Les Amphibiens

Dans le cadre des Missions Forêt de l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts, Noé vous propose de découvrir le monde des amphibiens, des animaux fascinants qui ont évolué pour vivre dans deux environnements différents : l’eau et la terre. En effet, les amphibiens se sont affranchis du milieu aquatique il y a plus de 380 millions d’années. Actuellement, trois ordres sont reconnus parmi les amphibiens : les anoures (crapauds, grenouilles et rainettes), les urodèles (tritons et salamandres) et les gymnophiones. On compte 35 espèces d’amphibiens en France. 

Longues salamandres, petites grenouilles et gros crapauds : Pourquoi ces animaux vivent-ils entre terre et eau ? Quelle est leur place dans la dynamique des espèces et comment les observer ? Voici une présentation de cette classe de vertébrés à la peau brillante.

Particularités de l’anatomie des amphibiens

Les amphibiens ont une anatomie unique qui leur permet de vivre dans deux environnements différents : l’eau et la terre. Au cours de l’évolution, ce sont les premiers vertébrés à être sortis de l’eau pour conquérir la terre ferme et à adopter les quatre pattes. Ils ont réussi cette prouesse en changeant de corps au cours de leur croissance. En effet, la métamorphose est l’étape clef de leur développement, ils passent du corps d’un organisme aquatique à celui d’un organisme terrestre : les branchies deviennent des poumons, et les nageoires se transforment en pattes articulées ou même rebondissantes.

La peau des amphibiens est particulière, elle est adaptée à la vie aérienne et aquatique. Elle est recouverte d’un mucus comme la peau des poissons et possède de la kératine comme celle des mammifères, afin d’éviter la déshydratation de leur corps. Ce mucus est le fruit de la sécrétion de deux types de glandes : les glandes muqueuses, qui se focalisent sur des molécules assurant l’isolation thermique et le maintien de l’hydratation, et les glandes granuleuses ou parotoïdes, plus grosses et symétriques, qui sécrètent le venin. Cette toxicité leur permet de se protéger des prédateurs. Par exemple, le mucus de la salamandre tachetée provoque une paralysie et des contractions incontrôlables de la mâchoire des animaux qui tentent de la mordre, ce qui lui permet de se libérer. Les amphibiens sont plus ou moins toxiques. Leurs sécrétions sont souvent ciblées contre leurs prédateurs spécifiquement.

Tout comme les poissons, les amphibiens possèdent une ligne latérale le long de leur corps qui leur permet de détecter les mouvements dans l’eau, là où la vision est moins utile.

Comportement et modes de vie des amphibiens

Les amphibiens ont une grande variété de comportements et de modes de vie. Le terme amphibien provient du grec « amphi » (double) et « bios » (vie). Ce nom leur a été donné car ces vertébrés ont un cycle de vie en deux phases. La première phase se déroule dans l’eau, tandis que la deuxième se passe sur terre. Ce cycle commence au printemps, dès la ponte des œufs, qui sont en général pondus par les femelles près de l’eau. Les œufs éclosent et donnent naissance à des larves exclusivement aquatiques. Cette période peut être courte pour certaines espèces, tandis que d’autres prennent leur temps. Vers juin, certains têtards sont déjà prêts pour la métamorphose ! C’est au début de l’été que la transition entre la phase aquatique et terrestre a lieu. Cette phase est caractérisée par des changements physiologiques et physiques profonds chez les individus. Les tritons adultes quittent l’eau pour mener une vie sur terre : la phase terrestre commence. 

Étapes de la métamorphose d’une rainette verte (Hyla arborea)
© Bruno Guénard, Thomas Marent / Biosphoto

Cette transition entre la phase aquatique et terrestre peut varier selon les espèces, mais elle est toujours cruciale pour la survie des individus et de l’espèce dans son ensemble. De nombreux amphibiens passent une partie de leur vie dans l’eau, où ils se reproduisent et se développent en tant que larves. Après avoir subi une métamorphose, les larves se transforment en adultes terrestres. Certains amphibiens restent dans l’eau toute leur vie, comme les grenouilles arboricoles, qui passent leur temps dans les arbres surplombant des étangs ou des ruisseaux.

Concernant la reproduction, les anoures ne s’accouplent pas à proprement parler. Les mâles attirent les femelles par leur chant. Lorsqu’ils se retrouvent, ils mettent leurs aisselles en contact et lâchent simultanément les ovules et les spermatozoïdes dans l’eau. C’est une fécondation externe, qui a lieu à l’extérieur des corps des parents. Les têtards sont donc indépendants de leurs parents dès leur éclosion, et parfois dès la ponte des œufs. Les mâles alytes sont une exception : ils portent leurs œufs, les maintenant humides en les arrosant, jusqu’à l’éclosion des têtards.

Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans), espèce en danger, portant ses œufs © Quentin Martinez / Biosphoto

Chez les urodèles, les mâles utilisent des spermatophores, des capsules contenant les spermatozoïdes. Lors de l’accouplement, la fécondation peut être externe ou interne, selon si le spermatophore est libéré dans l’eau ou à l’intérieur de la partenaire. Dans ce cas, les œufs éclosent à l’intérieur de la mère, où les têtards commencent à se nourrir. La mise-bas a souvent lieu au moment de la métamorphose. Si la mère participe à la nutrition de ses têtards, on parle de viviparité. Si elle ne les aide pas et qu’ils se nourrissent de ce qu’ils trouvent dans son corps, on parle d’ovoviviparité. Les petits des Spélerpès de Strinati, du sud de la France, sont une exception : la mère garde ses œufs jusqu’à leur éclosion. Les petits se métamorphosent dans l’œuf, et lors de l’éclosion, des versions miniatures des adultes en sortent.

