La salamandre tachetée (Salamandra salamandra) est un urodèle de la famille des Salamandridae. Un urodèle est un amphibien (eh oui, la salamandre n’est pas un lézard !) au corps allongé, possédant deux paires de pattes et conservant une queue à l’âge adulte, contrairement aux anoures (représentés par les grenouilles et les crapauds). Pouvant être confondus avec les tritons (également des urodèles), les salamandres se distinguent par leur corps lisse à l’aspect huileux et par leur queue cylindrique.
La salamandre tachetée peut atteindre jusqu’à une vingtaine de centimètres à l’âge adulte. Elle a le corps noir et présente des taches jaune vif à orangé sous forme de points et/ou de lignes, ce qui la rend facilement reconnaissable. Chaque individu possède un motif qui lui est propre et qui permet de l’identifier. Par ailleurs, étant un animal nocturne, ses grands yeux noirs sont adaptés à la vision de nuit.

A l’arrière de ses yeux se trouvent des glandes parotoïdes, qui sécrètent une neurotoxine, le samandarin. Grâce à cela, la salamandre adulte ne connaît pas de prédateur : cette sécrétion blanchâtre est toxique voire mortelle à forte dose, pour tout animal tentant de la prédater. Les couleurs de la salamandre sont d’ailleurs un avertissement quant à sa toxicité : on parle d’aposématisme. L’Homme n’a cependant pas à craindre cette toxine qui ne passe a priori pas à travers la peau : tant que la peau n’est pas abimée ou que la toxine n’entre pas en contact avec les muqueuses ou les yeux, il n’y a pas de risque !
Par ailleurs, la salamandre possède une autre caractéristique bien pratique, notamment lorsqu’elle se sent en danger, et que l’on retrouve aussi chez les lézards : la capacité à régénérer un membre perdu !

Bien qu’il ne soit pas facile de la rencontrer, la Salamandre tachetée n’est pas un animal rare. Très répandue en Europe, elle se trouve partout en France (exceptée sur l’île de Beauté, où on trouve une autre espèce ressemblante : la Salamandre de Corse). Exclusivement terrestre à l’âge adulte, elle vit principalement dans les milieux forestiers, notamment dans les forêts de feuillus ou forêts mixtes, tant que le sol présente une certaine humidité. Elle vit cachée dans toutes sortes de cavités humides : sous des pierres, du bois mort ou des feuilles, dans des fissures rocheuses, des recoins de grottes, etc. Il arrive qu’elle s’installe aussi dans des trous anciennement occupés par d’autres animaux, comme des terriers de rongeurs ou des trous de taupes. Bien que ce soit un amphibien, l’adulte ne vit pas du tout en milieu aquatique et est même très mauvais nageur. Il peut même finir par se noyer s’il est bloqué dans un point d’eau et ne parvient pas à en sortir : par exemples, si le point d’eau est profond avec des parois trop abruptes et lisses, ou si un autre amphibien (grenouille ou crapaud) l’agrippe par erreur et le maintient pour s’accoupler.
Essentiellement nocturne, il est tout de même possible de l’observer en journée après de fortes précipitations et de participer par la même occasion à la mission qui la concerne sur l’Observatoire de la Biodiversité des Forêts ! Par ailleurs, c’est un animal qui hiverne : lorsque les températures se font de plus en plus fraîches de novembre à février, elle se retire dans ses quartiers d’hiver, qui sont souvent les mêmes que pendant sa période d’activité.
Côté alimentation, la salamandre a un régime varié. Elle se nourrit d’animaux invertébrés : cloportes, vers de terre, limaces, araignées et coléoptères font son festin ! Il arrive même qu’elle mange d’autres amphibiens, comme des tritons ou des petites grenouilles.

La salamandre tachetée a une durée de vie pouvant aller jusqu’à une vingtaine d’années. Elle peut atteindre la maturité sexuelle à partir de l’âge de 2 ans (jusqu’à 6 ans), et contrairement à la plupart des amphibiens, la reproduction se fait entièrement sur milieu terrestre, entre mai et septembre, avec un pic en juillet. La gestation a lieu ensuite pendant plusieurs mois jusqu’au printemps, entre février et mai, où la femelle se rend à un point d’eau calme (flaque d’eau, mare, petit cours d’eau) pour y déposer jusqu’à une cinquantaine de larves, qui ont elles une vie aquatique. C’est pourquoi, bien que l’adulte ait une vie totalement terrestre, la présence de points d’eau aux alentours est nécessaire pour la reproduction.

A la naissance, les larves possèdent déjà des branchies externes qui leur permettent de respirer sous l’eau. Très ressemblantes aux larves de tritons, on peut les différencier grâce aux taches jaunes à la base de leurs pattes. Elles se nourrissent de tout ce qu’elles trouvent, notamment des invertébrés, et peuvent également prédater leurs congénères si la nourriture n’est pas présente en quantité suffisante. Après trois à six mois (deux mois minimum dans le cas de conditions très favorables), les larves se métamorphosent pour prendre leur forme finale d’adulte terrestre.
Menaces et protection
La salamandre tachetée est un animal protégé en France et dans la plupart des pays d’Europe depuis son inscription à l’annexe III de la Convention de Berne. Malgré ce statut, les populations de salamandres diminuent à cause de la destruction et du fractionnement de leurs habitats (construction de routes notamment), mais aussi à cause du trafic routier. En effet, les salamandres se déplacent lentement et ne sont pas assez vives pour échapper aux roues des véhicules lorsqu’elles traversent une route…
Petite anecdote
La salamandre est également appelée « salamandre de feu ». Son origine ? Autrefois, les hommes pensaient que c’était un animal qui naissait des flammes ! En effet, la salamandre s’abritant dans le bois mort, lorsque ce bois était mis au feu, la salamandre devait se précipiter pour en sortir, faisant naître ainsi de nombreux mythes et légendes.
Sources :
INPN – Fiche Salamandre tachetée
Les Parcs Nationaux de France – La salamandre tachetée