo qui vous montre comment ajouter votre observation depuis l’application.

En espérant vous voir encore plus nombreux en cette nouvelle saison !

Nous vous souhaitons de belles observations !

Allumez le feu avec l’Amadouvier

Ni animaux, ni végétaux, les champignons forment un règne à part appelé la « fonge » (Fungi). D’une grande diversité, il existe près de 9 600 espèces de champignons à chapeau et plus de 3 000 lichens rien qu’en France métropolitaine (100 chiffres expliqués sur les espèces – INPN, 2020). Capables de coloniser n’importe quel milieu, les champignons poussent dans tous types de forêts tant que les conditions environnementales le leur permettent.

Bien particuliers, ils sont à la fois visibles et invisibles : même si vous ne les voyez pas, ils sont bel et bien présents ! En effet, ils sont constitués d’un vaste réseau de filaments appelé mycélium, présent sous terre ou dans les arbres, qui représente 99% de leur poids. Et lorsque les conditions de température et d’humidité sont favorables, il y a fructification : deux de ces mycélium dits primaires fusionnent pour donner un mycélium secondaire en surface, qu’on appelle carpophore (ou sporophore). C’est l’appareil reproducteur, qui n’équivaut qu’à 1% du poids du champignon dans son ensemble ! Il correspond au champignon visible, celui du langage courant, avec un chapeau et parfois un pied.

Le « champignon » auquel on s’intéresse aujourd’hui est l’Amadouvier (Fomes fomentarius). C’est un basidiomycète, de la classe Agaricomycetes et de la famille des Polyporacées. Dépourvu de pied, ce champignon pousse en forme de sabot de cheval (ou de console) sur le tronc des arbres.

© Amadouvier (Fomes fomentarius) – Visions Pictures

Pouvant atteindre jusqu’à 50cm de diamètre, son chapeau massif arbore une teinte brun foncé quand il est jeune, qui vire par la suite au brun pâle voire grisâtre. Il est bossu au sommet et gravé de sillons concentriques formant des bourrelets jusqu’à la marge qui délimite le bourrelet inférieur (le plus jeune). Cette dernière est irrégulière et de couleur claire. L’hyménium, la partie fertile du carpophore, se trouve sur la face inférieure de l’Amadouvier. Il est constitué de tubes longs et stratifiés, de couleur ocre à brunâtre, qui débouchent sur des pores de toute petite taille, gris à brunâtre. Les organes de dissémination, appelés spores, s’en échappent et se répandent avec le vent, jusqu’à finir sur un support où un nouveau mycélium primaire pourra se développer.

On trouve l’Amadouvier sur les hêtres principalement, mais aussi sur d’autres feuillus comme les peupliers et les platanes, et exceptionnellement sur des résineux. Il s’installe sur son hôte vivant à l’occasion d’une blessure et le parasite jusqu’à sa mort. Arrivé à ce stade, le champignon se maintient sur son arbre et devient saprophyte, c’est-à-dire qu’il se nourrit du bois en décomposition. Ainsi, il peut vivre plusieurs années sur son hôte : c’est une espèce pérenne.

© Amadouviers (Fomes fomentarius) – Cyril Ruoso

Un champignon aux utilités diverses

Pour les gourmands, l’Amadouvier n’est malheureusement pas un champignon que l’on mange : non pas qu’il soit toxique, mais sa chair coriace lui enlève tout intérêt culinaire.

On peut noter cependant son utilité toute autre pour la préparation de l’amadou. Très inflammable, la chair de l’Amadouvier a été utilisée dès la Préhistoire comme combustible : il suffit d’une étincelle pour qu’elle prenne feu. Cette propriété lui a valu le nom de « polypore allume-feu ».

L’Amadouvier a également servi en médecine pour ses vertus cicatrisantes et hémostatiques : ainsi, il faisait office de pansement pour les blessures légères.

Risque de confusion avec le Polypore marginé

Attention à la confusion avec le Polypore marginé (Fomitopsis pinicola) ! Ce champignon basidiomycète appartient lui aussi à la classe Agaricomycetes, mais fait partie de la famille des Fomitopsidacées. Tout comme l’Amadouvier, le Polypore marginé ne possède pas de pied et pousse en forme de sabot de cheval. Il est cependant de taille plus petite, et son habitat préférentiel est différent : s’installant sur les souches et troncs d’arbres le plus souvent morts, il affectionne principalement les résineux, bien qu’il ne soit pas rare de le trouver sur des feuillus. De plus, les couleurs de son chapeau vont du noir près du bois de l’arbre, au jaune-orangé / rouge vers l’extérieur, tandis que la marge du champignon est plutôt blanc crème.

© Polypores marginés (Fomitopsis pinicola) – SPL Science Photo Library / Bjorn Svensson

En ce mois de janvier où les missions de l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts tournent autour des champignons, pourquoi n’en profiteriez-vous pas pour partir à la recherche de l’Amadouvier et du Polypore marginé ?

Sources :

Office National des Forêts (ONF) – Les champignons

Office National des Forêts (ONF) – Fiche champignon : Amadouvier

Au jardin – Amadouvier, Allume-feu

Futura Planète – A la découverte de l’Amadouvier