Archives pour la catégorie La forêt

Les Araignées

Taxonomie et anatomie

Les araignées sont des Arachnides appartenant à l’embranchement des Arthropodes et au sous-embranchement des Chélicérates.

Cette classe comprend des animaux avec quatre paires de pattes et des chélicères au niveau de la tête (appendice pair caractéristiques des chélicérates, pinces pour les scorpions et crochets pour les araignées). On y retrouve principalement les araignées, les opilions (ou faucheux), les scorpions, les pseudoscorpions et enfin les acariens.

En France, on trouve environ 1710 espèces d’araignées différentes réparties en 48 familles, les plus petites d’entre elles mesurent à peine 1 mm d’envergure (Salticidae) et les plus grandes jusqu’à 17 cm (Eratigena duellica). Elles diffèrent des insectes par leurs quatre paires de pattes (contre trois pour les insectes) et l’absence d’aile et d’antenne. Elles consomment principalement des insectes mais sont omnivores ; nombre d’entre elles se nourrissent aussi de pollen.

© Jean-François Noblet / Biosphoto

 © Stéphane Vitzthum / Biosphoto

Les araignées sont fascinantes à bien des égards. Leur biologie unique en fait des prédateurs redoutables dans le règne animal. Leur corps est divisé en deux parties distinctes : le céphalothorax, où se trouvent les organes sensoriels et les pattes, et l’abdomen, qui abrite les organes vitaux comme les poumons, un système circulatoire ouvert, le cœur et des glandes séricigènes produisant la soie.

© Wikipedia

Ces créatures tirent leur excellente prédation de leurs capacités sensorielles extraordinaires. En effet, elles possèdent des organes sensoriels spécialisés, notamment des poils ultrasensibles aux vibrations pour détecter proies et prédateurs. Elles ont aussi de multiples yeux (entre 6 et 8) qui leur permettent de repérer les mouvements dans différentes directions.

Cycle de vie et reproduction

Les modes de reproduction des araignées varient considérablement d’une espèce à l’autre. Certaines araignées mâles utilisent des rituels de séduction complexes pour attirer les femelles, tandis que d’autres s’engagent dans des combats souvent mortels pour avoir la chance de s’accoupler.

Le cycle de développement des araignées se réalise généralement sur une année. Elles pondent leurs œufs dans un cocon de soie. Ces nids peuvent contenir, selon la taille de l’araignée, entre une centaine et plusieurs milliers d’œufs. Après éclosion, les nouvelles nées subiront entre 6 et 12 mues pour atteindre la taille adulte.

© Pxhere / Cocon d’Argiope frelon

La soie d’araignée est l’une de leurs caractéristiques les plus remarquables. Produite par des glandes spéciales situées dans l’abdomen, la soie sert à la construction de toiles pour capturer les proies, à la création de sacs d’œufs et de leur retraite (une sorte de refuge) et même à la suspension des araignées dans les airs. Elles utilisent également leur soie pour le « ballooning » un phénomène de dispersion dans lequel les araignées éjectent de fins fils de soie et s’envolent littéralement, elles peuvent se déplacer sur plusieurs kilomètres de la sorte.

© Bruno Guénard / Biosphoto

Importance écologique

Les araignées sont également d’une importance écologique majeure. Elles prédatent les insectes, contribuant ainsi à la régulation naturelle de leur populations, ce qui aide à maintenir l’équilibre des écosystèmes. De plus, leurs toiles sont souvent utilisées comme indicateur de la santé environnementale car des changements dans la population d’araignées peuvent refléter des changements plus larges dans l’écosystème.

Cependant, malgré leur utilité écologique, les araignées suscitent souvent la peur et le dégoût chez les humains, ce qui conduit parfois à leur persécution injustifiée. Une meilleure compréhension de leur biologie et de leurs intentions (non elles ne cherchent pas à vous mordre et ne rentrent pas dans votre bouche la nuit) contribuerait à atténuer ces réactions négatives et favoriser une coexistence plus harmonieuse avec ces créatures.

Araignées et forêts 

Les forêts françaises accueillent une biodiversité riche, dont une diversité d’araignées (environ une centaine d’espèces différentes). Parmi ces espèces ont peut retrouver la Pardose forestière, la Ctenize corse ou encore la Mygale à chaussettes. 

© S. Lecigne / INPN espèces, Mygale à chaussette

© B. Leroy / INPN espèces, Ctenize corse

Les araignées forestières sont majoritairement terricoles, c’est-à-dire que leur cycle de vie est lié ou dépend de la terre. Elles ont un rôle important au sein de l’écosystème des forêts, notamment de par leur prédation qui régule les populations d’insectes.

En conclusion, les araignées de la forêt représentent une fascinante composante de notre écosystème. Leur rôle crucial dans le contrôle des populations d’insectes, leur diversité étonnante, ainsi que leur adaptation remarquable aux environnements forestiers en font des sujets d’étude essentiels pour les chercheurs et les passionnés de la nature. Bien que souvent craintes, les araignées jouent un rôle indispensable dans le maintien de l’équilibre écologique des forêts, il est donc crucial de les accepter et de les protéger dans nos efforts de conservation de la biodiversité.

Sources :

Le changement climatique : ennemi des forêts

Les forêts participent à la protection de la biodiversité, à la protection contre l’érosion des sols, ainsi qu’à la stabilisation du climat en régulant le cycle du carbone et celui de l’eau. Mais les forêts reposent également elles-mêmes sur le climat, paramètre majeur de leur fonctionnement. Comme leurs noms l’indiquent si bien, les forêts tempérées ont besoin d’un climat tempéré, les forêts méditerranéennes ont besoin d’un climat méditerranéen, et les forêts tropicales ont besoin d’un climat tropical. Des changements dans ces divers climats ont ainsi un effet direct sur ces écosystèmes.