Femelle Spélerpès de Strinati gardant ses œufs © Fabio Pupin / Biosphoto

Certaines espèces, comme les grenouilles, sont actives pendant la journée, tandis que d’autres, comme les salamandres, sont nocturnes. Les amphibiens ont des habitudes alimentaires diverses, mais les adultes sont tous carnivores, se nourrissant essentiellement d’insectes (chenilles, vers blancs, taupins) et des mollusques (limaces, escargots). Ils sont des chasseurs de proies, dont la taille dépend des espèces. Sur terre, la chasse se fait à partir de la détection des mouvements. Une fois la proie trouvée, elle est attrapée à même la mâchoire. Sous l’eau, les proies sont détectées par les vibrations de l’eau et les molécules présentes dans l’eau, laissées par les autres organismes. En ouvrant leur mâchoire, un mouvement d’aspiration est créé et la proie est aspirée directement par l’amphibien.

Les amphibiens, menacés ? 

La population générale des amphibiens est mise en danger à cause de la destruction de leurs habitats. Les risques sont l’assèchement et l’urbanisation, qui réduisent considérablement la surface et la quantité d’espaces humides. La pollution des eaux est une autre menace pour ces espèces. Certaines constructions humaines coupent les voies de migration des groupes, comme les autoroutes et les voies ferrées par exemple. Plusieurs systèmes sont mis en place localement pour limiter la disparition de populations complètes qui auraient essayé de traverser la chaussée, par exemple en mettant en place des fossés et des barrières sur le bord de la route, pour que les animaux tombent dedans. Le lendemain matin, des bénévoles locaux viennent récupérer les individus pour les déposer de l’autre côté de la route. Il peut également y avoir des crapauducs, tunnels creusés sous la route que peuvent emprunter les batraciens. 

Crapauduc, France © Fabio Pupin / FLPA – Frank Lane Picture Agency / Biosphoto

Quelques conseils pour observer les amphibiens

Les amphibiens peuvent être assez timides, il est donc important de ne pas les déranger ou de perturber leur environnement naturel. Pour observer les amphibiens qui vous entourent, il faut choisir le bon moment : la plupart des amphibiens sont nocturnes, il est donc préférable de chercher à les observer au crépuscule ou la nuit. Le printemps est également la meilleure saison pour les observer car c’est la période de reproduction ! Il faut également le bon endroit : les marais, les forêts et prairies humides sont les habitats dans lesquels ils se trouvent. Vous pouvez parfois même avoir la chance de les trouver par leur chant ! Les mâles amphibiens produisent souvent des chants pour attirer les femelles, écoutez attentivement pour identifier les espèces. Enfin, il ne faut pas perturber leurs habitats afin de les trouver. Évitez de déplacer les roches, les feuilles ou les branches sous lesquelles ils se cachent. De plus, assurez-vous de ne pas utiliser de lampe-torche ou flash afin de ne pas les éblouir ou les perturber. 

Pour bien identifier les individus, les photos de vues dorsale et latérale sont très utiles. La position et la proéminence des glandes parotoïdes et des verrues sont de bons indicateurs. Une prise de vue avec le détail de l’avant du corps facilite également l’identification, la forme et la couleur des pupilles peut être un caractère déterminant.

Attention, il est important de noter que si les amphibiens ne sont pas toxiques pour les humains, il est interdit de les manipuler, ce sont des espèces protégées ! Ce sont des animaux qui ont la peau fragile, dénudée d’écailles ou de poils. Des populations entières ont été ravagées depuis les années 1990 à cause de la prolifération d’un champignon parasite de leur peau (Batrachochytrium dendrobatidis). Ce champignon se dépose sur la peau des amphibiens via l’eau et les décompose vivants. Il a infecté des espèces en dehors de son aire de répartition originale à cause du commerce d’espèces sauvages mondial. Les populations qui ne connaissaient pas ce parasite ne pouvaient pas savoir comment s’en défendre, et les espèces les plus fragiles ont subi de lourdes pertes. 

Les amphibiens sont des animaux fascinants qui ont une anatomie unique et un mode de vie varié. En observant ces créatures dans leurs habitats naturels, nous pouvons en apprendre davantage sur leurs comportements et leurs rôles dans l’écosystème. L’Observatoire de la Biodiversité des Forêts vous propose de partir à leur recherche, alors rejoignez-nous ! 

Les observations sont recensées via l’application INPN espèces, disponible sur IOS et Android.

Sources :

INPN (2022) À la Rencontre des Amphibiens inpn.mnhn.fr (Consulté le 9 mai 2023)

Futura Sciences (2022) Amphibien : qu’est-ce que c’est ? futura-sciences.com (Consulté le 9 mai 2023)

Les Parcs Nationaux de France – Les Amphibiensparcsnationaux.fr. (Consulté le 9 mai 2023)

Grand Lyon (2019) Les Amphibiensgrandlyon.com  (Consulté le 10 mai 2023)

Zoo des Sables d’Olonne – Les Amphibiens. zoodessables.fr (Consulté le 10 mai 2023)

Parc Naturel Régional de la Forêt d’Orient – Fiche Technique Espèces, Les Amphibiens. aappma-des-lacs.fr (Consulté le 10 mai 2023)

Scaleux, A. – Un champignon parasite décime les amphibiens du monde entier. nationalgeographic.fr (Consulté le 16 mai 2023)

BUFO – Site web officielhttp://bufo-alsace.org/ (Consulté le 16 mai 2023)