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A la recherche du Grand Mars changeant

Photo d’en-tête : Grand Mars changeant © Marc Solari / forum Papillons et jardin

Cet été, nous vous faisons partir dans le cadre de nos quêtes estivales à la chasse à l’empereur pourpre, comme nos amis anglophones l’appellent, ce papillon impressionnant de par sa taille et ses reflets bleu profond.

Une allure d’un bleu royal

L’imago du Grand Mars changeant (Apatura iris) est caractérisé par ses grandes ailes noires aux reflets bleu-violet irisés. Cette couleur est obtenue chez les mâles grâce à la forme de leurs écailles, qui diffractent la lumière du Soleil pour donner cet aspect métallique.

Aile du Grand Mars changeant © George Bernard / biosphoto

Sur le dessus des ailes postérieures, il est caractérisé par une grande bande blanche post-discale et un unique ocelle submarginal cerclé d’orange. Ses ailes antérieures présentent de petites taches blanches.

Il se différencie du Petit Mars changeant grâce au dessous de ses ailes, très peu marqué chez ce-dernier. Les ailes antérieures arborent plusieurs couleurs de base : le brun, l’ocre, le noir et l’argent. De petites taches blanches discales et post-discales les recouvrent accompagnées d’un grand ocelle noir avec un halo fauve pupillé de blanc. L’aile postérieure quant à elle est argentée, une bande blanche indentée avec un halo brun la traverse. Le petit ocelle du dessus de l’aile est aussi visible en dessous.

Au sommet des arbres

Le Grand Mars changeant vole de juin à août en une seule génération. Il aime les grands arbres situés autour des routes forestières, des clairières, en bord de lacs ou de rivières. Il affectionne tout particulièrement les saules dont fait partie sa plante-hôte, le saule marsault (Salix caprea). On peut également le trouver sur des peupliers et sur le saule à oreillettes (Salix aurita). Plutôt que de se nourrir de fleurs, le Grand Mars changeant préfère la sève d’arbres, les excréments d’animaux, les charognes, la sueur ou encore les fruits fermentés. Il semble attiré par les fortes odeurs, un comportement qui contraste avec son allure majestueuse.

Les mâles sont territoriaux et sont attentifs à la présence de femelles depuis le haut de leurs arbres. Ils réalisent parfois des patrouilles pour les trouver. Une femelle déjà fécondée sait très bien les éviter.

Les œufs sont pondus sur le dessus des feuilles de saule et donnent naissance à de petites chenilles vertes. Après leurs premières mues, on pourra observer des cornes sur leur tête. Lorsque l’automne arrive, la chenille conserve sa feuille en l’attachant avec des soies, pour qu’elle ne tombe pas et qu’elle puisse continuer à s’en nourrir. C’est un moyen de repérer les plantes-hôtes. Le Grand Mars changeant ne migre pas, ses chenilles hibernent au stade 2 ou 3. A ce moment-là, elles se positionnent sur une branche de saule et attendent la fin de l’hiver sans protection. Elles ont alors une couleur semblable à celle de l’écorce pour se camoufler.

A l’arrivée du printemps, les chenilles se réveillent et reprennent des forces en se nourrissant des nouveaux bourgeons. Elles commencent leur nymphose sous une feuille de saule. La chrysalide est verte, similaire à la feuille, permettant un très bon camouflage. 

Chenille de Grand Mars changeant sur son saule © J. Fieber / biosphoto

Les prédateurs du Grand Mars changeant sont les mésanges, qui ciblent les chenilles, et Psilomastax pyramidalis, une guêpe parasitoïde qui infeste les chenilles et les tue lors de la nymphose. 

Un papillon plus commun qu’on pourrait le croire

L’espèce est assez étendue, présente de l’Europe à l’Asie, jusqu’au Japon, en évitant la Méditerranée. Elle est en revanche menacée par la fragmentation de son habitat et la culture industrielle de peupliers, moins robustes. La coupe de ces arbres empêche à cette espèce territoriale de prospérer.

Ce papillon est répertorié en liste rouge dans quelques régions de France sous préoccupation mineure, il est notamment presque menacé en Picardie, dans le Poitou-Charentes et en Occitanie.

Répartition actuelle en France métropolitaine / Fiche de Apatura iris / INPN 

Vivant au sommet de grands arbres, les populations sont souvent très sous-estimées, il est difficile à observer et donc à surveiller. Vos observations seraient d’une grande aide pour leur protection.