À travers les siècles, les forêts ont toujours été confrontées à des pressions, mais de par leurs capacités naturelles d’adaptation, elles ont toujours su faire face. Malheureusement aujourd’hui, l’augmentation de la fréquence et de l’intensité de ces pressions à cause du changement climatique représentent un problème de taille pour l’adaptation des forêts (seuils de tolérance atteints, vitesse de l’évolution trop lente). La hausse des températures, la perturbation des précipitations, l’augmentation des incendies et les espèces exotiques envahissantes (EEE) mettent en péril l’équilibre des écosystèmes forestiers. Certaines de ces pressions ont une durée limitée, comme les incendies, tandis que d’autres se produisent sur de très longues durées, comme les EEE. 

Face au changement climatique, les capacités d’adaptation des forêts restent mal comprises, dépendant d’une part de la diversité des espèces et des ressources génétiques, et, d’autre part, de l’intensité et des fréquences des pressions, sans compter la région géographique. Aujourd’hui, les conséquences du changement climatique sur les forêts sont déjà observables et la santé des forêts se dégrade chaque jour à travers le monde. Dans cet article, nous explorerons les différentes pressions qu’exerce le changement climatique sur les forêts. 

Sécheresses et stress hydriques

Les arbres, habitués aux climats de leur forêt, se retrouvent aujourd’hui à perdre leur équilibre face à la hausse des températures. Les périodes de sécheresse s’intensifient et s’allongent, représentant un stress important pour les arbres et l’état sanitaire des forêts. 

En effet, le taux d’humidité dans l’atmosphère a un impact fort sur les forêts : lorsqu’il baisse, la transpiration des arbres s’élève, entraînant une demande en eau plus forte. Si le réservoir en eau du sol n’est plus rempli qu’à 40 % ou moins, les arbres souffrent d’un manque d’eau, pouvant provoquer un stress hydrique. Le stress hydrique se manifeste lorsqu’il y a un déséquilibre entre les ressources en eau disponibles et la quantité d’eau demandée, créant ainsi une situation critique. Des bulles d’air peuvent également se former dans les vaisseaux de l’arbre et empêcher la conduction de l’eau, générant une embolie, appelée cavitation. Certaines espèces y sont très sensibles, comme les saules, et souffrent donc fortement des stress hydriques. De plus, les stress hydriques empêchent les arbres de réaliser leur photosynthèse correctement, ayant pour conséquence une sous-production de carbone.

Le Calavon à sec, Luberon, Vaucluse, France © David Tatin / Biosphoto

Incendies

Les sécheresses et les stress hydriques causés par le changement climatique mettent également en péril les arbres et leurs forêts face aux incendies. Effectivement, leur vulnérabilité aux incendies augmente considérablement lors des périodes de sécheresse. La superficie des forêts susceptibles d’être incendiées grandit, prolongeant ainsi la durée des incendies et augmentant leur intensité. Malheureusement, quand les forêts brulent, de nombreuses émissions de CO2 sont relâchées dans l’atmosphère, contribuant à l’effet de serre et ainsi favorisant le réchauffement climatique. Ce phénomène, appelé la « boucle de rétroaction climatique », amplifie donc le changement climatique. 

Afin de contrer les feux de forêts, une technique qui a été originellement développée dans le sud de l’Europe consiste à pratiquer ce qui s’appelle le « brûlage dirigé ». Le décret du 29 avril 2002 (article R. 321-33 du code forestier), définit le brûlage dirigé par la « destruction par le feu des herbes, broussailles, litières, rémanents de coupe, branchage, bois morts, sujets d’essence forestière ou autres, lorsqu’ils présentent de façon durable un caractère dominé et dépérissant, dont le maintien est de nature à favoriser la propagation des incendies ». Il est important de noter que cette technique doit être conduite de façon « planifiée et contrôlée, par un chef de chantier qualifié, sur un périmètre prédéfini, avec obligation de mise en sécurité vis-à-vis des personnes et des biens, des peuplements forestiers et des terrains limitrophes et dans le souci de préserver la qualité de l’environnement, conformément aux dispositions d’un cahier des charges spécifique. » Cette approche réfléchie et contrôlée a montré son efficacité dans la réduction des risques d’incendie tout en préservant la biodiversité forestière, ce qui en fait un outil essentiel dans la lutte contre les feux de forêt. Cette technique est donc actuellement en train de se développer à travers toute l’Europe. 

Incendie de forêt Lozère, France, été 2003 © Michel Gunther / Biosphoto

Espèces exotiques envahissantes et changement climatique

Des animaux et des plantes venus du monde entier ont progressivement gagné du terrain à travers la France, majoritairement à cause du commerce international, au point de perturber la biodiversité locale. Ces animaux et plantes sont appelés « espèces exotiques envahissantes » (EEE). Le terme exotique est utilisé afin de souligner la caractéristique non-autochtone de ces espèces et envahissante pour leur capacité à proliférer en raison de l’absence de leurs prédateurs naturels. De par leur exotisme et leur capacité envahissante, les EEE représentent une menace pour la biodiversité car elles rentrent en compétition ou en prédation avec les espèces indigènes présentes sur le territoire. 

Malheureusement, les conséquences environnementales du changement climatique et des EEE sont liées et cumulatives, accentuant leurs effets sur la biodiversité. En effet, le changement climatique favorise la progression des EEE et leur permet de trouver de nouveaux territoires propices à leur installation. La modification des conditions biotiques et abiotiques causée par le changement climatique permet aux EEE de franchir des barrières qu’elles ne pouvaient pas avant. Plus les conditions du nouvel environnement où les EEE vont se rapprochent de celles de leur milieu d’origine, plus les EEE ont la capacité de survivre et de s’installer dans ce nouvel environnement. 

Actuellement, les EEE sont reconnues comme la troisième cause de l’érosion de la biodiversité mondiale. Selon les dernières estimations de la Liste rouge de l’UICN, elles représentent un danger pour environ 30% des espèces terrestres menacées et sont impliquées dans 50% des extinctions d’espèces que l’on connait. Les EEE représentent la première menace des forêts européennes, impactant jusqu’à 42% des essences d’arbres présentes en Europe.