Sources :
  • MNHN & OFB [Ed]. 2003-2022. Fiche de Apatura iris (Linnaeus, 1758). Inventaire national du patrimoine naturel (INPN). Site web : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/53786 – Le 20 juillet 2022
  • Grand Mars changeant. Wikipedia France, Le 15 juillet 2022
  • Dozières, A. et al., 2017. Papillons des jardins, des prairies et des champs. Guide de terrain pour les Observatoires de sciences participatives. 141p.
  • Lafranchis, T. et al., 2015. La vie des papillons. Éditions Diatheo. 751p.
  • Lafranchis, T., 2000. Les Papillons de jour de France,Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 448p.

La Bacchante, papillon d’été

Cet été, lors de vos promenades forestières, ouvrez l’œil : peut-être aurez-vous la chance d’apercevoir une Bacchante ! Ce joli papillon marron, en fort déclin depuis le XXe siècle est à rechercher dans le cadre d’une des deux quêtes estivales de notre Observatoire de la Biodiversité des Forêts, disponibles sur l’application smartphone INPN Espèces. N’hésitez donc pas à le prendre en photo et à nous transmettre vos observations !

Des ocelles caractéristiques

D’une envergure moyenne de 5 à 6cm, la Bacchante est un papillon de couleur gris-brun sombre, possédant des motifs caractéristiques sur les deux faces de ses ailes. Le dessus a une série de grands ocelles submarginaux gris sombre cerclés de jaune, tandis que le dessous présente des ocelles noirs pupillés de blanc et cerclés de jaune et de noir. Ils sont inclus dans une large bande blanche, elle-même bordée à l’extérieur par deux étroites bandes jaune ocre.

Dessus et dessous de la Bacchante © Ingeborg van Leeuwen / Flickr, Michel Rauch / Biosphoto

Prenez garde toutefois, une observation rapide peut amener à le confondre avec d’autres espèces !

En vol, il pourra être confondu avec le Myrtil (Maniola jurtina) ou avec le Tristan (Aphantopus hyperantus). Le Myrtil a lui aussi un aspect brun, bien que les femelles soient plus orangées, mais ne présente pas de séries d’ocelles sur le dessous ni sur le dessus.

Myrtil © André Simon / Biosphoto

Le Tristan, comme le Myrtil, ne possède pas de bande claire sur le revers des ailes postérieures, et les ocelles du dessus de ses ailes sont plus petits que ceux de la Bacchante.

Dessous et dessus du Tristan  © Frédéric Desmette, Matt Cole / FLPA – Frank Lane Picture Agency / Biosphoto

La Bacchante peut aussi être confondue avec les espèces du genre Coenonympha (genre auquel appartiennent les Fadets), dont certaines présentent une série d’ocelles et une bande claire sur le revers des ailes. Pour les distinguer, prêtez attention à la couleur du papillon : les Coenonympha ont la plupart du temps des teintes orangées tandis que la Bacchante est brune. De plus, le revers de l’aile antérieure des Coenonympha présente souvent un seul ocelle ou pas d’ocelle, tandis que la Bacchante a une série d’ocelles en bordure de cette aile.

Fadet des garrigues (Coenonympha dorus) © Michel Rauch / Biosphoto

Une période de vol estivale

La Bacchante vole de juin (parfois mi-mai) à fin juillet en une seule génération. Le papillon vit environ deux semaines. Il vole peu et se pose souvent dans le feuillage bas. Il apprécie la sève qui s’écoule des blessures des arbres mais aussi les excréments d’animaux et vient boire autour des flaques d’eau. À l’occasion, il butine également des fleurs de ronce ou de cerfeuil sauvage. Après l’accouplement, la femelle lâche une quarantaine d’œuf un à un, au rythme d’une dizaine par jour. Les œufs, de couleur verte ou blanchâtre, incubent en dix à douze jours. La chenille se nourrit de diverses Poacées (principalement des Brachypodes et des Molinies) et de Laîches. Elle grandit lentement de juillet à octobre, puis hiverne dans la litière jusqu’au printemps, où elle reprend une croissance plus rapide pour se nymphoser en mai. La chrysalide est suspendue dans la végétation basse et le papillon adulte en émergera deux à trois semaines plus tard.

Chenille de Bacchante © Wolfgang Wagner, http://www.pyrgus.de

Une espèce menacée

La Bacchante est présente du nord de l’Espagne au Japon, en passant par l’Europe centrale, la Russie et la Sibérie.

En France, il s’agit de l’un des papillons qui s’est le plus raréfié au cours du XXe siècle ; elle est d’ailleurs classée quasi menacée dans la Liste rouge des papillons de jour de France métropolitaine.

Ainsi, elle est très localisée mais parfois abondante dans l’Est (Bourgogne, Jura, Préalpes du nord). Elle a disparu de la région Ile de France, où elle était encore commune au XIXe siècle, ainsi que de Normandie, d’Auvergne et de pratiquement tout l’Ouest et le Centre. Elle vit le plus souvent en petites populations isolées, très dispersées dans la moitié sud. À noter également, la Bacchante est protégée sur l’ensemble du territoire métropolitain !

Répartition actuelle de la Bacchante en France métropolitaine © Pascal Dupont, 2018 / INPN

Son déclin est fortement lié à la disparition de son habitat. En effet, elle fréquente les lisières, clairières et bois clairs à strates herbacée et arbustive développées et diversifiées, jusqu’à 1100m d’altitude. La Bacchante a besoin de lumière, de chaleur, d’une bonne richesse en herbacées mais aussi d’un couvert arborescent lâche.

Ainsi, l’abandon des pratiques comme le pâturage extensif des bois clairs ou le traitement en taillis sous futaie lui est fortement préjudiciable car les buissons envahissent les clairières, entraînant la disparition des plantes et animaux forestiers dépendants de la lumière et de la chaleur. La Bacchante est également impactée par le goudronnage des chemins forestiers, la fauche inadaptée des lisières, la destruction des linéaires de haies…

Il est à noter que ce papillon se déplace peu, rarement plus de 100m, et les échanges entre populations sont limités si elles sont éloignées de plus de 700m. Ainsi, il est particulièrement impacté par la fragmentation des habitats, qui rompt les échanges entre les populations. Les grandes cultures, par exemple, sont pour lui un obstacle difficilement franchissable.

Ainsi, pour aider à la conservation de la Bacchante, il est nécessaire d’entretenir les sous-bois en maintenant une ouverture suffisante. Les stations identifiées doivent être maintenues, mais il faut également porter une attention particulière aux corridors permettant les échanges d’individus entre populations. Pour en apprendre plus sur les corridors écologiques, leurs intérêts et connaître des gestes simples à mettre en place chez soi pour y contribuer, nous vous invitons à découvrir cet article.

Sources :

Jacquot P., 2012. Les papillons menacés en Franche-Comté. Bacchante Lopinga achine (Scopoli, 1763). Union européenne, Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Franche-Comté, Conseil régional de Franche-Comté. 2 p.

Lafranchis, T., 2000. Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 448p.

Lafranchis, T. et al., 2015. La vie des papillons. Écologie, Biologie et Comportement des Rhopalocères de France. Éditions Diatheo. 751 pages. Ryelandt J., 2016. Fiche technique d’aide à la gestion et à l’entretien des biotopes de la bacchante Lopinga achine (Scolopi, 1763). CBNFC-ORI. 8 p.

Ryelandt J., 2016. Fiche technique d’aide à la gestion et à l’entretien des biotopes de la bacchante Lopinga achine (Scolopi, 1763). CBNFC-ORI. 8 p.

Le Petit Mars, un papillon changeant

Le Petit Mars changeant Apatura ilia (Denis & Schiffermüller, 1775) est un lépidoptère diurne de la famille des Nymphalidés. Les papillons de cette famille ont pour caractéristique de n’avoir que deux paires de pattes fonctionnelles, la première paire étant atrophiée et couverte de poils.

Contrairement à son nom, il s’agit d’un grand papillon, d’une envergure de 6 à 7cm pour le mâle. Le dessus de ses ailes est marron à brun-noir, mais il existe une différence entre le mâle et la femelle. En effet, le mâle peut présenter des reflets bleu à violet métallique en fonction de l’incidence de la lumière. Le Petit Mars changeant, dont le nom de genre Apatura vient du grec apatês et signifie « tromperie », porte donc bien son nom !

Mâle:Femelle
© Petit Mars changeant (Apatura ilia) femelle (à gauche) et mâle (à droite) – Yoann Pelouard

Par ailleurs, les ailes antérieures ont des taches blanches, tandis qu’une bande blanche traverse les ailes postérieures. Cette couleur blanche est caractéristique de la forme ilia du Petit Mars. La forme correspond à un variant phénotypique d’une espèce, et chez Apatura ilia, il existe une seconde forme, clytie, caractérisée par sa couleur orangée.