Les invasions sont nombreuses en France métropolitaine : Ragondin, Ecrevisse de Louisiane, Grenouille taureau, Ambroisie, jussies, etc. Les départements et régions d’outre-mer et collectivités d’outre-mer sont particulièrement concernés, en raison de leurs taux d’endémisme élevés. À Tahiti par exemple, environ 45 espèces de plantes endémiques sont menacées d’extinction à cause d’une EEE : l’arbre Miconia. À la Réunion ou dans les îles du Pacifique, c’est le Rat noir qui représente une véritable menace pour plusieurs oiseaux endémiques. 

Capture d’un rat noir dans le reliquat de forêt sèche du Ouentoro, Nouméa © Thibaut Vergoz / Biosphoto

Les pressions, telles que la sécheresse ou le stress hydrique, qui s’exercent sur la biodiversité à cause du changement climatique peuvent également affaiblir la résilience des communautés endémiques et la résistance des écosystèmes, les rendant plus vulnérables aux invasions biologiques. L’écosystème forestier français connaît par exemple de nombreuses victimes : marronniers, ormes et sorbiers sont attaqués par des EEE. 

De nombreuses mesures sont mises en place afin de prévenir leur introduction sur le territoire, les contrôler et gérer celles qui sont déjà présentes ainsi que minimiser leurs impacts. Malheureusement, de nouvelles EEE peuvent apparaître et les populations existantes peuvent évoluer. Ainsi, une gestion à long terme est essentielle pour protéger nos écosystèmes.

Comment les forêts pourraient évoluer dans 30 ans ? 

Si le changement climatique continue sur cette voie, les forêts françaises pourraient fortement changer :

  • Le chêne vert, aujourd’hui présent majoritairement dans le bassin méditerranéen pourrait s’étendre en Aquitaine et dans l’Ouest, là où les climats seront plus doux
  • Le sapin et l’épicéa monteraient en altitude afin de trouver un climat qui leur conviendra
  • Le hêtre disparaîtrait de 2/3 de la surface forestière où il est présent aujourd’hui pour se replier dans les massifs et le Nord-Est de la France
  • Les forêts subalpines reculeraient fortement en Polynésie Française, et les forêts sèches ou semi-sèches augmenteraient
  • Les forêts humides à Mayotte pourraient disparaître
  • Les forêts de montagne aux Antilles pourraient disparaître tandis que les forêts sèches augmenteraient
  • Des forêts semi-arides (comme des savanes) pourraient apparaître en Amazonie à cause du stress hydrique

Pour conclure

Ces pressions engendrées par le changement climatique interagissent entre elles, augmentant l’impact sur les écosystèmes, dont les forêts. La biodiversité est en danger et les services écosystémiques sont compromis. Il est crucial de comprendre ce phénomène dans toute sa complexité pour élaborer des stratégies de conservation efficaces. La préservation des forêts ne se limite pas uniquement à la lutte contre les incendies ou la gestion des EEE, mais elle exige également une action coordonnée, à l’échelle mondiale, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique.

Il est impératif de promouvoir une gestion forestière durable et de favoriser l’adaptation des écosystèmes forestiers aux conditions changeantes, tout en réduisant nos émissions. En outre, il est essentiel d’éduquer et de sensibiliser le public sur les enjeux liés au changement climatique et à la préservation des forêts.

En fin de compte, la lutte contre le changement climatique et la protection des forêts sont étroitement liées, et leur réussite dépend de notre engagement collectif pour une planète plus durable. À travers l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts, un programme national de sciences participatives ouvert à tous et en partenariat avec l’Inventaire National du Patrimoine Naturel, vous pouvez participer à recenser la présence de diverses espèces dans les forêts de France métropolitaine ! Ainsi vous aiderez à mieux connaître et protéger nos forêts. Pour en savoir plus, découvrez comment participer à l’observatoire.

Sources : 

Arte Regards (2022) Sécheresse, la lente agonie de la forêt. Consulté le 16 mai 2023, sur : http://youtube.com/

Arte Regards (2023) Protéger la forêt, sauver le climat. Consulté le 16 mai 2023, sur : http://youtube.com/

France Nature Environnement – Les forêts françaises : atouts, défis et bonnes pratiques. Consulté le 11 octobre 2023, sur : fne.asso.fr/dossiers/

IUCN – Forests and climate change. Consulté le 12 octobre 2023, sur : www.iucn.org/resources/issues

Légifrance – Article R*321-33. Code forestier. Consulté le 24 octobre 2023, sur : http://www.legifrance.gouv.fr/codes/article

MNHN (2020) Espèce envahissante et changement climatique. Consulté le 19 octobre 2023, sur : www.mnhn.fr/fr/alerte-presse

Rivers, M.C., Beech, E., Bazos, I., Bogunić, F., Buira, A., Caković, D., Carapeto, A., Carta, A., Cornier, B., Fenu, G., Fernandes, F., Fraga, P., Garcia Murillo, P.J., Lepší, M., Matevski, V., Medina, F.M., Menezes de Sequeira, M., Meyer, N., Mikoláš, V., Montagnani, C., Monteiro-Henriques, T., Naranjo Suárez, J., Orsenigo, S., Petrova, A., Reyes-Betancort, J.A., Rich, T., Salvesen, P.H., Santana López, I., Scholz, S., Sennikov, A., Shuka, L., Silva, L.F., Thomas, P., Troia, A., Villar, J.L. and Allen, D.J. (2019) European Red List of Trees. Cambridge, UK and Brussels, Belgium: IUCN. viii + 60pp.Consulté le 26 octobre 2023, sur : https://portals.iucn.org/library/sites/library/files/documents/RL-4-026-En.pdf

UICN (2016) Espèces exotiques envahissantes. Consulté le 19 octobre 2023, sur : https://uicn.fr/especes-exotiques-envahissantes/

UICN Comité français et OFB (2022). Espèces exotiques envahissantes et changements climatiques : quels impacts et conséquences pour la gestion ? Eclairage scientifique. Centre de ressources espèces exotiques envahissantes et Réseau espèces exotiques envahissantes outre-mer. France. Consulté le 19 octobre 2023, sur : http://especes-exotiques-envahissantes.fr/

United States Environmental Protection Agency – Climate change impacts on Forests. Consulté le 12 octobre 2023, sur : www.epa.gov/climateimpacts/

La déforestation : une menace grandissante

Les forêts, ces écosystèmes riches et complexes, abritent une incroyable diversité de plantes, d’animaux, de champignons et de micro-organismes. Cependant, les forêts sont confrontées à de nombreuses menaces qui compromettent leur biodiversité et leur fonctionnement. Parmi ces menaces, la déforestation se positionne au premier plan, ayant des conséquences désastreuses sur l’environnement et les espèces qui en dépendent. 

À travers le monde, la déforestation a lieu à un rythme alarmant, ce qui contribue malheureusement à une perte effrayante de la biodiversité. Depuis 1990, près de 420 millions d’hectares de forêt ont disparu, transformés pour d’autres utilisations. Même si le taux de déforestation a connu un certain ralentissement au cours des trois dernières décennies, c’est un chiffre qui a de trop nombreuses répercussions. 

Cet article a pour but de mettre en lumière le phénomène de la déforestation. Ce phénomène complexe et destructeur a des conséquences profondes sur les écosystèmes, la biodiversité, le climat, et les communautés humaines qui dépendent des forêts pour leur subsistance. À travers cet article, nous examinerons les causes et les conséquences de la déforestation.

Les racines de la déforestation

La déforestation est principalement causée par des activités humaines, notamment l’exploitation forestière commerciale, l’expansion de l’agriculture, l’urbanisation croissante et le changement climatique. L’appât du gain économique combiné à la pression démographique et à la demande croissante en terres et ressources naturelles contribuent à une déforestation massive à travers le monde. 

Illustration : Violette Courtois – Noé

Expansion agricole et plantation de cultures commerciales

L’expansion de l’agriculture est une cause majeure de déforestation, en particulier dans les régions tropicales, représentant 50% de la déforestation mondiale d’après la FAO. Les forêts sont souvent défrichées pour faire place à des plantations de cultures commerciales à grande échelle, telles que le soja, l’huile de palme, le caoutchouc ou encore le cacao. Ces cultures sont généralement destinées à l’exportation et répondent à la demande croissante de produits alimentaires, de biocarburants et d’autres produits de consommation. En Europe, la déforestation pour l’expansion agricole représente 15% des terres cultivées et 20% du pâturage pour le bétail. 

Exploitation forestière commerciale non durable

L’exploitation non réglementée et illégale des ressources forestières est l’une des principales causes de déforestation dans de nombreuses régions du monde. Les arbres sont abattus pour leur bois précieux, tels que l’acajou, l’ébène ou le teck, qui sont utilisés dans l’industrie du meuble et de la construction. L’illégalité dans le secteur de l’exploitation forestière a lieu lorsque des produits forestiers sont récoltés, transportés, achetés ou vendus sans respecter les lois nationales ou internationales. Cette activité est ainsi généralement menée sans plan de gestion durable, ce qui a de nombreuses conséquences, telles que la perte de biodiversité, la destruction d’habitats, des conflits avec les communautés locales, la violation des droits de l’homme, la corruption, des distorsions du marché, l’instabilité politique ainsi que l’aggravation de la pauvreté. Toutes ces conséquences conduisent à une destruction à long terme des forêts.

Développement urbain et infrastructures

Même s’il ne s’agit pas d’une déforestation systématique comme dans certains pays comme au Brésil ou en République Démocratique du Congo, l’expansion des zones urbaines et la construction d’infrastructures telles que les routes, les barrages et les mines entraînent la fragmentation des zones boisées en France. Les besoins croissants en logements, en industries et en énergie conduisent à la conversion des forêts en zones résidentielles et industrielles. Le développement urbain est la principale cause de déforestation en Europe. 

Changement climatique

Le rapport du GIEC décrit les conséquences de plus en plus graves du changement climatique sur les écosystèmes forestiers. Les événements climatiques extrêmes tels que les vagues de chaleur et les sécheresses, plus fréquentes, plus intenses et de plus longue durée, mais également la prolifération d’espèces exotiques envahissantes (EEE) ont un impact sur la santé et le fonctionnement des arbres ainsi que sur les écosystèmes forestiers dans leur ensemble. L’allongement de la saison des feux et les sécheresses croissantes, combinés à une vulnérabilité accrue aux EEE, contribuent à la fragilisation des forêts, augmentant ainsi les risques d’incendie. 

Il est important de noter que ces causes citées interagissent souvent et se renforcent mutuellement, aggravant ainsi l’ampleur de la déforestation. La lutte contre la déforestation nécessite donc des approches prenant en compte les aspects économiques, sociaux et environnementaux afin de promouvoir des solutions durables.

Quelles répercussions sur nos forêts ?

Illustration : Violette Courtois – Noé

La déforestation a des impacts directs et indirects sur l’écosystème des forêts. Tout d’abord, la déforestation touche directement de nombreuses espèces animales et végétales qui perdent leur habitat naturel. Des animaux emblématiques tels que les tigres et les orangs-outans voient leurs populations décimées à mesure que leurs habitats forestiers sont détruits, mais également les papillons et autres insectes vitaux pour l’environnement. La destruction de leur habitat peut entraîner leur déclin, voire leur extinction locale ou totale. On estime que 137 espèces d’animaux et de plantes perdent leur habitat chaque jour à travers le monde. Sachant que les forêts abritent une multitude d’espèces endémiques qui ne peuvent survivre ailleurs, leur disparition entraîne ainsi une perte irréparable de la biodiversité. 

Par ailleurs, la déforestation amène à la fragmentation des forêts en petites parcelles isolées. Cela affecte la connectivité écologique entre les habitats, rendant plus difficile le déplacement des espèces, leur dispersion et leur reproduction. Certaines espèces ont besoin de vastes territoires pour survivre et la fragmentation des forêts limite leur capacité à trouver de la nourriture, des partenaires de reproduction et des abris adéquats.

Sans oublier que les forêts fournissent une multitude de services écosystémiques essentiels, tels que la régulation du climat, le cycle de l’eau et la protection contre l’érosion des sols.