Clytie mâle BIOS-82495 copie
© Petit Mars changeant (Apatura ilia forme clytie) – Tristan Lafranchis

Enfin, un ocelle noir cerclé d’orange est présent sur toutes les ailes. Sur le revers, les ailes antérieures sont marron et les ailes postérieures marron terne avec une bande claire un peu sinueuse et, à nouveau, un ocelle noir cerclé d’orange.

Revers Petit
© Revers des ailes du Petit Mars changeant (Apatura ilia) – Yoann Pelouard

L’aire de répartition de ce papillon est très vaste : c’est une espèce eurasiatique qu’on retrouve de l’Europe de l’Ouest jusqu’en Chine. Il est cependant absent des pays scandinaves. En France, il est présent sur tout le territoire métropolitain, excepté en Corse.

Il sillonne les bois et forêts, vivant le long des lisières, dans les clairières et chemins forestiers. Et bien que thermophile, il recherche des zones humides, comme des espaces boisés ouverts sur des étendues d’eau. Par ailleurs, vivant plutôt à basse altitude, on peut le trouver exceptionnellement jusqu’à 1500m d’altitude.

L’imago vole pendant la période estivale, de mai jusqu’en octobre. Il passe la plupart de son temps dans les hauteurs des arbres, voire dans la canopée. Il se nourrit du miellat produit par les pucerons, ou descend au sol pour se nourrir sur les excréments, cadavres d’animaux et autres substances malodorantes. Quand ils s’alimentent, plusieurs mâles peuvent se regrouper dans une zone ensoleillée au sol. Les femelles par contre, sont plus discrètes et ne descendent que rarement des arbres.

Après la reproduction, la femelle pond jusqu’à une soixantaine d’œufs sur les feuilles des plantes-hôtes de ses futures chenilles, qui sont des saules et des peupliers (notamment le Sault marsault, le Peuplier tremble et le Peuplier noir). Les œufs sont disposés isolément, c’est-à-dire un par feuille, sur la face supérieure et près de la marge de la feuille. Ils sont en forme de dôme avec 14 à 18 côtes, et de couleur verte. Leur incubation dure une à deux semaines avant que les chenilles n’en sortent.

La chenille du Petit Mars changeant est verte. Deux lignes latéro-dorsales jaunes et des stries de même couleur sur les côtés de l’abdomen ornent son corps. Une paire de cornes céphaliques marron-jaune apparaît sur sa tête après la première mue. La chenille se nourrit de la feuille sur laquelle elle repose en épargnant la nervure principale.

Chenille verte 2
© Chenille verte de Petit Mars changeant (Apatura ilia) – Yoann Pelouard

Une partie des chenilles ont un développement rapide et grandissent jusqu’à donner naissance à une seconde génération de papillons. Les autres chenilles ne terminent pas leur développement et se préparent à hiverner. En effet, chaque année, dans le nord de l’aire de répartition de l’espèce, une génération d’adultes voit le jour avec exceptionnellement l’émergence d’une seconde génération partielle lors des années chaudes, tandis qu’il y a deux générations dans le sud de l’aire. En France, cette zone correspond au Midi. Les chenilles qui ne se nymphosent pas deviennent brunes, se fixent sur un rameau, près d’un bourgeon, grâce à un lit de soie qu’elles ont tissé et entrent en diapause.

Une chenille qui a passé l’hiver se réveille au printemps suivant, à l’apparition des jeunes feuilles des arbres. Elle finit sa croissance en se nourrissant abondamment de ces feuilles, puis pâlit et s’installe sur la face inférieure d’une feuille pour se nymphoser. La chrysalide est vert-grisé et suspendue à la feuille par l’extrémité anale. Enfin, l’imago émerge 12 à 19 jours plus tard.

Attention ! Risque de confusion

Le Petit Mars changeant peut facilement être confondu avec le Grand Mars changeant Apatura iris (Linnaeus, 1758). En effet, ils arborent les mêmes motifs et couleurs, et malgré leur qualificatif de « Grand » et « Petit », ils ont une taille à peu près similaire. La caractéristique principale qui permet de les distinguer est la présence d’un ocelle noir cerné d’orange sur les ailes antérieures chez le Petit Mars, absent chez le Grand Mars. Les dessins sur les revers des ailes, notamment la présence d’une bande blanche nette chez le Grand Mars, permettent également de les différencier.