Lorsqu’elles sont défrichées, les émissions de carbone augmentent car la capacité d’absorption des forêts diminue, contribuant ainsi au réchauffement climatique et à ses conséquences néfastes. De plus, quand les arbres sont abattus, le carbone stocké est libéré dans l’atmosphère sous forme de gaz à effet de serre, exacerbant également le changement climatique. 

En ce qui concerne le cycle de l’eau, les forêts régulent les précipitations en retenant l’humidité dans le sol et en régulant les débits des cours d’eau. Lorsque les forêts sont défrichées, l’évapotranspiration diminue, entraînant une réduction des précipitations et des modifications des régimes hydrologiques, ce qui peut avoir des effets néfastes sur les écosystèmes aquatiques, l’agriculture et les populations humaines dépendantes de l’eau. 

Enfin, les arbres et la végétation forestière jouent un rôle essentiel dans la prévention de l’érosion des sols. Leurs racines maintiennent les sols en place, réduisant ainsi le risque d’érosion due aux précipitations et aux vents. Lorsque les forêts sont rasées, la couverture végétale protectrice est supprimée, rendant les sols vulnérables à l’érosion, ce qui peut entraîner la perte de fertilité des terres agricoles et la sédimentation des cours d’eau.

Pour conclure

Les forêts jouent un rôle crucial dans la purification de l’air, la régulation du cycle de l’eau, la captation du dioxyde de carbone, la préservation de la biodiversité et la prévention de l’érosion des sols.  La déforestation est une menace critique pour la biodiversité des forêts mais également pour l’équilibre des écosystèmes à l’échelle mondiale à cause de ses conséquences dévastatrices sur les services écosystémiques qu’elles fournissent. 

Il est crucial de comprendre que la biodiversité des forêts est directement liée à leur santé et à leur bon fonctionnement. À travers l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts, un programme national de sciences participatives ouvert à tous et en partenariat avec l’Inventaire National du Patrimoine Naturel, vous pouvez participer à recenser la présence de diverses espèces dans les forêts de France métropolitaine !

Ainsi vous aiderez à mieux connaître et protéger nos forêts. Pour en savoir plus, découvrez comment participer à l’observatoire.

Sources :

ARTE Reportage (2022) Madagascar : terre de feu. Consulté le 11 mai 2023, sur : https://www.youtube.com/watch?v=W0pClTmSxm0

FAO et PNUE (2020) La situation des forêts du monde 2020. Forêts, biodiversité et activité humaine. Rome. Consulté le 11 mai 2023, sur : https://www.fao.org/3/ca8642fr/CA8642FR.pdf

Mathot, L. (2017) Connaître, Comprendre et Protéger la Forêt – Initiation à l’Écologie Forestière. Centre National de la Propriété Forestière – Institut pour le Développement Forestier. 

Seymour, F. et Gibbs, D. (2019) Forests in the IPCC Special Report on Land Use: 7 things to Know. World Resources Institute. Consulté le 24 mai 2023, sur www.wri.org/blog/2019/0  

World Animal Foundation (2023) The Deadly Effects of Animal Deforestation and Why it’s a Major Cause of Concern.Consulté le 24 mai 2023, sur worldanimalfoundation.org

Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture – Combattre l’illégalité́ dans le secteur forestier dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du pacifique – Succès, défis et perspectives futures. Consulté le 19 septembre 2023, sur www.fao.org/forestry/

La vie secrète des bryophytes

Les bryophytes, communément appelées mousses, sont des organismes vivants dont on oublie souvent l’existence. Pourtant, ces plantes fascinantes ont une vie bien remplie. Les bryophytes sont des alliées précieuses pour appréhender les conditions d’un milieu. Elles sont appelées « plantes indicatrices » par les forestiers car leur présence, ou absence, aide les gestionnaires à examiner l’environnement d’une forêt et poser un diagnostic sur son état.

Après l’article publié la semaine dernière (disponible ici) vous décrivant les différents types de bryophytes, voici un nouvel article visant à fournir les connaissances actuelles sur leurs habitats, leurs méthodes de reproduction, ainsi que leur rôle dans l’écosystème. 

LEURS HABITATS

Les bryophytes, avec 26 000 espèces répertoriées dans le monde, sont présentes dans toutes les régions du globe, allant de l’équateur aux pôles, à l’exception du milieu marin car elles évitent l’eau salée. Elles sont aussi présentes au bord des ruisseaux, des lacs, des marais, ou tourbières. Vous trouverez la plupart des bryophytes dans des milieux frais et humides, comme en forêt dans lesquelles elles se développent sur le sol, les rochers, les écorces des arbres, ainsi que les souches et troncs d’arbres en décomposition. Toutefois, d’autres sont observables dans des milieux secs et à découvert, comme sur des roches ensoleillées, des pelouses sèches, des murets, des trottoirs ou encore des routes. Des espèces menacées peuvent même s’y trouver !

En fonction du groupe, les bryophytes ont tout de même des préférences concernant leur habitat. Les mousses et hépatiques peuvent être trouvées sur de nombreux substrats différents, tels que la terre pour les espèces terricoles, les écorces d’arbres pour les espèces corticoles, et les rochers pour les espèces saxicoles. Mais ce n’est pas tout ! Elles peuvent pousser également sur des pavées ou des murs. Les anthocérotes poussent également sur la terre, mais affectionnent particulièrement les sols cultivés ou anciens talus de gravières

Souche d’arbre recouverte de mousses © Philippe Henry / Biosphoto
Fontinale commune (Fontinalis antipyretica), source du Doubs, France © Frédéric Tournay / Biosphoto

• LA REPRODUCTION

Les bryophytes peuvent se reproduire de deux manières différentes : par voie sexuée (avec fécondation) ou par voie asexuée (sans fécondation). 