Grand Mars
© Grand Mars changeant (Apatura iris). Vue du dessus (à gauche) – Michel Rauch. Revers des ailes (à droite) – Denis Bringard

Retrouvez le Petit Mars changeant dans l’Opération papillons de l’Observatoire de la Biodiversité des Jardins de Noé et du Muséum national d’Histoire naturelle !

Sources :

Livre « La vie des papillons – Ecologie, biologie et comportement des Rhopalocères de France » par T. Lafranchis, D. Jutzeler, J.-Y. Guillosson, P. & B. Kan (2015)

Livre « Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles » par T. Lafranchis (2000)

Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) – Apatura ilia

Quel est cet animal – Le Petit Mars changeant

European lepidopteres – Apatura ilia

Diabolique, le Robert ?

Avec ses ailes découpées, il est impossible de rater le Robert-le-diable (Polygonia c-album) ! C’est d’ailleurs le dessin de ses ailes arrière, repliées, évoquant le nez crochu d’un diable du Moyen-Âge, qui a certainement donné son nom étrange à ce beau papillon. Pensez à planter du houblon dans votre jardin pour accueillir ce papillon : ses chenilles en sont friandes.

Robert_Flickr Ouwesok 3

Un papillon coloré, très répandu en France

L’adulte présente une envergure de 45 à 50 mm. Mâle et femelle de ce grand papillon sont identiques. Le dessus des ailes est orangé, avec de nombreuses taches brunes et le pourtour des ailes plus foncé. La forme des ailes est particulièrement caractéristique par son découpage. Le dessous des ailes peut être de couleur chamois (1ère génération) ou bien franchement marron (2ème génération). On peut remarquer au centre de l’aile arrière une tâche en forme de « C », de couleur blanche, qui a donné son nom latin, Polygonia c-album.

Robert_Flickr Ouwesok 2
1ère génération : dessous des ailes chamois

Ce papillon est facilement observable dans les clairières et lisières forestières, au bord des chemins ou encore dans les jardins. Il vole de février à octobre, ce qui laisse du temps pour l’observer ! Si vous le croisez en forêt, vous pouvez transmettre votre observation à l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts. S’il vous fait l’honneur de visiter votre jardin, n’hésitez pas à renseigner votre donnée dans l’Opération papillons !

Robert_Flickr Ouwesok
2e génération : dessous des ailes marron foncé

On retrouve les œufs, seuls ou groupés, sur la face supérieure des feuilles des plantes-hôtes : ortie, houblon, orme, saule… Ils peuvent être présents en  très grand nombre, jusqu’à plus de 500 !

La chenille mesure35 mm au dernier stade. Elle est tout à fait unique et facilement reconnaissable. La tête est noire avec deux protubérances à son sommet. Le corps est brun orangé avec une plaque dorsale qui recouvre les deux derniers tiers de la chenille. Les pointes se trouvant sur cette plaque sont blanches, alors que celles plus proches de la tête sont orangées.

Robert_Flickr G San Martin

La chrysalide est anguleuse, de couleur marron clair, avec une tache blanc argenté sur le dos. Elle est attachée au support par un appendice formant des crochets, le crémaster.

chrysalide

Confusions possibles

Si vous habitez en région méridionale, et plus particulièrement dans l’arrière-pays niçois, vous pourrez avoir la chance de croiser, en même temps que le Robert-le-diable, la beaucoup plus rare Vanesse des pariétaires (Polygonia egea). Sa forme est assez proche, avec des ailes là aussi très découpées, mais les taches noires sont plus petites et moins nombreuses et le « C » blanc, visible chez le Robert-le-diable, devient un petit « L » sur la Vanesse des pariétaires. Pour vous aider à distinguer ces deux espèces, vous pouvez consulter cette fiche de distinction.

vanesse pariétaires
Vanesse des pariétaires : « L » blanc sur le dessous des ailes

 

Le Morio, l’amateur des forêts

Le Morio est un grand papillon qui affectionne particulièrement les milieux humides et qui possède une longévité remarquable : il peut vivre jusqu’à 11 mois, ce qui est plutôt rare pour ces insectes. Son nom latin, Nymphalis antiopa – de nymphe, les divinités associées à la nature, et Antiope, personnage mythologique d’une grande élégance – évoque la beauté de ce papillon. Il appartient à la famille des Nymphalidae, très grande famille de papillons de jour dans laquelle on retrouve également la Petite-Tortue ou le Paon-du-jour.

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