REPRODUCTION AVEC FÉCONDATION

Le gamétophyte produit les organes sexuels mâles et femelles. Quand vient la pluie, les spermatozoïdes nagent jusqu’à trouver une cellule sexuelle femelle à féconder. Une fois ces cellules fécondées, elles se développent en sporophyte avec au bout une capsule dans laquelle se développent des spores. Cette capsule s’ouvre quand le développement des spores est terminé, et elles sont ainsi disséminées par le vent. Une fois au sol, les spores germent pour donner naissance à ce qu’on appelle des protonémas. Ceux-ci se développent alors en bourgeons et enfin en gamétophytes. Le cycle recommence alors.

Source : Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012) « Les mousses » : Liste Rouge, inventaire et initiation aux bryophytes du canton de Genève. Hors-Série n° 14. Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève
Tortule des murailles (Tortula muralis) © Marie Aymerez / Biosphoto

REPRODUCTION SANS FÉCONDATION

Les bryophytes peuvent également se reproduire de manière asexuée, par propagules ou fragmentation ! Ces modes de reproduction ont l’avantage de permettre aux bryophytes de se reproduire rapidement

Les propagules, qui sont des petits morceaux de bryophytes constitués de cellules, se décrochent du gamétophyte lorsqu’il pleut. Elles peuvent être contenues dans une sorte de corbeille, sur une feuille ou sur les rhizoïdes. Quand elles se décrochent des bryophytes, elles génèrent de nouvelles plantes. Les propagules permettent ainsi de créer de nouveaux individus complets, qui seront des clones du précédent

La reproduction asexuée par fragmentation est également courante chez les bryophytes. Les feuilles peuvent se briser au contact de la pluie ou du vent, et à partir de ces fragments une plante entière peut se redévelopper

À noter que ces modes de reproduction ne permettent pas d’assurer la variabilité génétique des bryophytes, contrairement à la reproduction sexuée. La variabilité génétique est très importante car elle permet une meilleure résistance aux maladies et aux conditions environnementales changeantes. 

Nous pouvons tout de même noter que certaines bryophytes sont théoriquement immortelles !

Propagules dans une corbeille de Marchantia polymorpha (Hépatique des fontaines) 
© Krzysztof Ziarnek, Kenraiz, 2021

LEURS RÔLES

Les bryophytes sont essentielles au bon fonctionnement de nombreux cycles, tels que celui de l’eau en retenant l’excès d’humidité présent dans le sol ou en ralentissant son évaporation, ou celui de l’azote en forêts boréales. Elles sont aussi d’importants puits de carbone

Elles participent également à la formation de l’humus, mélange complexe de matière organique en décomposition, qui permet à d’autres végétaux de s’installer à leur tour. Les bryophytes permettent ainsi la création de nombreux sites favorables à la germination de nouvelles plantes

Les bryophytes forment aussi l’habitat de milliers de petits animaux, tels que les acariens, les collemboles, les rotifères, les tardigrades, les coléoptères et d’autres invertébrés. Il existe une véritable chaîne trophique au sein des bryophytes. Même les oiseaux les utilisent afin de former leurs nids !

Elles permettent également la biosurveillance des écosystèmes : leur présence ou absence donne une indication de la qualité de l’air ou de l’eau. Plus il y en a, plus l’écosystème dans lequel elles se trouvent est sain. En forêt, les bryophytes sont des alliées précieuses pour comprendre les conditions du milieu. Les gestionnaires forestiers les utilisent souvent afin de valider le diagnostic d’une forêt et pour prendre les décisions d’entretien !  

CONCLUSION

En somme, les bryophytes sont beaucoup plus complexes qu’elles n’en paraissent, et ne sont pas des parasites comme on pourrait le penser. Leur présence est même un indice précieux de la santé de l’écosystème dans lequel elles se trouvent. De quoi vous donner envie maintenant de vous accroupir et de les observer lors de votre prochaine sortie !

Sources : 

Bertin, S. (2021) Un autre regarde sur la forêt. MUSEO éditions. 

Leblond, S. et Boucher, A. (2011) Initiation à la bryologie – Voyage au cœur de la vie secrète des mousses.http://bryophytes-de-france.org/

Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012) « Les mousses » : Liste Rouge, inventaire et initiation aux bryophytes du canton de Genève. Hors-Série n° 14. Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève. Consulté le 26 septembre 2023, sur : http://www.naturalistes-romands.ch/documents/lr_bryo_reduit.pdf

Les Bryophytes

Les bryophytes, ces organismes majoritairement méconnus du grand public, sont des plantes absolument spectaculaires. Sans racines ni système vasculaire, elles peuvent se fixer sur tout type de support : terre, bois, pierre… 

Avec environ 26 000 espèces répertoriées dans le monde, les bryophytes sont apparues il y a 400 millions d’années. Elles se divisent en trois groupes : les mousses, les hépatiques et les anthocérotes. Mesurant seulement quelques centimètres de long, les bryophytes sont des petites plantes chlorophylliennes. Une plante chlorophyllienne réalise la photosynthèse, signifiant qu’elle produit elle-même les nutriments dont elle a besoin à partir de l’eau, de sels minéraux, de dioxyde de carbone et de l’énergie fournie par la lumière. 

L’identification de bryophytes se fait essentiellement au microscope afin de pouvoir observer leurs cellules et confirmer leur détermination. Il est tout de même possible d’essayer de les différencier et d’en identifier certaines grâce à différents éléments anatomiques visibles à l’œil nu, comme la présence de feuilles, de tiges, de thalles, ou de rhizoïdes. 

Schéma : Les différentes bryophytes. Source : Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012)
Photo d’une mousse : Polytric commun (Polytrichum commune) © Jean-Philippe Delobelle / Biosphoto
Photo d’une anthocérote : Anthoceros agrestis © Hugues Tinguy / INPN
Photo d’une hépatique : Sphaerocarpos texanus © Stuart Wilson / Biosphoto

• LES MOUSSES

Les mousses sont composées d’une tige, qu’elle soit dressée, couchée ou rampante, ainsi que de feuilles, dont la taille et la forme peuvent varier. Elles s’accrochent à leur support grâce à des rhizoïdes. Attention, les rhizoïdes sont à distinguer des racines. En effet, les racines sont des structures présentes sur les plantes vasculaires (plantes avec des vaisseaux conducteurs telles que les arbres) et ont une structure interne complexe composée de différents types de tissus. Les rhizoïdes sont eux présents sur des plantes non-vasculaires et sont en forme de filaments. Contrairement aux racines, les rhizoïdes ont un rôle moins spécialisé dans l’absorption de nutriments et aident surtout à l’ancrage de la plante sur son support. L’ensemble des feuilles, tiges et rhizoïdes forme ce qui s’appelle le gamétophyte, structure qui porte les cellules sexuelles de la mousse. 

Quand vient le cycle de la reproduction, une structure appelée sporophyte se développe au-dessus du gamétophyte. Le sporophyte contient une soie avec au bout une capsule ronde contenant des spores. Les spores sont les cellules fécondées d’une bryophyte. 

Ainsi, le gamétophyte d’une mousse est visible toute l’année, mais le sporophyte est visible seulement quelques semaines/mois par an. 

Schéma : Morphologie d’une mousse. Source : Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012)

• LES HÉPATIQUES

Les hépatiques sont divisées en deux sous-groupes : celles qui sont composées de feuilles, semblables aux mousses, et celles qui ont une lame verte aplatie à la place de la tige et des feuilles, appelée thalle. Leur sporophyte est structuré de la même manière chez les deux sous-groupes : il comprend une capsule au sommet d’une soie transparente. Cette capsule peut s’ouvrir par des valves ou par déchirement afin de relâcher les spores. 

Attention, les hépatiques à feuilles peuvent être confondues avec les mousses, même si elles sont souvent plus aplaties contre le substrat. 

Schéma : Les différentes hépatiques. Source : Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012)

• LES ANTHOCÉROTES

Les anthocérotes possèdent un thalle, comme les hépatiques à thalle. La capsule du sporophyte est en constante croissance, lui donnant une forme allongée. L’ouverture de la capsule se fait à l’aide de deux valves, libérant ainsi les spores contenues à l’intérieur.  

Schéma : Morphologie d’une anthocérote. Source : Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012)

Et voilà ! Vous en savez plus sur les bryophytes, de quoi maintenant vous donner envie d’y prêter attention et de les regarder de plus près. Contrairement à ce que nous pouvons penser, elles n’étouffent pas le gazon de votre jardin et ne sont pas des parasites. Leur présence est même un indice précieux de la santé de l’environnement. Alors, durant votre prochaine balade en forêt ou dans votre quartier, n’ayez pas peur de vous accroupir et de les observer ! 

Nous vous proposons également de lire cet article visant à fournir les connaissances actuelles sur leurs habitats, leurs méthodes de reproduction, ainsi que leur rôle dans l’écosystème :

Tous les schémas présents dans l’article sont issus de la publication : Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012) « Les mousses » : Liste Rouge, inventaire et initiation aux bryophytes du canton de Genève. Hors-Série n° 14. Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève. 

Sources :

Bertin, S. (2021) Un autre regarde sur la forêt. MUSEO éditions. 

Leblond, S. et Boucher, A. (2011) Initiation à la bryologie – Voyage au cœur de la vie secrète des mousses.http://bryophytes-de-france.org/

Burgisser, L. et Cailliau, A. (2012) « Les mousses » : Liste Rouge, inventaire et initiation aux bryophytes du canton de Genève. Hors-Série n° 14. Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève. Consulté le 26 septembre 2023, sur : http://www.naturalistes-romands.ch/documents/lr_bryo_reduit.pdf

Les champignons

Dans le cadre des Missions forêt de l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts, Noé vous propose de découvrir le monde des champignons. Le terme de champignon a été utilisé au cours de l’histoire pour désigner de nombreuses espèces qui n’appartiennent pas au même taxon (1). Les champignons tels qu’on les entend sont les Eumycètes, appartenant au règne des Fungi ; ce ne sont donc ni des animaux ni des végétaux ! Ils sont ensuite classés en plusieurs divisions en fonction de l’aspect de leur corps végétatif (2), de leurs spores et de leur mode de reproduction : ascomycètes, basidiomycètes, chytridiomycètes, zygomycètes, gloméromycètes. 

Noé vous propose de découvrir leur monde : comment vivent-ils ? Quel est leur rôle ? Comment les observer ? 

Particularités de l’anatomie des champignons

Les Eumycètes présentent une anatomie complexe et fascinante. Leur structure multicellulaire, composée d’un réseau de filaments appelés hyphes, leur permet d’occuper divers habitats et de remplir des rôles écologiques importants.

Fistuline épatique © Jean Venot / Biosphoto

Hyphes – Les filaments essentiels

Les Eumycètes sont constitués d’hyphes, des filaments longs et minces qui forment le principal appareil végétatif du champignon. Les hyphes sont généralement composés de cellules allongées, qui peuvent être cloisonnées ou non. Les hyphes non cloisonnés sont appelés hyphes non septés, tandis que ceux qui présentent des cloisons transversales sont appelés hyphes septés. Les hyphes sont essentiels pour la croissance et la ramification des Eumycètes, leur permettant d’explorer leur environnement et d’absorber les nutriments nécessaires.

Mycélium – Le réseau fongique

L’ensemble des hyphes entrelacés forme le mycélium, une structure qui constitue la partie végétative des Eumycètes. Le mycélium peut se développer dans le sol, sur des substrats organiques ou même à l’intérieur d’autres organismes dans le cas de champignons parasites. Il joue un rôle crucial dans la décomposition de la matière organique, l’absorption des nutriments et l’établissement de relations symbiotiques avec d’autres organismes, tels que les plantes.

Spores – Les unités de reproduction

Les Eumycètes se reproduisent généralement par la formation de spores. Les spores sont de petites structures reproductives qui peuvent être produites à la fois de manière asexuée et sexuée. Elles sont généralement libérées dans l’environnement et servent à la dispersion et à la propagation des champignons. Les spores peuvent être transportées par le vent, l’eau, les animaux ou d’autres moyens, ce qui permet aux Eumycètes de coloniser de nouveaux habitats et de se reproduire efficacement.

Structure reproductive

Les Eumycètes possèdent également des structures spécialisées pour la reproduction sexuée. Selon les espèces, ces structures peuvent prendre la forme de fructifications, comme les champignons à chapeau et à pied que nous connaissons communément. Les fructifications abritent les organes reproducteurs des champignons, tels que les basides (responsables de la production de spores chez les Basidiomycètes) ou les asques (responsables de la production de spores chez les Ascomycètes). Ces structures reproductives sont souvent visibles à l’œil nu et revêtent une grande diversité de formes, de couleurs et de tailles.

Comportements et modes de vie

Leurs modes de vie et leurs comportements présentent des aspects fascinants qui méritent d’être explorés. Ils peuvent être trouvés dans presque tous les habitats de la planète, des forêts humides aux déserts arides, et même à l’intérieur des structures construites par l’Homme. Leur reproduction se fait par fructification aérienne : les champignons libèrent des spores qui en se rencontrant forment une nouvelle souche. Contrairement aux algues et à certaines bactéries, les eumycètes ne sont pas capables de photosynthèse et doivent se nourrir en décomposant la matière organique ou en établissant une relation symbiotique avec d’autres organismes. 

Polypore marginé © SPL Science Photo Library / Bjorn Svensson

Les Eumycètes ont également différents rôles dans les écosystèmes. Plongeons dans ces différents comportements :

Saprophytes – Les décomposeurs essentiels

Les Eumycètes comprennent de nombreux champignons saprophytes, qui jouent un rôle essentiel en tant que décomposeurs dans les écosystèmes. Ils se nourrissent de matière organique en décomposition, tels que les feuilles mortes, les troncs d’arbres et les carcasses d’animaux. Leur activité de décomposition aide à recycler les nutriments et à maintenir l’équilibre des écosystèmes en libérant des éléments essentiels dans le sol.

Mycorhizes – Les symbiotes végétaux

Les Eumycètes établissent souvent des relations symbiotiques avec les plantes, formant des mycorhizes. Les mycorhizes sont des associations mutuellement bénéfiques où les champignons fournissent des nutriments, tels que les phosphates et les minéraux, aux plantes, tandis que les plantes fournissent des glucides aux champignons. Cette symbiose renforce la capacité des plantes à absorber les nutriments du sol et à améliorer leur résistance aux maladies.

Il existe deux principaux types de mycorhizes : les ectomycorhizes, où les hyphes des champignons enveloppent les racines des plantes, et les endomycorhizes, où les hyphes pénètrent les cellules racinaires de la plante. Cette coopération entre les Eumycètes et les plantes est essentielle pour la santé et la croissance des écosystèmes terrestres.

Parasitisme – Les envahisseurs opportunistes

Certains Eumycètes adoptent un mode de vie parasitaire, où ils infectent d’autres organismes vivants pour se nourrir. Les champignons parasites peuvent attaquer les plantes, les animaux ou même d’autres champignons. Ils exploitent leurs hôtes en utilisant des enzymes pour décomposer les tissus et absorber les nutriments. Ce comportement peut entraîner des maladies chez les plantes et les animaux, compromettant leur santé et leur survie.

Mutualisme – Les interactions à bénéfices réciproques

Outre les mycorhizes, les Eumycètes entretiennent d’autres relations mutualistes complexes. Par exemple, certains champignons vivent en symbiose avec des fourmis, formant des associations appelées myrmécophiles. Les champignons myrmécophiles fournissent de la nourriture et des abris aux fourmis, tandis que les fourmis protègent les champignons des prédateurs et aident à disperser leurs spores.

Polypore soufré © Jean Mayet / Biosphoto

Quelques conseils pour les observer

La fructification des champignons a lieu pendant l’été, les champignons sont donc le plus souvent observables en automne, lorsque le fruit a eu le temps de se développer. Ils se situent souvent dans des zones humides et ombragées.

Localisez également les habitats appropriés : les champignons se trouvent dans des habitats spécifiques comme les forêts, les prairies, les zones humides et parfois même les jardins. Faites donc des recherches sur les types d’environnements propices à la croissance des champignons dans votre région pour augmenter vos chances de les observer !

Soyez attentif aux conditions météorologiques : les champignons sont souvent plus abondants après des périodes de pluie ou d’humidité, car ces conditions favorisent leur croissance et leur fructification.

Faites preuve de prudence et de respect : lorsque vous observez des champignons, assurez-vous de ne pas les endommager ni de perturber leur environnement. Ne cueillez pas de champignons à moins d’avoir une expertise suffisante pour les identifier et les consommer en toute sécurité : il est essentiel de développer des compétences d’identification pour reconnaître les différentes espèces de champignons. Utilisez des guides d’identification, des livres sur les champignons ou des ressources en ligne fiables pour vous familiariser avec les caractéristiques distinctives des espèces courantes dans votre région. Notez que certaines espèces de champignons peuvent être toxiques, il est donc important de ne pas consommer de champignons à moins d’être sûr de leur identité.

Pour les prendre en photo, l’INPN recommande une vue du champignon en entier, du dessus et du dessous du chapeau. Il est aussi utile de noter l’arbre associé au champignon.

Enfin, respectez la nature et ne laissez aucune trace de votre passage. L’observation des Eumycètes peut être une expérience enrichissante et passionnante. Profitez de ces moments de connexion avec la nature et découvrez la diversité et la beauté des champignons qui nous entourent.

(1) Taxon : regroupement constitué d’une population d’organismes spécifiés possédant des caractères naturels en commun (genre, famille, espèce, sous-espèce, etc.)

(2) Corps végétatif : partie non-reproductive d’un organisme

Sources : 

Jean, T. (2017) Les mycètes dans les écosystèmes. Consulté le 10 mai 2023, sur : http://svt-tanguy-jean.com/

Ghorri, S. – Les Champignons. Consulté le 10 mai 2023, sur : http://fac.umc.edu.dz/

Larcher, C. – Les Mycètes. Consulté le 10 mai 2023, sur : christelle.larcher.free.fr

Rapior, S. et Fons, F. (2006) La classification des champignons. Annales S. H. H. N. H.I 146(4). Consulté le 10 mai 2023, sur : http://s2hnh.org/